Trinh-Duc ? Plisson ? C’est qui le patron ?

On imagine assez bien Guy Novès se gratouillant la tête sur le terrain d’entraînement de Tucuman pour trouver les 15 hommes qui défieront l’Argentine dimanche (18h10, heure locale). Privé des demi-finalistes du Top 14, le sélectionneur du XV de France devrait également ménager 5 des 11 joueurs, arrivés en renfort ce mardi après-midi, pour le premier test. Comme seule éclaircie dans le ciel tricolore, Guy Novès et son staff pourront s’appuyer sur leurs deux ouvreurs désignés pour conduire les Bleus jusqu’à la Coupe du monde 2019 au Japon : François Trinh-Duc (29 ans, 53 sélections) et Jules Plisson (24 ans, 11 sélections). Mais la présence du Montpelliérain et du Parisien soulève malgré tout un certain nombre de réserves.

Trinh-Duc: "C’est une belle bouffée d’oxygène"

Libéré par Jake White, François Trinh-Duc suscite depuis un mois une vague de compassions quasi unanimes pour dénoncer le management de l’ancien boss des Springboks. Mais où en est le futur ouvreur du Rugby Club Toulonnais ? Son mental ne sera-t-il pas affecté par cette sortie forcée ? C’est avec beaucoup de joie et de hâte que j’attaque cette tournée dans un pays de rugby, assure l’ouvreur international. C’est une belle bouffée d’oxygène pour moi dans une saison plutôt compliquée. J’ai la chance de continuer l’aventure avec l’équipe de France. J’espère qu’on va pouvoir montrer de belles couleurs et un beau visage. Personne ne doute de l’excitation qui doit frémir entre les mains de l’ouvreur héraultais.

Mais sa saison en dent de scie pose inévitablement le problème de son manque de rythme. Entre sa blessure à l’épaule en octobre 2015 puis son entorse à la cheville contractée lors du dernier Crunch face aux Anglais, Trinh-Duc n’a disputé que 11 matches, toutes compétitions confondues, pour seulement 7 titularisations. Et en y regardant de plus près, l’ancien minot du Pic Saint-Loup n’a passé que 154 minutes sur les pelouses de notre championnat, pour 4 malheureuses rencontres disputées, depuis le 30 janvier 2016. Si sa fraîcheur sera un précieux atout, son manque évident de compétition pourrait en revanche être un handicap pour supporter les séquences de jeu des Pumas à la sauce Super Rugby.

L’expérience de Trinh-Duc ou le jeu au pied de Plisson ?

Pour Jules Plisson, le diagnostic est différent. Aligné à 25 reprises par Gonzalo Quesada, toutes compétitions confondues, pour 18 titularisations, l’ouvreur du Stade français n’a pas échappé à la saison décevante du club parisien (12ème à l’issue de la phase régulière). A l’image de la plupart de ses coéquipiers, Plisson a été frappé par le contrecoup du sacre de 2015. Et le retour en forme du Sud-Africain Morné Steyn a même relancé la concurrence au poste d’ouvreur.

Pour preuve, l’ancien numéro 10 des Springboks a été préféré au Français pour démarrer le match le plus important de la saison en quart de finale de la Champions Cup (face à Leicester). Mais s’il n’a pas affiché la flamboyance de la saison passée dans le jeu, Jules Plisson a rassuré face aux perches. Cinquième réalisateur du Championnat (208 points), loin derrière le Briviste Gaëtan Germain (319 points), le demi d’ouverture du Stade français a poursuivi ses progrès dans l’exercice du tir au but comme en témoigne sa pénalité de la gagne inscrite à la dernière seconde face à Agen (28-26, 25e journée). Un atout de poids en l’absence du demi de mêlée du Racing 92 Maxime Machenaud.

Ils doivent s’affirmer comme des leaders de jeu après un 6 Nations décevant

Que ce soit François Trinh-Duc ou Jules Plisson, aucun des deux hommes n’a donc survolé la saison et ne peut prétendre à une place de titulaire incontournable face aux Pumas. Une saison où, rappelons-le, le Tournoi des 6 Nations ne les a pas vraiment mis en valeur. Loin de là. Dans le dur face aux Gallois (défaite 19-10), le Parisien avait lui-même reconnu ses conneries. Et pour son grand retour sous le maillot frappé du Coq, le Montpelliérain s’était montré fébrile, notamment contre l’Ecosse (défaite 29-18). Loin du tumulte des demi-finales du Top 14 et, surtout, de l’Euro de football, François Trinh-Duc et Jules Plisson doivent pourtant justifier la confiance accordée par Guy Novès et porter, enfin, le jeu du XV de France avec assurance et vista.