Qu'es-tu devenu... Omar Hasan ?

Une évidence : on allait pouvoir dire qu'il avait quitté la scène le 28 juin 2008, sur une apothéose, un titre de champion de France avec le Stade toulousain. Un final de rêve pour celui qui, quelques semaines plus tôt, n'avait même pas été convié dans le groupe pour défier le Munster en finale de la H Cup. J'avais senti Yannick Bru embêté. Mais je crois que Guy (Novès) avait fait une croix sur moi après un match que j'avais raté en Coupe d'Europe contre l'Ulster. Mais pour le championnat, on m'a fait confiance : j'ai joué la demi-finale contre le Stade français et j'ai été titulaire contre Clermont en finale, disputant même les 80 minutes.

Comme à son habitude, il a ce soir-là quitté le vestiaire le dernier. Mais cette fois, il y avait un sens caché à sa douce langueur : Profiter jusqu'au bout de ces derniers moments, raconte le pilier. En réalité, Omar Hasan n'allait pas vraiment quitter la scène : il allait bifurquer sur une autre, qui avait fait battre son coeur tout autant que le rugby : l'art lyrique.

Le chant, sa première passion

Étudiant au conservatoire de Toulouse alors qu'il était joueur, il se préparait à entamer une deuxième carrière, celle d'un baryton. J'ai commencé à chanter alors que j'avais 7 ans : j'ai chanté avant de jouer au rugby. Pouvoir me dédier complètement au chant, à mes concerts, ça m'attirait beaucoup. C'est mon autre passion. Ce n'est pas une reconversion, c'est la continuité de la passion.

Avec un ami, Patrick Jourdain, Omar Hasan a créé un spectacle pour l'exprimer : "Café Tango" qui affiche déjà 150 représentations. Vendredi, je serai à côté de Nancy, la semaine précédente, c'était Saint-Gaudens, bientôt Carcassonne. Son travail est quotidien, ses projets sont variés. J'ai aussi créé un spectacle intitulé "La voix en mêlée" qui est destiné à être joué dans les entreprises. La question, c'était qu'est-ce-que moi je vais pouvoir apporter de différent par rapport à tous les champions qui interviennent ? C'est une comédie. Je raconte ma vie avec humour, avec des chants et je transmets mes messages. Un projet de livre est aussi à l'étude.

Peut être un chapitre sera t-il consacré au FC Auch, premier club à l'accueillir en France en décembre 1998. Je n'y suis pas resté longtemps mais j'y suis resté très attaché. Ce fut ma porte d'entrée en France : ce club m'a accueilli, fait découvrir une culture, des traditions. C'est un club avec une histoire. J'ai été touché par l'histoire du dépôt de bilan. Le manque d'unité autour du FCA est dommage.

Ce que j'ai toujours aimé, c'est transmettre au sujet de la mêlée

Technicien agronome diplômé, Omar Hasan ne semble pas encore prêt à exercer dans le cadre d'une reconversion tant il vit pour l'instant de ses passions. Si l'art lyrique a envahi sa vie, le rugby ne l'a pas totalement quittée. Déjà, à la fin de sa carrière, il avait collaboré pendant trois saisons avec le Stade toulousain, entraînant les Espoirs et conseillant la première ligne de l'équipe première mais aussi en participant pendant trois saisons à un projet global sur l'exercice de mêlée auprès de toutes les équipes du Stade toulousain.

Une même méthode de travail pour donner une même identité en mêlée au club : on en parle pour le jeu, pourquoi pas pour la mêlée ?, s'enthousiasme l'ex international des Pumas aux trois Coupes du monde. La mêlée, ce qui pourrait bien ramener l'homme du Tucuman vers le jeu. Je n'ai pas l'ambition d'être entraîneur de rugby. Moi, ce que j'ai toujours aimé, c'est transmettre au sujet de la mêlée. Apprendre les techniques de mêlée, il ne faut pas l'oublier, c'est une question de sécurité. Alors je ne peux qu'être ouvert aux propositions de clubs.

Tellement passionné même qu'il lui est arrivé de faire la démarche de solliciter des clubs. Agen, le dernier en date. Je suis consultant deux jours par mois auprès de toutes les équipes : école de rugby, Cadets, Crabos, Espoirs… Auprès de l'équipe première, cela peut arriver mais c'est très rare. Et vraiment pas ma priorité. Je vois d'abord ça comme un travail sur le long terme. Ca, c'est quelque chose que j'adore.