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La furia basque

  • Yannick Bru, le manager bayonnais, fier de ses joueurs et conscient du travail qui l’attend.
    Yannick Bru, le manager bayonnais, fier de ses joueurs et conscient du travail qui l’attend. Patrick Derewiany / Midi Olympique
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Comme en demi-finale, Bayonne n’était pas favori. Comme à Oyonnax, le scénario n’était pas à son avantage. Mais les coéquipiers d’Antoine Battut ont trouvé d’incroyables ressources pour renverser une montagne et s’offrir l’enfer du Top 14. Ce dimanche, il avait un goût de paradis.

À six minutes du coup de sifflet final, le speaker du stade du Hameau annonçait : "Pour laisser les joueurs effectuer leur tour d’honneur au terme de la rencontre, merci de ne pas envahir la pelouse." L’Aviron bayonnais était encore mené de cinq points et rien, si ce n’est un nouvel et improbable miracle, ne pouvait l’envoyer en Top 14 tant la supériorité physique du CABCL semblait évidente. Mais une poignée d’instants plus tard, le peuple basque se moquait des demandes officielles de la LNR pour célébrer le dénouement inouï de cette finale avec ses hommes. Le terrain palois était à moitié ciel et blanc quand la Peña Baiona résonnait dans tout le Béarn. Comment diable ces irréductibles Basques ont-ils pu encore une fois renverser des montagnes, en l’occurrence la plus grande de la saison en Pro D2, et s’offrir un ticket pour l’élite ? Une semaine après avoir remonté dix-huit points en une mi-temps à Oyonnax, la troupe de Yannick Bru a trouvé, en une ultime ligne droite héroïque, les moyens de glaner deux pénalités face à l’ogre du championnat. Signe d’une abnégation révélatrice d’un groupe hors du commun. Qui, à la 78e minute lorsque le CABCL campait dans la moitié de terrain adverse, aurait parié sur un tel scénario ? Le président Philippe Tayeb, peut-être, arrivé à la tête de l’Aviron il y a un an, qui en souriait dimanche soir : "Ce matin, je me suis réveillé avec sérénité. Je me disais qu’il allait nous arriver des choses extraordinaires. Ces trois dernières minutes reflètent notre saison. On est la surprise." Il aura tout de même fallu une mésentente entre Romanet et Scholes, un plaquage haut de Fa’aoso, une pénaltouche, une faute briviste sur ballon porté puis un coup de pied de Bustos Moyano, le tout dans ce court laps de temps. Définitivement, la bande d’Antoine Battut vous plonge dans l’irrationnel.

Battut : "On a gagné avec les tripes"

L’été dernier, alors que ce club entamait sa reconstruction et se donnait plusieurs années pour retrouver sa place dans l’élite, personne n’osait prophétiser une telle issue. La semaine dernière, le capitaine était encore dans le déni : "La montée, je n’y pense pas du tout !" Le même Battut reconnaissait avoir eu du mal à évacuer le scénario de Charles-Mathon : "Moi qui ai l’habitude de redescendre rapidement, j’avoue avoir mis une journée supplémentaire. Ce match nous a amenés tellement d’émotions! C’était les montagnes russes." Qu’il se prépare alors à digérer durant tout l’été, s’il entend s’en remettre cette fois. Ce qu’il ne cachait pas, visiblement bouleversé, dans les entrailles du Hameau : "Je n’ai pas encore atterri. De toute façon, je me pince après chaque match depuis le début de saison. C’est incroyable ! Nous étions partis juste avec quelques valeurs d’humilité et l’envie de donner une bonne image, la fierté de porter ces couleurs avec des gamins qui jouent comme des cadets. J’ai d’ailleurs senti le poids de l’enjeu sur certains, notamment derrière. Il n’y avait pas la fluidité et les envolées habituelles mais il faut louer notre force mentale. On a essuyé les salves brivistes et subi des plaquage. Mais on a gagné avec les tripes." Au bout de leurs ressources pourtant inépuisables. Et Battut de lâcher : "Je suis ravi qu’il n’y ait pas une rencontre de plus à jouer."

Tayeb : "Je ne sais pas si mon épouse va comprendre"

Place maintenant aux emmerdes, à celles de l’enfer si enivrant du Top 14. "Il faut être un peu maso mais on a le temps d’y penser" se marrait Battut. Son président d’assumer : "Les emmerdes, c’est quand on t’appelle et qu’on te dit que tu as un cancer. Bayonne est un club populaire et il fallait donner de la joie à cette région." Mais le boss finissait par en convenir, devant la masse de travail qui l’attend : "Il va falloir qu’on recrute huit joueurs et qu’on présente un budget à la DNACG… Je devais partir en vacances mais ça va être dur. Je ne sais pas si mon épouse va le comprendre." Imaginez tout de même que son équipe aussi immature qu’audacieuse va devoir évoluer dans la cour des Clermont, Toulouse, Racing ou Montpellier. Un autre monde. "On ne fait pas le même championnat, rétorque Tayeb. J’ai dit à Paul Goze que le schéma n’avantage pas les clubs qui montent. Depuis deux ou trois ans, ils redescendent car on ne laisse pas le temps nécessaire pour avoir un projet viable. Il faudrait un budget de 25 millions d’euros pour exister. Mais peut-être qu’avec 17, 18 ou 19 millions… Je lance un appel aux investisseurs. On a marqué la saison, cela peut révéler des surprises encore. Je crois que le boulot paye, donc on va s’enfermer avec Yannick Bru dans les prochains jours et on va se battre. J’avais reçu au moins dix coups de fil d’agents après la victoire à Oyonnax et j’avais répondu : "Stop, ce n’est pas la semaine." " Messieurs les agents, à vos téléphones !

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