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Régis Dumange, président de Nevers : "On rit ensemble et si on doit pleurer, on pleurera ensemble"

Par Rugbyrama
  • Régis Dumange, président de l'USO Nevers
    Régis Dumange, président de l'USO Nevers Icon Sport
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À quelques heures d’un barrage historique pour l’USON, le président Régis Dumange évoque ses premiers pas dans l’univers du rugby, la saison des Bourguignons ainsi que l’avenir du club.

Vous êtes arrivé au club lors de la saison 2008-2009, l’USON se trouvait alors en Fédérale 2. Pouvez-vous nous raconter ces premières années à la tête du club ? 

Régis Dumange : Ce sont dix années de construction. C’est partir pratiquement d’une feuille blanche, nous avons une ancienneté car le club date de 1903, mais le club n’a jamais évolué dans l’élite. Le club aurait pu se positionner plus haut à certaines périodes de son histoire mais ça ne s’est pas fait. Quand je suis arrivé en 2009, je pensais donner un sens à ce club car j’y avais joué quelques années. Ça ne s’est pas fait avec les ambitions qui sont les nôtres aujourd’hui, mais on a progressé pendant ces dix années et on s’est pris au jeu. On est arrivés à un niveau très correct qui nous permet de réaliser des choses incroyables rugbystiquement dans la Nièvre.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous tourner vers le rugby ?

R.D. : Au rugby, on dit toujours « retour aux sources ». J’ai joué au rugby durant une quinzaine d’années, ça a été mon sport formateur et on retourne toujours à ses origines, à celles de sa jeunesse. Le rugby a fait partie de ma jeunesse, il était donc logique après avoir fait le tour de pas mal de sports de revenir au rugby.

 

2016-2017, Nevers accède en Pro D2. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?

R.D. : C’est comme quand vous réussissez un diplôme ou un examen, c’est une grande joie. C’est une satisfaction parce que vous avez beaucoup travaillé. Quand vous avez travaillé et que vous avez obtenu le graal, vous êtes content. C’est quelque chose de très fort. C’est peut-être même une des joies les plus importantes que j’ai eu dans ma vie. Cette accession a été quelque chose de fabuleux, pour le club, pour la ville et pour moi personnellement. C’est une très grande fierté d’être parti de très loin et d’être arrivé à emmener ce club dans l’antichambre de l’élite. Pour moi, le rugby est resté très longtemps dans les clubs du sud et pas trop dans nos régions. On est en train de changer un petit peu la donne et c’est bien que le rugby commence à s’expatrier un petit peu du Sud-Est et du Sud-Ouest.

 

Les objectifs sont clairs à Nevers, le plus haut niveau. Le Top 14 dès cette année ? 

R.D. : Il faut toujours avoir des grands rêves. Le Top 14 fait partie de ces grands rêves mais il faut être réaliste. Nevers est une ville modeste dans un petit département. Avons-nous la prétention de vouloir jouer avec les grandes métropoles ? Soyons réalistes. Existons et continuons de rêver en Pro D2 et ce sera bien. Il ne faudrait pas que les rêves se transforment en cauchemars.

 

Quel regard portez-vous sur la saison réalisée par l’USON et cette dégringolade au classement depuis le début de l’année ?

R.D. : C’est normal. Cette équipe est très jeune et a un peu de mal sur cette deuxième année en Pro D2. On aurait dû être plus forts mais c’est quelque chose qui ne m’a pas surpris outre mesure. On a été trop vite, trop haut. On n’était pas prêts mentalement à passer ce cap. Je pense que c’est plutôt une bonne chose, il faut aussi avoir des déceptions pour pouvoir progresser. Il n’y a rien de catastrophique, bien au contraire. Il faut l’accepter et toujours trouver des raisons aux échecs. On ne subit pas, on constate et on va travailler. Le club est jeune et il faut continuer de construire. L’avantage est que le club est jeune avec 25 ans de moyenne d’âge, dans trois ans les joueurs auront pris en maturité et là je vais commencer à rentrer mes jeunes qui sortent du centre de formation. On est vraiment dans la planification d’un projet à long terme et c’est ça qui est important.

 

Comment l’équipe appréhende-t-elle ce rendez-vous capital à Jean Dauger ? 

R.D. : On va chez une équipe qui a de l’expérience. Nous, aujourd’hui, on va se nourrir de ça. Peut-être que nous aurions pu mettre certains joueurs sur la feuille de match, mais qui ne nous apporteront pas dans le futur. Là on part avec des joueurs dont on sait que dans deux ou trois ans ils seront au niveau, c’est une formation. Ils vont voir le travail qu’il leur reste à effectuer pour tutoyer le plus haut niveau. Je pense que Bayonne a l’expérience que nous n’avons pas. On ne vient pas ici sans ambitions, ce serait mentir. Nous sommes surtout en phase de progression dans notre travail.

 

Un mot sur l’adversaire, Bayonne qui termine 3e au terme de la saison régulière ?

R.D. : Il est logique qu’on retrouve sur les premières places des clubs comme Brive, Oyonnax et Bayonne. Ils font partie de ces clubs anciens qui ont de l’expérience et qui ont vécu des choses fantastiques. On trouve tout de même dans ces six qualifiés, Vannes et Nevers, preuve que des clubs sont en train de changer la physionomie du rugby. On a des clubs un peu excentrés qui commencent à montrer que le rugby se joue aussi ailleurs. Ce n’est pas plus mal. On va apprendre au même titre que Vannes, peut-être que dans les quatre à cinq ans, ces clubs apporteront un horizon différent au rugby. Mais chez nous, on ne prend pas le melon, on n’est pas comme ça. Par contre, j’ai un regard merveilleux sur ce match de barrage à Bayonne. Il y a deux ans, nous étions venus à Bayonne avec énormément de respect pour eux, ce qui ne nous a pas empêché de venir y gagner avec le bonus offensif. Je pense que les Bayonnais ne peuvent pas nous prendre de haut et ça va être un très grand match. C’est l’attrait des phases finales, c’est fantastique.

La sortie des deux premières places après un superbe parcours est-elle une réelle déception ? 

R.D. : Nous sommes restés très longtemps en tête mais le but était de se qualifier. Ça aurait été une très grande déception et quelque chose de difficile de sortir de la zone des barragistes. Aujourd’hui, on est contents. Quand on voit le peu l’écart entre le troisième et le huitième, ce championnat est tellement difficile. Ça ne se joue pas à grand-chose comme sur le match nul qu’on concède face à Béziers.

La seule chose qui est malheureuse dans ce Pro D2, c’est de voir une équipe comme Bourg-en-Bresse sortir. C’est un club qui apporte une ossature hyper française avec énormément de joueurs JIFF, un bon public. Voir ce club avec soixante points repartir en Fédérale 1… Ils étaient en pleine construction et ils vont repartir dans un système amateur. Il y a quelque chose à changer dans le rugby, il faut voir les choses autrement. L’avenir ne serait-il pas d’instaurer, comme en Top 14, un match de barrage entre le 15e de Pro D2 et le finaliste perdant de Fédérale 1 ? Le club monte et redescend alors qu’il se classerait tranquillement dans les 7 ou 8 premiers la saison d’après.

La blessure de Zack Henry a-t-elle pesé lourd dans la balance ?

R.D. : C’est toujours gênant. Quand on joue avec le numéro trois ou le numéro quatre en tant que titulaire, c’est certain que le rendement n’est pas le même. Derrière, nos trois-quarts ne sont pas alimentés de la même manière. Il faut faire avec et ne pas commencer à pointer du doigt le joueur qui est à la place du titulaire qui n’est pas responsable de ça. On est contents d’être là, on sait que ça va être difficile. Avec des « si » on fait beaucoup de choses. Sur certains matches comme à Béziers, on a mal géré et on perd deux points bêtement. Le match face à Montauban était difficile, on ne tombe pas au bon moment contre eux, c’est comme ça. Pour finir face à Aurillac, trouvez-moi une équipe qui marque quatre drops (rires) ? Quand on joue contre Nevers, on met bien en place sa stratégie. Cette année, on ne surprend plus personne car tout le monde nous attend. Il faut être encore plus forts l’année prochaine si on veut rester à ce niveau-là. On n’a pas de gros changements, seulement quatre recrues pour l’instant. Le rugby c’est quand même pour et avec, on joue pour et avec ses copains. On va garder cet esprit et cette culture. Pour les recrues, que ce soit Kylian Jaminet ou Joris Cazenave (Colomiers), ça prouve sûrement que le club a confiance en ses joueurs et en son staff. On rit ensemble et si on doit pleurer, on pleurera ensemble. L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs et dans la Nièvre, elle est bien verte.

 

Que peut-on souhaiter à l’USON pour cette fin de saison ?

R.D. : De faire un bon match à Bayonne et sortir sous les applaudissements parce qu’on aura disputé la victoire aux Bayonnais. Sur un match, tout est possible. Je préfère ne pas m’imagine des choses irréalisables, c’est déjà super de s’être qualifiés. J’ai dit à mes joueurs « prenez du plaisir, ne vous mettez pas la pression, c’est les bayonnais qui ont la pression. » Si nous avions reçu le barrage, là nous aurions eu la pression. Aujourd’hui, on sait qu’on a des faiblesses dans certains secteurs du jeu en raison de nombreux blessés à certains postes. On sait que ça nous pénalise, mais c’est comme ça. Ça fait partie des aléas d’un championnat.

 

Propos recueillis par Thomas Saint-Antonin

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