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La chronique d'Olivier Margot : Agen la preuve

Par Olivier Margot
  • Top 14 - Léo Berdeu (Agen) contre le Racing 92
    Top 14 - Léo Berdeu (Agen) contre le Racing 92 Icon Sport
Publié le
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Tandis que la passion des phases finales embrase à nouveau le rugby français, j’ai choisi de vous parler d’Agen, douzième de la saison régulière du Top 14. Agen, préfecture de 35 000 habitants, ce village gaulois entre les deux métropoles que sont Toulouse et Bordeaux. Cette saison comme la précédente, le Sporting avait le plus petit budget du Top 14 (13,8 millions d’euros). Douzième de la saison régulière, ce club historique, riche de huit Boucliers de Brennus, s’est pourtant maintenu à nouveau tandis que continuent à souffrir les Bigourdans, les Landais, les Catalans et même les Basques, malgré le titre de champion de Pro D2 de l’Aviron bayonnais. Concernant ces irréductibles Agenais, j’ai lu et entendu le mot «miracle». Ce maintien est pourtant l’inverse d’une intervention divine.

Mauricio Reggiardo lors du match d'Agen contre le Racing 92
Mauricio Reggiardo lors du match d'Agen contre le Racing 92 Icon Sport

 

J’aime cette déclaration de Mauricio Reggiardo, le manager qui officiera à Castres la saison prochaine : «Le rugby a évolué mais il n’a pas changé. Pour qu’une saison se passe bien, il faut s’aimer. C’est une histoire d’hommes, qui s’écrit chaque jour, chaque fois qu’un gars arrive au club ou en part.» Pierre Lacroix est parti justement, lui qui fut le maître du rugby agenais et du XV de France au début des années 60, franchissant la ligne d’avantage au plus court au ras de la mêlée, s’adaptant à tous les styles, Lacroix et la manière en somme, un grand défenseur malgré sa petite taille. Dans le Tournoi 1962, l’équipe de France dont il était le capitaine ne concéda aucun essai, en marquant sept. Parce que bien des yeux s’étaient embués lors de ses obsèques, il n’était pas question d’être rétrogradé et de pleurer une seconde fois. Reggiardo encore : «Quand vous avez la chance d’avoir dans votre effectif sept ou huit joueurs qui ont grandi avec ce club jusqu’à rejoindre les professionnels, vous possédez le plus difficile à obtenir : un état d’esprit, l’amour du maillot. Vous pouvez construire tranquille.»

Nous y voilà. Avec la création de l’Academia et s’appuyant sur un vaste réseau de détection, le SUA a fait le choix d’une politique de formation authentique. Ce centre de formation justement, dirigé par Jean-Luc Arnaud, est devenu le cœur du réacteur, désigné une nouvelle fois par la Ligue comme le plus performant du Top 14. La définition de référentiels de jeu auxquels doivent se référer toutes les équipes du club a constitué une étape importante et même indispensable. Car le SUA s’est toujours construit par le jeu.

Pierre Berbizier a soulevé le dernier Bouclier, en 1988. Il prend le relais : «Reggiardo et tous les autres ont optimisé les moyens du club. C’est là qu’on voit la vraie valeur des hommes car, quand on dispose de trois internationaux par poste, tout est quand même plus facile. Agen est l’exemple, la preuve que les petites villes peuvent encore exister au haut niveau. Philippe Sella dirige ce travail de l’ombre, et celui-ci porte ses fruits. Il le fait sans bruit, avec l’efficacité qui a toujours été sa marque. Sella est à l’image de notre culture rugby. Il sait que notre vivier traditionnel se trouve dans les villes moyennes, dans les petites aussi. Là, les gamins trouveront les repères nécessaires.» Agen et Sella ne seront pas champions, seulement les porte-drapeaux d’une certaine idée de ce jeu. Et c’est déjà beaucoup.

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