Chaume : "C’est une dernière ligne droite. Il faut tout envoyer"

  • Raphael Chaume (Lyon OU)
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TOP 14 - De retour de blessure et dans la capacité d’enchainer, le pilier lyonnais Raphaël Chaume s’exprime pour Rugbyrama sur son retour dans le groupe et sur les perspectives d’un LOU peut-être moins convaincant ces derniers temps mais qui a su faire son autocritique.

Rugbyrama : Vous avez fait votre retour sur les terrains mi-février à Bordeaux-Bègles, et vous venez d’enchainer trois rencontres, ce après presque trois mois d’absence. Comment avez-vous vécu cette période ?

Raphaël Chaume : Ce fut une période compliquée. J’avais un petit problème au genou, et cela a pris un peu de temps. Puis quand tu ne joues pas, les autres jouent… et mine de rien il faut travailler plus que les autres pour essayer de rejouer les matchs. Donc là, je suis content. J’ai joué les trois derniers matchs. Mais je suis moins content du dernier à Brive, avec cette défaite.

Vous n’êtes pas forcément "habitué" à devoir gérer ces périodes de blessure et donc d’absence en plein milieu de votre saison.

R.C. : Non, mais une carrière est faite de hauts et des bas, et c’est vraiment un sport où il faut rester humble parce qu’il y a des années où tout va bien, et d’autres années où tu galères. J’ai des copains qui ont connu ça, qui ont même failli arrêter le rugby. Donc dans ces périodes compliquées, tu ronges ton frein. Tu travailles. Tu ne lâches pas. Et puis après il faut attendre que cela sourit.

D’autant que votre blessure est arrivée à un moment où l’équipe a commencé à éprouver des difficultés. Vous avez donc dû observer cette mauvaise passe sans pour autant pouvoir agir directement.

R.C. : L’équipe, ce n’est pas que celle qui joue le week-end, ce sont les quarante mecs qui s’entrainent tous les jours. On le vit de l’intérieur. L’hiver est toujours un passage compliqué. Il faut bien se préparer. Tu commences à jouer sur des terrains humides. Les ballons glissent. C’est vrai que l’on était parti tambours battants et que la Coupe du Monde nous a peut-être aidée, mais les saisons sont tellement longues et tu as donc un passage à vide à un moment. Maintenant, c’est une dernière ligne droite, il commence à y avoir de beaux jours et il faut tout envoyer jusqu’au bout. Surtout que l’on a la possibilité d’avoir un week-end de repos tous les deux matchs, donc il faut en profiter pour être pied au plancher.

Brive ? On ne va pas se voiler la face. Je pense que l’on n’a pas respecté cette équipe. Eux nous ont respecté

Maintenant que l’on sort de cette période, avez-vous fait un travail d’analyse plus poussé de cette mauvaise passe de l’équipe au cœur de l’hiver ?

R.C. : On ne peut pas se permettre de perdre du temps là-dessus. C’est à nous, les joueurs, de comprendre pourquoi des choses ont marché et d’autres non. On se tromperait à savoir ce qui n’a pas marché il y a deux mois. Maintenant, il faut faire les choses qui marchent, pour le futur. Je pense qu’au niveau physique, toutes les équipes sont prêtes et ce sont maintenant l’état d’esprit et la bonne entente entre joueurs qui sont importants pour aller jusqu’au bout. Ce sont ces détails qui vont faire la différence. C’est ce petit plus mental qui peut faire la différence.

Et bien justement, si l’on compare à la même période de la saison dernière, vous sentez ce petit truc en plus ? Des prémices ?

R.C. : Vous savez, à l’époque je sentais beaucoup de choses et je perdais beaucoup de finales avec un autre club (rires). On n’en est pas là. On est en train d’essayer de construire une bonne entente, une bonne mentalité, avec l’équipe. Ça passe par des activités extérieures autres que le rugby pour souder un groupe. Le rugby, amateur ou pro, si tu n’es pas soudé, tu n’y arrives pas. Ça peut paraitre bête, mais ce sont des petits moments comme vendredi dernier (le 6 mars, ndlr) où nous avons fait une dégustation de Condrieu tous ensemble. Tu coupes un peu avec la famille pour passer du temps ensemble car tu auras besoin de tout le monde en fin de saison. Il faut construire de petites histoires, naturellement, pas forcées.

Ce discours prend tout son sens au regard de votre dernier match, perdu, à Brive. Il y a un écho car l’équipe s’est surement trompée ce jour-là.

R.C. : On ne va pas se voiler la face, je pense que l’on n’a pas respecté cette équipe. Eux nous ont respecté ! Quand tu es rugbyman, si tu ne mets pas une pointe d’envie et de combat, tu te trompes. Et on s’est tous trompé. Ça nous a servi de leçon. On a eu quelques jours de congés en étant, tous, hyper frustrés. Le rugby, il faut du respect (il insiste). Il ne faut pas que ça se reproduise. On a encore la chance d’être deuxième mais attention, l’écart fond comme neige au soleil.

Vous pouviez regarder devant, maintenant il faut regarder dans le rétro…

R.C. : Est-ce que l’on n’a pas besoin de ça aussi ? Inconsciemment, pour ensuite essayer de mieux travailler et ressouder le groupe. Peut-être.

On sait se dire les choses (…) car Pierre (Mignoni) nous amène vers l’autocritique.

Alors justement, qu’est-ce qui fait la force de cette équipe à l’instant-T ?

R.C. : J’ai envie de dire que c’est que tout le monde respecte tout le monde. Au LOU, il n’y a pas de stars. J’ai vraiment cette impression que personne n’essaie de se mettre au-dessus de l’autre. Et à l’instant-T, tout le monde essaie d’aider l’autre. Il faut continuer là-dessus. C’est un long travail. La mentalité est bonne ! Aider l’autre oui, mais pas au-dessus de l’autre. C’est mon impression. Il n’y a pas de vicelard.

Vu de l’extérieur, on se dit que Pierre Mignoni n’aurait peut-être pas eu la même gestion des choses pour faire réagir son groupe… Peut-être est-il moins dur car il sent l’état d’esprit que vous décrivez ?

R.C. : Des choses se passent. Pierre est quelqu’un d’intelligent. Il n’est pas borné. Est-ce qu’il essaie d’autres stratégies aussi ? Quand il faut gueuler, il gueule encore. Mais on est tous adulte, tous professionnel. On sait se dire les choses. C’est compliqué de se critiquer et de critiquer l’autre dans le bon sens. Pierre nous amène vers l’autocritique et le fait de se dire les choses entre nous. Surtout dans un groupe de quarante mecs, rempli d’hormones (rires)…

Vous vous projetez justement sur un match à Toulouse où, vous le savez, Lyon sera très attendu dans l’attitude. On va scruter de près l’état d’esprit.

R.C. : Ce serait arrogant de dire que l’on veut aller gagner là-bas. Il faut montrer une image autre que celle à Brive, une belle image à l’extérieur. À domicile, on a fait de gros matchs contre Toulon ou le Racing. Il faut que l’on ait confiance en nous.

Car l’on dit encore souvent du LOU, pourtant dans les deux premiers depuis la 1ère journée, qu’il ne convainc pas toujours dans les grands rendez-vous.

R.C. : Si c’est ce que certains pensent, tant mieux. On fera les comptes à la fin. Ces choses ne nous touchent pas. On est deuxième, c’est très bien. Mais attention, on sait que cela peut très vite basculer dans un sens ou dans l’autre. On en est conscient. Je pense, quand même, qu’à Lyon on est préservé de ce stress médiatique. Après, chacun est libre de penser ce qu’il veut. On s’en moque. On travaille dans notre coin, et on sait ce qu’on à faire et ce qu’on veut.

Car on connait vos ambitions…

R.C. : On ne plus se cacher. C’est pour cela que si on veut quelque chose, on ne peut pas se permettre de rendre des copies comme à Brive. On sait se critiquer. À un moment, fini le bla-bla. Il faut montrer cette image sur le terrain. Si à domicile on fait les meilleurs matchs du monde et qu’à l’extérieur on rend des copies comme ça, on n’est pas crédible.

Le coronavirus ? On est inquiet pour les clubs, avec la perte financière. J’espère que l’on sera vite rassuré.

Enfin, comment vivez-vous ce contexte actuel avec cette épidémie de coronavirus qui impacte aussi le milieu du sport et votre quotidien de sportif ?

R.C. : C’est assez bizarre. On n’est pas habitué. Cette semaine on a beaucoup travaillé le physique et on nous donne des infos. Mais on attend. On ne sait pas. On se pose des questions. Quelle sensation ça ferait par exemple de jouer à huis-clos. Mais on est aussi inquiet pour les clubs avec la perte financière. Notamment pour nous qui devons réceptionner Clermont, la plus grosse affluence de l’année. On se concentre sur notre boulot mais mine de rien, on en parle entre nous. C’est normal et j’espère que l’on sera vite rassuré dans les jours et semaines à venir.

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