Bagarres et peau de bananes

De toutes les rencontres déjà jouées à l'occasion de cette première tournée en Afrique du Sud, celle-ci fut la pire. La défaite est une chose, elle s'explique par l'incompétence de l'arbitre, le climat violent en est une autre. Les Français ont-ils perdu leur sang-froid ? Rien n'est moins sûr et on crût même un instant qu'ils allaient quitter le terrain prématurément. S'il ne leur fut rien épargné et ils n'épargnèrent personne en retour.

Dès la huitième minute, Dupuy au terme d'une action de toute beauté (avec arrière intercalé), un modèle de nouveau jeu à la française, inscrivait un essai. A la trentième minute, sur une action d'un même genre, l'ailier tarbais fut à deux doigts de récidiver. C'est ensuite que le climat se gâta terriblement entre avants. La cause, on peut l'attribuer à l'arbitre M. Louw qui perdit le fil de cette rencontre, refusant au passage trois essais dont un, celui qui devait donner la victoire aux Français, dans des conditions extravagantes. Sur un exploit personnel, Lacaze mystifiait la défense adverse et marquait un essai né d'un action de toute beauté et initiée par les avants. L'arbitre accorda l'essai, puis la transformation de Lacaze. C'est alors qu'un policier surgit sur le terrain pour prévenir l'arbitre qu'un des juges de touche trouvait quelque chose à redire. Ce dernier n'acceptait pas que la-dite touche fut donnée en faveur des Français. M. Louw, au grand dam des Tricolores, furieux, revint sur sa décision et annula l'essai.

Le jeu repris, haché, violent. Marquesuzaa, côté français, Taylor et Allen, côté sud-africain, firent les frais de tous ces débordements et s'en allèrent reprendre leurs esprits sur la touche. C'est sur une nouvelle bagarre que l'arbitre siffla la fin de la rencontre. Il fallut retirer des mains d'Alfred Roques, le deuxième ligne Labuschagne, qui s'en était pris à son coéquipier de Cahors, Bernard Momméjat, trop bon preneur de balle en touche au goût du Sud-Africain.

Pendant que les spectateurs noirs applaudissaient les Français, les Blancs, eux, leur jetaient des peaux de bananes. Triste épilogue d'une rencontre disputée dans une tension extrême. Ce match est appelée à faire des vagues.

FICHE TECHNIQUE
A Port-Elizabeth, Juniors Springboks bat France 9-5
Juniors Springboks : 2 pénalités Coetzee, 1 drop-goal Vincent.
France : 1 essai Dupuy ; 1 transformation Lacaze.
Juniors Springboks : Coetzee ; Twegge, Kaminer, Bridger, Antelme ; (o) Vincent, (m) Lockyear ; Schmidt, Taylor (cap.), Cunningham ; Allen, A. Labuschagne ; Edwards, Wessels, Kuhn.
France : Lacaze ; Dupuy, Stener, Martine, Rogé ; (o) Haget, (m) Marquesuzaa ; Barthe, Frémaud, Carrère ; Mias (cap.), Momméjat ; Roques, Vigier, Quaglio.
Arbitre M. Lammie Louw.
25.000 spectateurs.

Déjà joué >
Samedi 12 juillet à Salisbury : France-Rhodésie, 19-0.
Mercredi 16 juillet Prétoria : Northen et Western Transvaal-France, 19-18
Samedi 19 juillet à Springs : France-Eastern Transvaal, Natal et Transvaal, 16-14.
Mardi 22 juillet Bloemfontein : France et Orange Free State, Griqualand et South West Africa font match nul 11-11.
Samedi 26 juillet, à Capetown : Afrique du Sud-France, 3-3.
Mercredi 30 juillet, à Wellington : Western Province, Bolan et South West Districts-France, 38-8.
Samedi 2 août, à Port-Elisabeth : Juniors Springboks-France, 9-5.

Reste à jouer >
Mercredi 6 août, à East-London : Border, Eastern Province et North-Eastern Districts.
Samedi 9 août, à Durban : South African Universities.
Samedi 16 août, à Johannesburg : Afrique du Sud (deuxième test).