France - Angleterre : le quart d'heure du martyre
Après avoir parfaitement mené leur barque en première période, les bleues se sont éteintes à petit feu avant de s’écrouler définitivement en fin de match. regrettable au vu de la débauche d’énergie déployée et des ambitions affichées.
"Si on détruit quelque chose dans leur projet, elles sont perdues. " Les mots de Pauline Bourdon en préambule de la rencontre sonnaient comme une évidence au vu de la première période livrée par les Bleues ce mercredi. Courageuses, besogneuses et enthousiastes, les Françaises se sont attachées à bien défendre et repousser des assauts anglais incessants. Au centre du terrain d’abord, où les Britanniques affectionnent venir siéger, comme si leur vie en dépendait. Dans les rucks ensuite, où la première ligne du XV de la rose prenait un malin plaisir à venir ralentir les sorties de balles tricolores. Des efforts vains, réduits à néant en seulement quinze minutes. "C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens", les violonistes, contrebassistes et guitaristes anglaises ont été couvertes d’or à San Diego.
Des détails qui font défaut
Dans un rugby moderne évolutif, basé sur une utilisation du ballon millimétrée et une défense de fer, il n’est pas nécessaire de posséder le cuir davantage que son adversaire. Malheureusement pour les protégées d’Annick Hayraud, les munitions intéressantes ne l’ont été que le temps d’un instant. La manager tricolore regrettait ce manque de précision à l’issue de la rencontre : "Je crois que nous avons un ou deux ballons que nous ne maîtrisons pas bien. Ce sont des petits détails qui font que nous avons très peu de ballons, et que le peu de ballons que nous avons, nous les exploitons mal. " Maladroitement rendu parfois, médiocrement utilisé de temps à autre, ce dernier n’a jamais semblé être à son aise dans les mains bleues. "C’est là où il faut grandir. Nous maîtrisons une grande partie du match mais par moments, nous avons quelques absences qui font basculer la rencontre. Les Anglaises font des choses simples et elles le font très bien. Elles ont des joueuses physiques mais elles ne se mouillent pas. " En effet, le dernier quart d’heure fut fatal aux "affamées" qui étaient visiblement déjà rassasiées. Trop de fautes de mains sont venues ternir une prestation jusqu’alors héroïque, trop d’approximations qui ont fait pencher la balance en faveur de l’équipe la plus expérimentée sur le pré.
Les planètes ne semblaient pas alignées, désordonnées même au point de commettre des fautes inhabituelles et d’offrir la victoire sur un plateau à une Emily Scarratt qui n’en demandait pas tant. Cette somme de détails qui faisait jusqu’alors la force de cette équipe s’est inexorablement retournée contre elle plus le coup de sifflet final approchait.
Le poids des absences
Quoi qu’on en dise, la pléiade de blessées à laquelle est confrontée l’équipe de France a joué un rôle prépondérant dans une défaite immensément rageante. Décimées au poste de centre, les Bleues ont fait front jusqu’à l’épuisement. "Nous sommes obligées de nous réorganiser suite à la blessure d’Élise Pignot. Nous avons perdu deux centres sur le dernier match et là encore une " pestait Annick Hayraud, comme si le ciel s’acharnait à nouveau. Alors, l’heure n’est pas au dédouanement mais force est de constater que ce manque de liant et de repères collectifs notamment sur cette fin de match cauchemardesque a pesé de tout son poids dans le résultat final. La trois-quarts centre de l’ASM Romagnat est déjà la troisième joueuse blessée à ce poste, après Gabrielle Vernier et Maëlle Filopon rentrée au pays pour soigner un genou douloureux. Malgré une abnégation de tous les instants à laquelle les Bleues de France n’auront jamais dérogé, les nombreux ajustements tactiques n’auront fait que perturber une machine huilée à souhait qui s’est déréglée au pire des moments.
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