Le XV de France en situation de grande précarité à un an du Mondial

Par Rugbyrama
  • Philippe Saint-André, manager des Bleus, et Yannick Bru, entraîneur des avants
    Philippe Saint-André, manager des Bleus, et Yannick Bru, entraîneur des avants
  • Thierry Dusautoir, capitaine au XV de France (novembre 2013)
    Thierry Dusautoir, capitaine au XV de France (novembre 2013)
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Le XV de France navigue dans le brouillard à un an du Mondial 2015 en Angleterre tant de nombreux chantiers restent ouverts, que ce soit en termes de résultats, d'ossature, d'identité de jeu ou de confiance.

Il y a comme un sentiment d'urgence teinté de sinistrose flottant sur les Bleus. Le grand chambardement à sa tête, avec l'instauration d'un "comité de suivi" adossé à la Direction technique nationale pour épauler l'encadrement actuel n'est que le dernier avatar de la confusion qui règne actuellement autour de l'état de santé du XV de France.

Sur le plan strictement comptable, on n'est guère loin de la catastrophe: 39% de victoires simplement (11 en 29 matches) depuis le début du mandat de Philippe Saint-André au Tournoi-2012. A titre de comparaison, à un an du Mondial-2011, le taux de réussite de Marc Lièvremont était de 57% (16 sur 28) et avant le Mondial-2007, Bernard Laporte se targuait d'un excellent 76% (22 sur 29). Certes, PSA et ses adjoints Yannick Bru et Patrice Lagisquet se sont étalonnés face aux meilleurs, en rencontrant à quatre reprises les champions du monde All Blacks et autant de fois les Australiens. Au risque d'obérer leur bilan et compromettre le moral d'un groupe en construction après la Coupe du monde 2011.

Sans référence

Mais le manque de match-référence devient cruel: que penser des succès éclatants obtenus lors des tests de novembre 2012 face à l'Australie (33-6) et l'Argentine (39-22), deux équipes qui ont sombré en 2013 avant de se relever cette saison ? Pourquoi la victoire au bout du suspense face à l'Angleterre (26-24) en ouverture du Tournoi-2014 n'a-t-elle pas offert des lendemains chantants ? Pire, le XV de France présente d'horribles statistiques hors de ses bases: 3 victoires en 15 matches depuis février 2012, soit 20% de succès seulement.

Au niveau des hommes, la publication le 13 septembre d'une liste élargie de 74 noms a ajouté du flou à l'incertitude. Après une tournée en Australie en juin où plusieurs joueurs ont déçu l'encadrement, l'objectif est de réinjecter de la concurrence pour rompre le confort. Cela dessine surtout en filigrane l'absence d'une ossature solide et celle de véritables leaders de jeu et de vestiaires derrière un capitaine Thierry Dusautoir vieillissant.

Thierry Dusautoir, capitaine au XV de France (novembre 2013)
Thierry Dusautoir, capitaine au XV de France (novembre 2013)

Ainsi, plusieurs postes-clés restent en suspens alors que 72 joueurs ont déjà reçu une sélection. Après avoir souvent été sanctionnés en mêlée fermée, les piliers Thomas Domingo, Nicolas Mas ou encore Vincent Debaty sont dans le collimateur mais le réservoir est faible pour les bousculer. En l'absence de Louis Picamoles, hors de forme depuis un an, la troisième ligne est en quête d'un perforateur. La charnière est en jachère: dépuis 2012, l'encadrement a testé six demis de mêlée et six ouvreurs, sans trouver l'alchimie parfaite au sein de 12 associations différentes au coup d'envoi. Pour les tests de novembre, Rory Kockott pourrait avoir sa chance en N.9 tandis que François Trinh-Duc est réclamé à l'ouverture. Parmi les trois-quarts, il y a au moins un poste d'ailier à pourvoir et les jeux sont ouverts entre un Maxime Médard fantomatique, Benjamin Fall, Sofiane Guitoune, Marc Andreu, Hugo Bonneval...

Sans imagination

Sur le terrain, plusieurs secteurs offrent une sécurité toute relative. La conquête, point fort historique du XV de France, est sur courant alternatif. La défense, l'un des rares points positifs de l'ère Saint-André, a pris l'eau en Australie dans le sillage d'une condition physique défaillante. L'animation offensive est bien aride: 48 essais inscrits en 29 matches, soit une moyenne de 1,6 par rencontre. Enferrés dans un balayage stéréotypé de la ligne d'avantage, les joueurs peinent à sortir des systèmes appris en clubs et à appliquer "l'adaptation dans le désordre" prônée par Lagisquet.

La confiance vacillante née de leurs piteux résultats semblent aussi les paralyser dans la prise d'initiative individuelle. Inefficaces lorsqu'il s'agit de valider leur temps forts à la main comme au pied face aux poteaux, les Bleus souffrent d'un déficit chronique d'alternance et d'imagination. Faut-il donc tout voir en noir ? Non car comme souvent, la lumière pourrait aussi venir des deux mois et demi de préparation précédant le premier match, le 19 septembre face à l'Italie à Londres. Une période qui a de tout temps été soignée par l'encadrement du XV de France pour rattraper son retard sur les autres nations.

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