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Richardot : l’autre mort du Jiff

Par Guillaume Cyprien
  • Paul-Arthur Richardot a peut-être connu son dernier match à domicile contre Albi en demi-finale de Fédérale 1 Jean-Prat, la saison dernière. S’il ne voit la commission d’appel de la FFR ne lui accorde pas le statut Jiff, l’ailier pourrait arrêter sa carrière. Photo Bruno Maslard - Paris-Normandie
    Paul-Arthur Richardot a peut-être connu son dernier match à domicile contre Albi en demi-finale de Fédérale 1 Jean-Prat, la saison dernière. S’il ne voit la commission d’appel de la FFR ne lui accorde pas le statut Jiff, l’ailier pourrait arrêter sa carrière. Photo Bruno Maslard - Paris-Normandie
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Il ne sera pas conservé si la commission d’appel de la Fédération ne ne lui accorde pas le statut Jiff. Son cas illustre une nouvelle fois la rigidité du dispositif sur les cas exceptionnels.

Si l’affaire est moins retentissante sur le plan médiatique que celle de Scott Spedding, la situation de l’ailier du Rouen Normandie, Paul-Arthur Richardot, interpelle gravement. Il est Français. Il a 29 ans. Mais il n’est pas Jiff. Et sa carrière de rugby s’arrêtera net si la commission d’appel fédérale, qui se réunira sur son cas le 11 juillet, ne lui accorde pas le statut à titre exceptionnel. Son club, qui embauche déjà quatorze joueurs non Jiff, est proche de la maximale des quinze autorisés. Par mesure de précaution, dans le cas d’un joker médical à faire signer en cours de saison, les dirigeants rouennais souhaitent garder la dernière place vacante opérationnelle. Exit Paul-Arthur Richardot, s’il ne devenait pas Jiff. La Ligue a déjà opposé son véto à sa première demande d’obtention du statut. Ce qui l’a conduit à saisir en appel la justice fédérale. "Et je n’irai pas plus loin. C’est trop d’embrouilles et trop d’incertitudes, dans la mesure où je ne pourrai pas obtenir satisfaction devant le CNOSF ou une autre instance avant le départ de la saison, et ceci alors que mon club doit finaliser en ce moment même son effectif", explique l’intéressé, entre dépit et incrédulité. Son cas ressemble trait pour trait à celui de Jérôme Thion, deuxième ligne à cinquante-trois sélections, capitaine à trois reprises du XV de France, mais non Jiff, comme lui. Jérôme Thion ne remplissait pas les critères car il avait été formé au basket avant de venir au rugby. Il n’avait pas passé trois années en centre de formation, et ne cumulait pas cinq années de licences avant ses 23 ans. Pour avoir été formé au judo, Paul-Arthur se trouve dans le même cas de figure. Sa trajectoire, qui épouse la petite romance normande, soulève une indignation.

À six mois près…

Paul-Arthur Richardot avait arrêté le judo de haut niveau en raison d’une blessure récurrente au dos, trop invalidante sur un tatami. Il se trouvait au centre de formation de Rodez. Il signe sa première licence de rugby dans le club local en seniors, à 19 ans, avant de rejoindre sa famille en Normandie une année plus tard. À 20 ans, il signe sa première licence à Rouen. Le club est en Fédérale 3. Ce sportif de haut niveau, compensant son manque d’expérience par son dynamisme et sa vitesse de course, y est devenu immédiatement un ailier toujours impliqué dans les compositions de l’équipe première. Il monte en Fédérale 2. Il monte en Fédérale 1. Il gagne le Jean-Prat. Il monte en poule élite. Il y a un mois et demi, il était titulaire au moment du titre de champion de France obtenu contre Valence-Romans. Il vient d’achever sa dixième saison au club. Depuis qu’il l’a rejoint, le manager Richard Hill lui a toujours accordé sa confiance. Il fait partie des cinq joueurs normands de son effectif dont les croissances personnelles ont accompagné celle de l’équipe. Qu’est-ce que le Jiff ? Dans son essence, un dispositif pour protéger les clubs formateurs. Paul-Arthur Richardot n’a-t-il pas été formé à Rouen, le seul endroit où il imagine poursuivre sa carrière ? Dans son dossier de demande du statut Jiff, figure une lettre d’embauche du club en cas d’obtention. "Et c’est dingue, parce qu’à six mois près, je l’aurai ce statut. J’ai quatre années et demie de licence cumulées avant mes vingt-trois ans, raconte-t-il. Je n’irai pas autre part qu’à Rouen. C’est là que je vis, et c’est là que je me suis épanoui. C’est mon équipe. J’ai aussi une femme et un enfant. Je ne veux pas leur faire vivre la précarité à laquelle me prépare cette situation qui me dépasse. Soit j’obtiens mon statut, soit je devrais arrêter le rugby, et ce sera la mort dans l’âme."

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