T.Lièvremont: "Je crois beaucoup en Ollivon"

  • Thomas Lièvremont, ancien numéro huit des Bleus
    Thomas Lièvremont, ancien numéro huit des Bleus
  • Thomas Lièvremont sous le maillot bleu en 2006
    Thomas Lièvremont sous le maillot bleu en 2006
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Thomas Lièvremont, 37 sélections en Bleus, revient pour nous sur la tournée de l'équipe de France, en particulier sur les numéros huit tricolores. Triple champion de France avec Biarritz, l'ancien joueur de Perpignan et Dax, consultant pour le groupe Canal, nous donne aussi son avis sur ses anciennes formations, aujourd'hui en Pro D2.

Que vous inspire cette tournée automnale du XV de France?

Thomas Lièvremont: Comme tout le monde, je suis frustré par le résultat du dernier match. Mais si je regarde l'ensemble de la tournée, elle est positive. Elle se finit mal mais reste cependant encourageante car nous avons découvert de nouveaux joueurs qui peuvent nous amener une plus value d'ici la Coupe du monde. Nous avons vu un changement d'orientation même si ce n'est pas flagrant aux premiers abords. Les joueurs ont ouvert le jeu. J'ai senti chez eux et le staff une envie de produire du jeu et de ne pas se contenter de la conquête puis de l'occupation. Est-ce dû au fait que nous soyons moins dominateurs sur ces phases de conquête ou est-ce dû à l'arrivée des nouveaux joueurs qui ont apporté un nouveau souffle? Je ne sais pas mais j'ai vu une équipe de France globalement portée sur l'offensive et cela me fait plaisir.

Comment expliquez-vous que d'une semaine à l'autre, les Français soient capables d'une grosse performance face aux Australiens et manquent d'envie, d'engagement face aux Argentins?

T.L: C'est ce qui est décevant en fin de compte. Cela fait trente ans que cela se produit. Je ne vais pas jeter la pierre à la génération actuelle car c'est un mal français récurrent. Enchaîner des matchs avec le même engagement, la même détermination, cela a, hélas, toujours été de la sorte. Je l'ai aussi vécu. Ce qui me gêne un peu, c'est que nous travaillons beaucoup sur les secteurs de la tactique, de la technique et du physique et, qu'à l'inverse, nous sommes en retard sur la partie psychologique. Il y a des choses à mettre en place et nous ne le faisons pas. Cette partie n'est pas assez approfondie dans le rugby actuel en France.

Un Louis Picamoles à 100% peut être indispensable

Avant de se projeter vers la Coupe du monde se profile le Tournoi des Six Nations qui sera très relevé notamment quand nous regardons les performances des nations britanniques et l'Irlande par exemple. Êtes-vous optimiste pour l'équipe de France?

T.L: C'est toujours très compliqué à dire car cela va notamment dépendre de la forme physique et mentale des joueurs. Si il y a bien une constante dans le rugby français, c'est que nous ne savons jamais dans quel état nous allons récupérer les joueurs. On demande au staff des Bleus de travailler dans la continuité mais ce n'est pas toujours évident car ils n'ont pas toujours les mêmes hommes à la même forme et au même moment à leur disposition. Les concepts de province chez les nations britanniques, à l'exception de l'Angleterre, font qu'elles arrivent à mieux gérer le planning des internationaux ce qui est très compliqué en France. En revanche, ce qui semble être une quasi-certitude, c'est que cette année de mondial va nous amener de beaux matchs car on sent les équipes monter en puissance. Maintenant, si physiquement nous ne sommes pas en mesure de rivaliser avec nos adversaires, ce Tournoi sera très difficile.

Thomas Lièvremont sous le maillot bleu en 2006
Thomas Lièvremont sous le maillot bleu en 2006

Un nouvel élan est apparu avec l'introduction de nouveaux joueurs. D'autres ont déçu à l'image de Damien Chouly en troisième ligne centre et la place semble être vacante. Qu'en pense l'homme aux 37 sélections à ce poste?

T.L: C'est difficile de critiquer un joueur. Il est évident que Damien Chouly n'a pas pesé sur l'impact physique lors de cette tournée. Maintenant, je n'ai pas envie de dire qu'il fait partie des déceptions car cela peut arriver d'être moins bon par moment. Ma déception vient davantage du fait de ne pas avoir vu Charles Ollivon sur le terrain. Pourquoi n'a t il pas plus joué? Cela fait partie de mes interrogations. Contre les Fidji, je pense que le score était acquis depuis un bon moment et on aurait pu lui donner un peu plus de temps de jeu. Le second test, il était blessé et c'est en toute logique qu'il a été préservé. Enfin contre l'Argentine, même si Damien Chouly a été précieux dans le domaine de la touche, on ne prenait pas grand risque à faire rentrer Ollivon plus tôt. Contre les Argentins, il nous a manqué ce troisième ligne au relais de ses trois-quarts. Quand on voit le rôle de ce jeune à l'Aviron bayonnais de par son anticipation, son sens du jeu, il est capable d'être ce relais. Et mon analyse ne remet pas en cause les excellentes prestations de Bernard Le Roux et Thierry Dusautoir.

Je crois beaucoup en ce jeune numéro huit mais il faut lui donner du temps de jeu. Et plus le temps passe, plus cela risque d'être compliqué. On a raté un peu l'occasion de le voir davantage sur le pré. Si le staff des Bleus ne l'a pas fait, c'est qu'ils ont sûrement des raisons. Nous attendons aussi le retour de Louis Picamoles. A son meilleur niveau et en fonction des matchs, il peut être associé à tous les joueurs de la troisième ligne. La fougue et la jeunesse d'Ollivon associées à ses qualités techniques et athlétiques peuvent apporter quelque chose à l'équipe de France mais je crois aussi qu'un Picamoles à 100% peut être indispensable à notre équipe nationale. Et je dis bien à 100% ce qui n'a pas été le cas depuis un bon moment.

Perpignan et Biarritz commencent à prendre le ton de la Pro D2

On vous voit intervenir comme Consultant sur Sport + tous les weekends pour la Pro D2. Quel est votre regard sur la compétition et sur vos trois clubs de cœur que sont Perpignan, Biarritz et Dax?

T.L: La Pro D2 est vraiment une belle compétition. D'abord par les joueurs qui la compose avec des internationaux de haut niveau, l'émergence de jeunes joueurs issus de la formation française qui y évoluent et non plus des joueurs au rabais. Ensuite, le niveau général a largement augmenté ces dernières saisons et pour avoir commenté pas mal de matchs, il me semble que le niveau de jeu est encore plus intéressant cette année. C'est aussi dû à de très bonnes conditions climatiques grâce à un automne clément. Il y a de très jolis matchs avec de nombreux clubs prestigieux qui y figurent.

L'Usap semble être sur une bonne dynamique avec un bon match à Pau chez le leader (défaite 22-19, ndlr), pas uniquement dans le combat mais aussi dans le jeu. Depuis le début de saison, c'est compliqué pour Perpignan mais aussi pour Biarritz et on le savait. Car une descente est toujours difficile à gérer d'autant plus avec des nouveaux staffs, des nouveaux joueurs, une nouvelle compétition ce qui fait beaucoup à appréhender. D'autant plus que les deux formations ont été handicapées par de nombreuses blessures. Pour ces deux équipes, si on se fie aux résultats du weekend dernier, il semblerait qu'elles commencent à prendre le ton et le bon rythme de cette Pro D2. C'est tout le mal que je leur souhaite. Quand à Dax, c'est plus difficile. Ils viennent de subir un gros revers à Massy (50-12, ndlr), l'un des concurrents directs pour le maintien. Cela après deux bonnes performances à domicile dont une face aux Catalans. Il ne faut pas les enterrer car ils ont un gros potentiel mais la logique économique, une fois de plus, fait qu'il faut éviter les blessures et avoir de la réussite.

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