Harinordoquy : "Un jeune qui démarre, ce sera déjà extraordinaire s'il tient 10 ans"

Retraité depuis la fin de la saison dernière, Imanol Harinordoquy a tout de même un avis bien tranché sur l'actualité du Top 14. Consultant sur Canal +, l'ancien international tricolore (36 ans, 82 sélections) a exprimé toute son inquiétude après l'affaire des corticoïdes qui a touché le Racing 92 vendredi.

Cela ne m'a pas étonné parce que c'est quelque chose de fréquent, raconte le "Basque bondissant" dans L'Équipe ce dimanche. Je ne l'accepte pas forcément mais je le comprends. Quand tu es joueur et que c'est une finale, tu fais tout pour la jouer même en étant conscient de mettre ta santé en péril.

L'ancien troisième ligne passé par Pau, Biarritz et Toulouse se met donc aisément à la place des Carter, Rokocoko et Imhoff, tous prépondérants lors de cette fameuse finale du Top 14 remportée face à Toulon. Ce qui ne l'empêche pas de s'alarmer pour autant : En revanche, ce que nous connaissons moins, ce sont les séquelles que nous auront plus tard.

Car au lieu de véritablement soigner, on préfère parfois masquer la douleur... Explications : On préfère gagner une semaine en piquant plutôt qu'en prenant le temps d'un traitement qui pourrait nécessiter deux semaines de repos et des soins. Parce que le joueur doit à tout prix être sur le terrain pour tout un tas de raisons. [...] Il existe des staffs sur lesquels ont fait peser une pression monstre pour que les joueurs reviennent le plus tôt possible sur le terrain.

La jeune génération va être pressée comme un citron et s'abîmer deux fois plus vite

Et de poursuivre sur cette problématique : Le problème, c'est que les médecins ne se positionnent pas catégoriquement par rapport à la santé du joueur. C'est souvent le joueur qui doit prendre la décision. C'est parfaitement anormal.

Un constat assez terrifiant de l'ancien troisième ligne des Bleus, qui estime même que désormais, il sera très compliqué de réaliser une longue et prospère carrière au plus haut niveau... Depuis plusieurs saisons, je me dis qu'un jeune qui démarre dans le rugby de haut niveau aujourd'hui n'aura jamais la chance de faire une carrière de 16 ou 17 ans comme la mienne, estime Harinordoquy. S'il tient 10 ans, ce sera déjà extraordinaire. La jeune génération va être pressée comme un citron et s'abîmer deux fois plus vite. Inquiétant, vraiment.

Retrouvez l'intégralité de son intervention en page 4 de L'Équipe du jour.