Capo Ortega : "J'ai pété les plombs, je me demandais ce que je faisais là"

Par Rugbyrama
  • Rodrigo Capo Ortega (Castres)
    Rodrigo Capo Ortega (Castres)
  • Joie Capo Ortega Yannick Forestier - clermont castres - 25 mai 2013
    Joie Capo Ortega Yannick Forestier - clermont castres - 25 mai 2013
  • Rodrigo Capo Ortega avec l'Uruguay lors de la Coupe du monde 2003
    Rodrigo Capo Ortega avec l'Uruguay lors de la Coupe du monde 2003
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TOP 14 - Rugby d'ailleurs - Découverte du rugby à Montevideo, école anglaise, Millau, diplômes d'entraîneur, voici Rodrigo Capo Ortega.

L'Uruguay est un petit pays d'Amérique du Sud de 3,5 millions d'habitants où le football est évidemment le sport roi. Cela n'empêche pas Los Teros (surnom de l'équipe de rugby à XV) d'exister sur la scène internationale. A leur actif : trois phases finales de coupes du monde (1999, 2003, 2015) et le titre honorifique de deuxième nation d'Amérique du Sud, derrière les intouchables Pumas argentins. Un exploit, lorsque l'on sait que le pays ne recense seulement qu'un bon millier de rugbymen (en catégorie senior). Rodrigo Capo Ortega, le plus emblématique des joueurs uruguayens, devenu un joueur légendaire du Castres olympique, nous raconte ses débuts, son rêve de devenir professionnel et son arrivée en France.

Rodrigo, où et quand avez-vous découvert le rugby ?

Rodrigo Capo Ortega : J'avais huit ans lorsque j'ai commencé à jouer au rugby dans l'école anglaise de Montevideo (Erwy School) où j'étudiais. Il n'y avait que deux ou trois clubs à l'époque, à Montevideo, mais on y jouait dans les écoles anglaises. Puis nous étions partis vivre cinq ans en Argentine, à Buenos Aires, avec ma mère diplomate. Le rugby est plus répandu là-bas, j'ai pu continuer à y jouer. Quand nous sommes rentrés en Uruguay, j'ai pris ma licence dans le plus grand club uruguayen : le Carrasco Polo Club (24 fois champions d'Uruguay)

Est-ce club qui vous a permis de vous faire repérer et d'arriver en France ?

R. C.O. : Oui, je suis arrivé en février 2002 à Millau, en tant que joker médical jusqu'à la fin de saison. Le club était en Fédérale 1 à l'époque. Puis un agent m'a contacté, et j'ai eu mes premières approches avec des clubs qui étaient alors dans le Top 16. Narbonne et Béziers sont les deux premiers clubs à m'avoir contacté mais ce n'est pas allé au bout. Finalement, Castres m'a appelé et j'ai décidé d'y aller.

Je savais que pour faire carrière, je devais quitter l'Uruguay et probablement passer par l'Europe (...) quand Millau m'a appelé, je n'ai pas vraiment hésité

Vous débarquez à Millau à tout juste 21 ans, dans un pays que vous ne connaissez pas et dont vous ne parlez pas la langue. Comment se sont passés vos premiers mois là-bas ?

R. C.O. : C'était très compliqué, j'étais encore très jeune, loin de ma famille et de mes amis, je ne parlais pas du tout français... J'ai pété les plombs deux fois, je me demandais ce que je faisais là. Dans ces moments là, j'appelais ma famille en Uruguay et ils arrivaient à me calmer. Aujourd'hui, je ne regrette rien !

Joie Capo Ortega Yannick Forestier - clermont castres - 25 mai 2013
Joie Capo Ortega Yannick Forestier - clermont castres - 25 mai 2013

À quel moment avez-vous su que vous vouliez en faire un métier ? Et à quel moment avez-vous commencé à y croire ?

R. C.O. : Depuis l'âge de 15-16 ans, j'avais ce rêve de devenir joueur de rugby professionnel. Peut-être même avant, j'ai toujours voulu jouer au rugby. Je savais que pour faire carrière, je devais quitter l'Uruguay et probablement passer par l'Europe. C'est pour ça que quand Millau m'a appelé, je n'ai pas vraiment hésité. J'étais déjà super content de pouvoir jouer en France. Mais c'est quand je suis arrivé à Castres que j'ai commencé à y croire vraiment.

Je n'ai disputé que deux matches avec les Espoirs du CO avant de débuter avec les pros à Grenoble

Comment s'est passée votre intégration à Castres ?

R. C.O. : Tout est allé très vite. Mauricio Reggiardo m'a pris sous son aile et Christophe Urios m'a rapidement fait confiance. Je n'ai disputé que deux matches avec les Espoirs du CO avant de débuter avec les pros à Grenoble. Puis j'ai enchaîné les matches et signé un nouveau contrat de 4 ans. Je n'avais pas imaginé que cela allait se passer aussi bien pour moi

Cela va faire quinze ans que vous jouez pour Castres, vous aurez été l'homme d'un seul club. Comment expliquez-vous une telle fidélité ?

R. C.O. : C'est vrai qu'à part Aurélien Rougerie et moi, les joueurs d'un seul club se font rares... (rires). Je me suis tout de suite senti bien ici. Avec ma femme, on a trouvé notre équilibre familial à Castres. Et puis la confiance que le club m'a accordé, ça joue aussi. À 24 ans, j'étais déjà capitaine par intermittence, c'était des responsabilités énormes pour un jeune joueur uruguayen arrivé en France seulement trois ans plus tôt.

Rodrigo Capo Ortega avec l'Uruguay lors de la Coupe du monde 2003
Rodrigo Capo Ortega avec l'Uruguay lors de la Coupe du monde 2003

Vous avez également une trentaine de matches avec la sélection uruguayenne, mais vous n'êtes pas allé à la coupe du monde 2015, pourquoi ?

R. C.O. : À ce moment-là, ma femme était enceinte, j'avais donc d'autres priorités. Sinon, oui, j'avais même été international quand je jouais encore en Uruguay, au Carrasco Polo Club. Compte tenu des moyens dont dispose la fédération, je trouve que la sélection se débrouille pas trop mal. Aujourd'hui, ils travaillent pour s'améliorer et se professionnaliser, il faut continuer en ce sens.

A votre âge, vous avez du commencé à réfléchir à votre après-carrière. Est-ce que vous savez de quoi celui-ci sera fait ?

R. C.O. : Aujourd'hui, je suis encore joueur et je me sens bien, j'espère pouvoir continuer encore quelques années. En parallèle, j'ai commencé à passer mes diplômes d'entraîneur. Donc si le club me propose quelque chose après ma retraite sportive, j'y réfléchirai. Mais je ne me ferme aucune porte, je reste ouvert à tout !

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