Mourad Boudjellal a-t-il perdu la main ?
Il y a peu, Mourad Boudjellal, le président du RCT était omnipotent au sein de son club et omniprésent dans les médias. Mais depuis l’arrivée du nouvel actionnaire Bernard Lemaître et le manager Patrice Collazo, il semblerait que les prérogatives du boss de la rade se soient réduites...
Mais où est donc passé Mourad Boudjellal ? Où est donc passé le sulfureux président qui n’avait pas son pareil pour dézinguer à vue dès qu’un imprudent s’en prenait de près ou de loin aux intérêts du RCT ? Le "Ercété", justement. Son club de cœur qu’il a, rappelons-le, renvoyé vers les sommets grâce à son travail et ses deniers personnels, à hauteur d’environ 7 millions d’euros sur une dizaine d’années. Un investissement colossal qui, même s’il n’égale pas ceux d’autres grands argentiers du Top 14 comme Mohed Altrad pour le MHR ou Hans-Pieter Wild avec le Stade français, donne une vraie légitimité au boss varois pour taper du poing sur la table quand quelque chose ne va pas. D’ailleurs, combien de dirigeants, entraîneurs, joueurs, arbitres ou même journalistes ont un jour été victimes de son courroux ? Et pourtant, il faut se rendre à l’évidence : la grande gueule assumée et assommante du rugby français est moins tranchante ces derniers temps. Moins prompte, moins polémique… voire même presque conciliante quand on compare son niveau de performance sur les huit dernières années avec celui à l’heure actuelle… Alors, c’est grave docteur ?
Savea est toujours là !
L’année dernière encore, alors que son club avait signé une saison correcte (quatrième place et barragiste après avoir passé la majeure partie de la saison aux places qualifiables), Mourad Boudjellal n’avait pu s’empêcher de se payer ses entraîneurs. De façon directe et dure à plusieurs reprises, avant de jouer la carte de l’autodérision sous la forme d’une vidéo hilarante dans laquelle il faisait réciter à ses entraîneurs de l’époque, Fabien Galthié et Fabrice Landreau (affublés de bonnets du Père Noël) la liste des animations prévues en marge du match Toulon-Oyonnax du 23 décembre 2017, histoire de « vendre » l’affiche aux supporters malgré les mauvais résultats. Et cette année ? Rien. Ou si peu. Avec sa dixième place provisoire et ses dix victoires pour quatorze défaites, le RCT signe tout simplement son pire exercice depuis sa remontée dans l’élite. Pour autant, le manager Patrice Collazo n’est pas sous pression. Les joueurs non plus. Les stars ? Certaines l’ont été, à l’image du All Black Julian Savea, renommé "Julian Savéapas", au lendemain de la défaite sèche à Agen (19-10) à la mi-février. L’ancien ailier des Hurricanes s’était même vu signifier qu’il "n’était plus le bienvenu à Toulon". Quatre mois plus tard, Savea coule toujours des jours heureux dans l’une des plus belles régions de France. Et a signé depuis la déroute agenaise pas moins de cinq apparitions sur les huit possibles en Top 14. Pas mal pour quelqu’un qui était supposément "libéré" de son contrat… Depuis l’arrivée de Patrice Collazo, Boudjellal pèse moins sur le plan sportif.
Lemaître, le pouvoir de l’ombre
La tendance se vérifie aussi dans le recrutement. Il y a peu, Mourad Boudjellal s’est même fait subtiliser deux membres de son staff : le préparateur physique Thibault Giroud et l’analyste Quentin Rinaldi, tous deux en partance pour Marcoussis afin de travailler avec le XV de France. Au sujet du premier, on retrouva le "vrai" Mourad Boudjellal : "Je pense que Thibault Giroud a fait en sorte que la Fédération dérape un peu. Il leur a donné un mode d’emploi. Mais on ne signe pas quatre ans dans un club avec les engagements que nous avons pris, pour dire ensuite "salut". Imaginez si moi, j’avais dit à Thibault Giroud "salut". Je pense que ça aurait coûté assez cher au club. Il y a un principe. Je veux que ce principe soit respecté." Bernard Laporte, l’ancien manager de Boudjellal aujourd’hui président de la FFR aurait-il fait un tour en douce à son ancien employeur ? Oui, en offrant un CDI au préparateur physique l’exemptant ainsi d’indemnités à verser.
Il faut dire que Mourad Boudjellal n’est plus seul maître à bord. Depuis juillet 2018, il partage la direction du RCT avec son nouvel actionnaire, Bernard Lemaître qui a pris possession de 25 % du capital du club et a posé dans la foulée pas moins de 4 millions d’euros pour la construction d’un nouveau centre de formation. De quoi donner au chef d’entreprise une certaine légitimité dans le processus de prise de décision… Et de nouvelles ambitions sur le marché des transferts ? Possible mais même là, Boudjellal doit obtenir l’aval de son manager Collazo avant d’engager qui que ce soit. Car il faut reconnaître que l’époque où le RCT faisait trembler tous les clubs et les fédérations du monde est révolue, comme l’indiquent les récents résultats. Et s’il fallait que Mourad Boudjellal retrouve son mordant pour que le RCT retrouve de sa superbe et de son aura ?
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