"L’équipe de France ne se refuse pas"

Par ZANARDI Nicolas
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Entraîneur de Toulouse Au cœur de l’actualité entre la défaite en demi-finale face au Leinster, un déplacement haut en symboles à Castres et la rumeur insistante qui l’envoie aux côtés de Fabien Galthié en équipe de France après le prochain Mondial, "la Bûche " prend le temps d’évoquer tous les sujets. Dans son style franc et direct, comme à son habitude…

Plusieurs jours après votre défaite en demi-finale contre le Leinster, le goût amer de celle-ci est-il déjà évacué ?

Bien sûr que non. Quand on s’incline à ce stade de la compétition, il est évident que certaines images tournent en boucle dans les têtes, et que les jours qui ont suivi paraissent très longs.

Après l’émotion, vient le temps de l’analyse. Cette dernière est-elle foncièrement différente de celle déjà effectuée après le match retour disputé face au même adversaire ?

Non, pas vraiment, car pour en avoir discuté avec des membres de leur staff, on a le sentiment d’avoir répondu physiquement, et même de leur avoir fait se poser quelques questions après certaines séquences de jeu au près. Pour tout vous dire, on avait eu en direct le sentiment d’avoir été largement dominés dans la maîtrise. Mais le fait de regarder à nouveau ce match a accentué nos regrets. Par rapport à certains faits de jeu, mais aussi de certaines choses qu’on pouvait mieux maîtriser. Par exemple, sur des situations où nous avons l’habitude de scorer en Top 14, nous n’avons exceptionnellement connu que des scories.

Faut-il remettre en cause la technique individuelle des joueurs dans un match de très haut niveau, ou pointer du doigt la gestion des émotions ?

Une grande partie de nos erreurs s’explique par l’habitude de jouer des rencontres de ce niveau, oui. Les Irlandais avaient des joueurs rompus à ce genre de match, qui ont démontré de la maîtrise et de l’efficacité dans leurs choix de jeu, tandis que, de notre côté, nous nous sommes certainement recroquevillés. Au niveau de l’ouverture du jeu, nous n’avons pas négocié certains ballons comme d’habitude. Hasard ou pas, il doit s’agir du premier match de la saison où nous ne sommes pas parvenus à inscrire d’essai.

Vous aviez effectué le choix de la densité dans la composition de votre troisième ligne, avec la titularisation de Joe Tekori au détriment de François Cros, aux côtés de Jerome Kaino et Rynhardt Elstadt. Si c’était à refaire, choisiriez-vous la même option ?

Nous ne nous sommes pas posé la question…

Défensivement, on a senti que vous aviez choisi de vous inspirer de la défense mise en place par l’Ulster en quarts de finale, en demandant à vos centres de monter en inversée pour rabattre les attaquants irlandais dans les zones proches des rucks. Un système inhabituel dans lequel vos joueurs n’ont pas semblé toujours très à l’aise à l’Aviva Stadium…

Il est évident que nous avions tiré certains enseignements en observant les derniers matchs du Leinster. Après, honnêtement, on n’a pas forcément changé de système par rapport à d’habitude. Nous avions simplement conscience qu’il fallait montrer très vite sur eux, mais nous n’avons pas bouleversé notre organisation pour autant.

En tant que joueur, vous avez aussi connu une défaite en demi-finale au Leinster, en 2011. Cet échec avait été suivi d’un titre de champion de France… Quels ressorts aviez-vous activés à l’époque pour rebondir au plus vite ?

Ce qui est drôle, c’est que nous avions déjà subi le même genre de défaite, en ayant le sentiment d’être battu sur la maîtrise. À l’époque, ce match nous avait servis de levier en tant que groupe pour nous remobiliser, en se disant que l’aventure était belle et que cette défaite en demie n’était pas le dernier match. L’objectif était de finir la saison sans regret, exactement comme après notre défaite en finale face au Munster en 2008, après laquelle nous étions aussi parvenus à aller décrocher un Brennus. Après ce match, le groupe s’était fait quelques promesses, et j’ai l’impression que celui d’aujourd’hui se trouve dans le même état d’esprit.

Cette expérience en tant que joueur vous aide-t-elle aujourd’hui, ou le groupe est-il trop différent ?

Le groupe est bien sûr différent, mais les hommes sont les mêmes. Nous venons de perdre face à ce qui demeure une des meilleures équipes d’Europe sur les sept ou huit dernières années. Maintenant, place au championnat et à Castres, même si on a parfaitement conscience qu’après un match tel que celui qu’on vient de disputer, il faudra un certain temps pour que les joueurs puissent se régénérer, aussi bien mentalement que physiquement.

Justement, le Castres olympique demeure un adversaire atypique, qui propose un rugby auquel le Stade a du mal à répondre. Ne s’agit-il pas du test idéal pour savoir si votre équipe est capable de rebondir pour aller chercher un titre en Top 14 ?

Non. Ce serait le test idéal si on pouvait faire abstraction du contexte, mais nous sortons d’une demi-finale et comme je vous l’ai dit, les corps et les têtes ont besoin de se régénérer. Même si on entend beaucoup de déclarations autour de ce match, même si on insiste beaucoup sur les oppositions de nos deux clubs en termes d’identité ou de jeu pratiqué, cela reste pour nous un match de championnat qui arrive après une demi-finale perdue. On sait pertinemment que les affrontements contre Castres sont toujours très engagés, dans ce contexte de derby que tout le monde connaît. On se déplacera dans l’optique de réaliser la meilleure performance possible, mais sans pression en termes de résultat.

Le match aller avait été un tournant de la saison, pour l’équipe mais aussi pour vous puisqu’après la défaite face au CO, point de départ de votre série de quatorze victoires en championnat, vous avez été chargé de la défense en compagnie de Laurent Thuéry. Pour la première fois, vous êtes sorti de votre strict rôle d’entraîneur des avants. Cela n’a-t-il pas été un tournant dans votre carrière ?

Non, je ne pense pas. Cela a été une responsabilité supplémentaire que de s’occuper de la défense du Stade toulousain avec Laurent, mais le vrai tournant a résidé dans le changement de génération au sein de l’effectif, ainsi que certains choix au niveau de ma vie professionnelle qui m’ont permis de plonger plus profondément dans ce rôle d’entraîneur. J’ai laissé le restaurant où je m’investissais tout de même beaucoup, même si c’était mon épouse qui en avait la gestion. Et le fait de ne plus entraîner aucun joueur avec qui j’avais joué m’a également permis d’aborder ce rôle d’entraîneur de manière beaucoup plus poussée.

On imagine que le contexte du moment, où l’on vous annonce avec insistance au chevet de l’équipe de France après le Mondial, ne vous facilite pas la tâche au quotidien…

Quoi qui puisse se dire ou s’écrire, cela ne peut être que valorisant d’entendre parler soi pour les Bleus ! (rires) Non, plus sérieusement, je fais partie de ceux pour qui l’équipe de France ne se refuse pas, si tant est que ce soit quelque chose qu’on vous propose. Quand on a, comme moi, eu la chance de porter ce maillot et de connaître avec lui des émotions extraordinaires, on sait quel honneur c’est que de représenter son pays… Si je peux participer à un projet avec l’équipe de France, j’en serai très heureux ! Mais encore faudrait-il que certaines choses se concrétisent, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

Quelle est la réalité, à ce jour (l’entretien a été réalisé mercredi) ?

J’ai eu quelques échanges au téléphone, mais comme je vous l’ai dit, rien de définitif.

Quels rapports entretenez-vous avec Fabien Galthié ?

Je le connais d’abord pour le joueur qu’il a été, que j’ai affronté à plusieurs reprises sur le terrain avant qu’il bascule dans sa carrière d’entraîneur. Je n’ai jamais été son coéquipier puisqu’il a terminé sa carrière avec les Bleus en 2003, alors que je n’ai commencé la mienne qu’en 2004. Pour le reste, je le connais surtout par le biais de la télévision, même si nous nous sommes évidemment déjà croisés à quelques reprises au bord des terrains ou en dehors.

Après avoir contribué à sortir le Stade de ses années de vaches maigres, la perspective de quitter Toulouse au moment où le club retrouve son standing n’a-t-elle pas quelque chose d’angoissant ?

Ce serait forcément particulier, une décision difficile que je n’y suis jamais parvenu à prendre avant ! (rires) Si je partais aujourd’hui, j’aurais la satisfaction d’avoir, avec Didier Lacroix, Ugo Mola et tout le staff, laissé le club dans les meilleures dispositions pour son avenir. Je suis arrivé au Stade en 1993 en cadets, voilà quelque temps maintenant, et je suis toujours resté fidèle à mon club. Le Stade toulousain m’a tout donné, et j’ai également le sentiment d’avoir fait la même chose pour lui. En tant que joueur, je me suis déjà posé la question de quitter le club, mais je n’y suis jamais parvenu (en 2012, il a notamment refusé une proposition de contrat de Toulon pour devenir entraîneur des avants de Toulouse, N.D.L.R.). Je me dis que dans ce cas-là, il ne s’agirait pas de partir pour un autre club, mais pour l’équipe de France. Ce qui serait totalement différent…

d’entraîneur-joueur à responsable de la défense du stade toulousain, une lente métamorphose

Nommé par Guy Novès entraîneur des avants de Toulouse en 2012 au moment de pallier le départ de Yannick Bru pour le XV de France, William Servat a connu dans un premier temps quelques difficultés à couper avec son rôle de joueur, au point de revenir sur les terrains la fin de saison 2012-2013. Depuis, ce dernier a parcouru beaucoup de chemin… Nommé à l’arrivée de Régis Sonnes responsable des secteurs de la mêlée et des zones de collisions, il tient en outre depuis le mois d’octobre le rôle d’entraîneur de la défense du Stade, accompagné par Laurent Thuéry.

Digest Né le 9 février 1978 à Saint-Gaudens (31)

Entraîneur du Stade toulousain

Clubs successifs (joueur, talonneur) : Mazères-Cassagne, Stade Toulousain (1993-2012)

Clubs successifs (entraîneur) : Stade toulousain (2012-)

Sélections : 49 en équipe de France (2 essais)

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