Les arbitres en ont ras-le-bol des contestations des joueurs et ont décidé de sévir

  • Jérémy Sinzelle (Stade français) conteste une décision de l'arbitre - octobre 2016
    Jérémy Sinzelle (Stade français) conteste une décision de l'arbitre - octobre 2016
  • Thierry Dusautoir (Toulouse) avec l'arbitre Mathieu Raynal - août 2016
    Thierry Dusautoir (Toulouse) avec l'arbitre Mathieu Raynal - août 2016
  • L'arbitre Tual Trainini - octobre 2016
    L'arbitre Tual Trainini - octobre 2016
  • L'arbitre Laurent Cardona - 8 octobre 2016
    L'arbitre Laurent Cardona - 8 octobre 2016
Publié le Mis à jour
Partager :

TOP 14 - Les dernières semaines ont donné lieu à un durcissement net des arbitres vis-à-vis des contestations de leurs décisions sur le terrain. Une posture qui répond aux consignes de la LNR et qui traduit aussi une exaspération face à des comportements qu'ils dénoncent.

Ah ce bon vieux temps du rugby d'avant où l'arbitre avait toujours raison, même quand il avait tort ! Une doctrine quasi-mystique rabâchée dès les mini-poussins et qui a longtemps fait la fierté des garants des valeurs de ce sport. Mais ça, c'était avant. Depuis, le rugbyman est devenu professionnel, joue pour un club-entreprise avec des impératifs à la fois sportifs et financiers, et râle lorsqu'il juge une décision contraire.

Et le phénomène est monté crescendo, si bien qu'il interpelle depuis plusieurs mois déjà la corporation des "hommes en noir". Il y a eu une dégradation générale du climat qui entoure le rugby professionnel, note Didier Méné, président de la Commission Centrale des Arbitres à la FFR. Cela se voit au niveau des présidents, des entraîneurs et des joueurs. On est dans un climat de défiance permanent. Parler à tort et à travers de l'arbitrage est devenu un sport national. Au niveau des joueurs, cela se manifeste par des invectives pour demander la vidéo, ils lèvent les bras au ciel à chaque décision, certains discutent en permanence sous prétexte qu'ils sont capitaines.

Thierry Dusautoir (Toulouse) avec l'arbitre Mathieu Raynal - août 2016
Thierry Dusautoir (Toulouse) avec l'arbitre Mathieu Raynal - août 2016

Une dégradation des rapports qui peut aussi s'expliquer par l'évolution de la mission de l'arbitre, incité à plus verbaliser ses prises de position. Maintenant, c'est un communiquant, il explique ses décisions et il a un micro, poursuit Didier Méné. Cela l'a un peu désacralisé et rendu plus accessible. Certains profitent de cette aubaine du dialogue pour invectiver et faire des mouvements de bras. C'est aussi un facteur dans ces dérives.

Le cas Silvère Tian a servi de déclic

Attaqué, l'empire du sifflet a lancé sa contre-attaque, soutenu LNR. Comme il l'a encore rappelé au lancement de cette nouvelle saison de Top 14, son président Paul Goze a donné les moyens aux arbitres de lutter contre les gesticulations incessantes et inappropriées des têtes brûlées du championnat. En pratique, il a envoyé un courrier en début de saison à tous les clubs pour leur signifier les consignes de sévérité qu'il avait données aux directeurs de jeu.

Une action jugée nécessaire après la vive altercation de la saison dernière entre Silvère Tian et Romain Poite, qui avait donné lieu à une suspension record de 15 mois (réduite à 36 semaines en appel). Cela a servi d'électrochoc aux instances dirigeantes et à la Ligue car c'est une des raisons qui a poussé Paul Goze a écrire aux clubs, raconte Méné. Mais au sein des clubs, je ne vois pas de changement. Les dérives perdurent. Du coup, les arbitres passent aussi à autre chose.

L'arbitre Tual Trainini - octobre 2016
L'arbitre Tual Trainini - octobre 2016

Du sermon à la pénalité

Pour l'instant, la réaction s'amorce sur trois niveaux. D'abord verbale, comme lors du dernier Pau-Toulouse où M.Charabas a demandé expressément à Julien Tomas d'arrêter de lever les bras et de demander des sanctions sous peine de retourner des pénalités contre son équipe. Puis, vient le bon vieux "dix mètres de plus" revenu à la mode ces derniers temps. Samedi dernier, le Racing 92, mené 3-6 sur sa pelouse contre Montpellier, a obtenu une pénalité lointaine. Devenue plus abordable suite aux protestations des Héraultais, elle a permis à Johan Goosen d'égaliser dans ce match longtemps très serré. Et enfin, chose qu'on n'avait pas vu jusqu'à présent, les arbitres commencent à pénaliser les joueurs qui parlent trop. Mamuka Gorgodze en a dernièrement fait les frais à Lyon, une semaine après avoir déjà fait prendre dix mètres de plus au RCT contre Grenoble.

Travers : "À nous de maîtriser nos nerfs même si cela nous paraît gros par moment"

Aucun arbitre n'est, pour l'instant, allé plus loin que la simple pénalité mais le carton jaune fait partie de l'arsenal de sanctions préconisées. Autant dire qu'il pourrait bientôt être dégainé si les arbitres ne voient pas un changement sensible dans les comportements, même si Didier Méné espère qu'il ne faudra pas en venir jusque-là. Reste que, dans un Top 14 toujours plus concurrentiel et serré, ne pas savoir maîtriser ses colères risque de devenir très handicapant si les arbitres souhaitent poursuivre dans la voie du durcissement.

L'arbitre Laurent Cardona - 8 octobre 2016
L'arbitre Laurent Cardona - 8 octobre 2016

C'est aussi pour que les joueurs restent concentrés uniquement sur le jeu et non sur l'arbitrage, ce qui n'est pas toujours très évident, souffle l'entraîneur du Racing 92 Laurent Travers. Cela se comprend et on doit le comprendre. À nous de maîtriser nos nerfs même si cela nous paraît gros par moment. Si tout le monde se met à parler, cela va être la foire sur le terrain donc je pense que ce n'est pas plus mal pour notre sport. Celui-là même qui se plaît tant à cultiver sa différence avec le football mais qui n'a plus tant de leçons que ça à lui donner.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?