Rougerie, ce "papa" qui ne vieillit pas

Après 16 saisons passées dans le groupe professionnel de l’ASM Clermont Auvergne, il est évidemment celui qui connaît le mieux la maison "Jaune et Bleu". A bientôt 36 ans, c’est aussi le doyen de l’effectif auvergnat, mais le temps qui passe ne semble pas entamer l’envie et les qualités d’Aurélien Rougerie. Avec 93 essais en championnat de France, 76 sélections et plus de 400 matches en Top 14 au compteur, il pourrait se lasser ou la jouer pré-retraité. Mais ce n’est pas dans la nature du grand blond, chez qui la flamme ne vacille pas.

Le "papa" des lignes arrières

Il est comme le bon vin, sourit son entraîneur Franck Azéma. Peut-être pas trop le dimanche, au lendemain des matches, comme il le dit lui-même… Mais c’est un athlète et il se connaît parfaitement. Aujourd’hui avec son expérience, il a un sens de l’anticipation qui lui donne presque deux ou trois temps d’avance et il profite de ça.

Le "papa" des lignes arrières clermontoises est plus que jamais dans le coup, quelle que soit la concurrence. Après le Gallois Jonathan Davies, c’est l’international Rémi Lamerat, arrivé cet été, qui semble promis à sa succession. Déjà impliqué dans ses futures fonctions d’ambassadeur de son club de toujours, chargé de la détection et du recrutement, Rougerie avait pris son téléphone pour encourager l’ex-Castrais à rejoindre Clermont. Quelques semaines plus tard, Lamerat, gêné par un souci musculaire, n’a toujours pas joué sous ses nouvelles couleurs, et en attendant, c’est Rougerie qui régale.

Rougerie : "L'intersaison m'a fait le plus grand bien"

Remplaçant à La Rochelle et Montpellier, puis titulaire face au Stade français, le trois-quarts centre devrait enchaîner une quatrième feuille de match samedi soir face au Racing. Tout sourire face à la presse, le grand blond semble rayonnant comme rarement après le bon début de saison de son équipe. L'intersaison m’a fait le plus grand bien. On s'est bien aéré en famille et c'est un Aurélien tout neuf qui repart pour une nouvelle saison. Après on verra, la concurrence est là, et c'est plaisant. J’espère que l’on sera épargné par les blessures et que mes coéquipiers pourront donner la pleine mesure de ce qu’ils sont capables de faire. C’est toujours plaisant de travailler dans la sérénité et la bonne humeur.

Présent 80 minutes sur la pelouse de Jean-Bouin, solide en défense, Rougerie a aussi bien secoué les lignes parisiennes. Avec 71 mètres parcourus ballon en main et cinq défenseurs battus, le centre a une nouvelle fois été l’un des guides de son équipe. Tout en soulignant la capacité des siens à revenir au score, plutôt que le match nul concédé dans les dernières minutes, il appelle ses coéquipiers à plus de concentration. Ce que je retiens, c’est à le score de 20-6 pour Paris au bout de 25 minutes, je n’y voyais pas beau… On se voyait bien prendre 50 points et on a eu le caractère pour revenir. Il faut que l’on travaille là-dessus, pour être plus performants sur nos entames de match.

Rougerie : "Ressasser le passé ce n’est pas mon truc"

Il faudra soigner ça samedi, pour la première de la saison à domicile face au Racing 92. Un rendez-vous qui excite toujours autant Rougerie, qui pénètrera une nouvelle fois (on ne les compte plus) dans son jardin, le stade Marcel-Michelin. Ça va faire plaisir de retrouver nos supporters, et de jouer contre le champion de France en titre. Les Franciliens sont partis très forts eux aussi et on va pouvoir se jauger en espérant les retrouver plus tard… Ce qui s’est passé l’année dernière, c’est du passé. Maintenant on ouvre un nouveau chapitre. On ne construit pas grand-chose sur la rancœur ou la revanche. Ressasser le passé ce n’est pas mon truc, je préfère essayer de trouver des failles dans cette équipe.

L’ancien capitaine reste un incontestable leader à Clermont. A tel point que son entraîneur Franck Azéma tente de le faire rempiler une nouvelle fois, alors que la fin de sa carrière de joueur est programmée pour juin prochain. Il ne faut pas le pousser dehors, il faut le laisser s'exprimer un maximum sur le terrain et ne pas se donner de limites par rapport à sa sortie, c'est ce que je lui ai dit, confie le coach.

Azéma : "Aurélien est suffisamment humble pour savoir s'il est toujours dans le coup ou pas"

C'est lui qui décidera en fonction de son ressenti, mais il n’y a rien d’interdit. Il aurait tort de ne pas profiter tant qu'il est en pleine santé de pouvoir s’exprimer sur le terrain comme il le fait en ce moment. Pourquoi s'arrêter ? Aurélien est suffisamment humble dans la perception de ses qualités pour savoir s'il est toujours dans le coup ou pas. Il ne cherche pas à gratter pour gratter. Ce qu'il veut c'est être le plus performant possible pour l'équipe, et ça s'est vu la semaine dernière.

Une proposition confirmée par l’intéressé, qui prendra son temps pour donner suite… Je ne me posais pas la question jusqu'à ce que Franck évoque ça il y a trois semaines. On verra... Pour l'instant je vis un peu au jour le jour, comme l'an dernier. Je ne ferme pas la porte, mais elle n'est pas grande ouverte. Elle est plutôt entrouverte... Samedi soir (20h45), ils seront 18 000 supporters à tenter de le convaincre.