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Lacroix : « C’est inimaginable »

  • Didier Lacroix s’est dit extrêmement fier de ses joueurs, qui ont su garder l’esprit du club pour remporter un historique vingtième titre
    Didier Lacroix s’est dit extrêmement fier de ses joueurs, qui ont su garder l’esprit du club pour remporter un historique vingtième titre Patrick Derewiany / Midi Olympique
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Dimanche matin, dans la salle d’embarquement de l’aéroport d’Orly et alors qu’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit pour célébrer à sa juste valeur son premier Brennus en tant que président, l’homme fort du club est revenu pour nous sur la folle saison de son équipe.

À qui avez-vous pensé au coup de sifflet final ?

Didier Lacroix : À trois personnes : mon papa, ma maman et mon fils. Il me tardait de le prendre dans mes bras, lui qui, du haut de son titre de champion de France en cadets Gaudermen avec le petit Castaignède, le petit Sonnes et leurs copains, a pris le train à 7 heures ce matin (dimanche, N.D.L.R.) pour nous accueillir au Capitole. Ils vont rêver et il le faut. On a besoin d’audace dans ce sport, c’est ce qui m’a le plus marqué dans notre équipe. Sur la première pénalité en face des poteaux, j’aurais coupé les bras, les jambes ou la tête à ceux qui ont décidé de ne pas prendre les points. Dans la seconde suivante, je me suis dit : "Non, ils doivent garder cette folie." C’est le paradoxe du groupe qu’a su construire Ugo (Mola) avec son staff. Ces garçons ont cultivé notre différence, ils ont été si atypiques.

Cette volonté de cultiver la différence du Stade toulousain, à tous ses étages, est le point sur lequel vous avez le plus insisté à votre arrivée à la présidence…

D.L. : Oui, nous l’avons modestement affiché dans le sas de sécurité des joueurs et cela sera décliné sur l’ensemble des espaces d’entraînement. Ce n’est pas que du marketing. Ce que l’on demande à un dirigeant, un président, un entraîneur, un joueur en formation ou confirmé, c’est de continuer à être différent des autres, de se poser la question de ce qu’il peut faire de plus. Il faut l’assumer et le revendiquer longtemps.

Pouviez-vous imaginer un tel destin deux ans après votre prise de pouvoir, quand l’équipe venait de finir douzième ?

D.L. : Le destin du club n’est pas d’être champion mais d’être compétitif. Il me semblait, dans nos objectifs, qu’il faudrait trois saisons pour être en mesure de viser un titre. On l’a fait en deux. Quand je suis arrivé, l’effectif était tendu sur un plan financier, donc sur celui du recrutement. On a joué notre va-tout sur la formation. Parce que c’est notre ADN et, il faut l’avouer, parce qu’on n’avait pas le choix. On a découvert des joueurs exceptionnels. Vous vous rendez compte qu’on a nommé un capitaine, Julien Marchand, qui avait 23 ans ? Il s’est blessé gravement alors qu’il jouait avec Cyril Baille à ses côtés, qui revenait de blessure, et Dorian Aldegheri qui s’est blessé juste après lui. Derrière, les Guillaume Marchand et Peato Mauvaka, dont on ne savait pas s’ils étaient assez matures, ou un Maks Van Dyk que personne n’attendait à ce niveau, ont pris la relève. C’est un symbole.

Avez-vous senti un déclic en Champions Cup avec ce sauvetage incroyable de Médard à Bath et cette victoire face au Leinster, avec une équipe remaniée ?

D.L. : J’ai senti qu’il se passait un truc mais le problème était de savoir si on saurait confirmer. La question se pose encore. Que va-t-il se passer demain ? On va s’autoriser le droit d’en profiter mais, j’en ai parlé avec Ugo, on aura de grosses inquiétudes dès ce lundi. D’abord le nombre de sélectionnés en équipe de France. Puis il faut se pencher sur un encadrement impacté directement ou pas par le XV de France, avec les départs de William Servat ou Alex Marco. Il y a aussi le prêt de Jean Bouilhou à Montauban qui doit gagner en maturité, mais qu’on attendra avec impatience. On a conscience que la saison prochaine sera la plus difficile. On a envie d’être révolutionnaire mais les autres essayent de décrypter notre mode de fonctionnement. Voilà pourquoi il faut cultiver notre différence.

Cette génération a-t-elle évacué le poids du lourd passé ?

D.L. : Ugo raconte à ces mecs depuis des semaines qu’ils doivent écrire leur histoire. Il leur a répété qu’ils étaient franchement différents, à part, dans leurs choix, leurs attitudes, leur approche de la compétition. Nous avons été éduqués dans des groupes resserrés, avec des positions assez caricaturales. Eux dépassent ces limites. Il fallait le valider. Ils l’ont fait, avec leurs armes et notre soutien. Mais les champions, ce sont eux.

Ceci avec trois défaites en 28 matchs de Top 14. Vous rendez-vous compte ?

D.L. : Sur le plan statistique, c’est inimaginable. On refusait les records avant d’être sur la première marche. Car, sans le titre, ils ne valaient rien. Là, on peut revenir aux records. C’est la meilleure équipe des vingt dernières années de championnat sur le plan des résultats. On va le prendre, l’inscrire sur les tablettes et se remettre au boulot.

Pour finir, vous qui êtes né dans ce club, en retirez-vous une fierté personnelle ?

D.L. : La base de mon mandat est de dépersonnaliser le Stade toulousain. Le président ou l’entraîneur du moment ne sont pas titulaires des titres. Le club l’est. Il ne faut pas se tromper. Les records ne sont pas détenus par Ugo Mola ou Didier Lacroix, ou même par le tandem. Ils ont été acquis par le club. Notre métier est de savoir combien de temps nous sommes capables de maintenir ce niveau de performance et à quel moment on devra former nos successeurs pour qu’ils soient meilleurs que nous.

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