Tuitavake de retour dans le bon wagon de Montpellier

Il n'y a pas de bon moment pour se blesser. Difficile de faire plus évident. Que ce soit une longue blessure en début de saison, ou un petit pépin qui vous prive d'une finale, se voir obligé de rester en costard dans les tribunes est toujours frustrant. En revanche, il y a certainement des moments plus mauvais que d'autres. Et être éloigné des terrains alors que, d'une part, son équipe monte en puissance, et que d'autre part, un joueur de classe mondiale arrive à votre poste pendant que votre partenaire habituel enchaine les performances de haute volée, doit faire partie des pires scénarios.

Un cas de figure auquel a dû faire face Anthony Tuitavake ces dernières semaines. Touché aux ischio-jambiers durant six semaines, le Néo-Zélandais d'origine tongienne a vu s'épanouir la paire Steyn-Ebersohn depuis alors que le MHR trouvait son rythme de croisière. De quoi craindre pour une fin de saison blanche ? C'est toujours difficile de ne pas jouer. Mais il faut voir plus loin que le bout de son nez, continuer à travailler dur car les saisons sont très longues en France. Même après six semaines de blessure, il reste dix ou onze matches, il ne faut donc pas désespérer, répond l'intéressé. Optimiste et équipier modèle de surcroit. C'était aussi mon devoir d'aider les titulaires. Quand vous ne jouez pas, votre travail consiste aussi à épauler les mecs qui jouent dans leur préparation.

Une fin de saison pour convaincre

Et comme tout vient à point à qui sait attendre, "Tuita" a retrouvé une place de titulaire lors des dernières sorties du MHR. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a su saisir sa chance, se montrant à nouveau tranchant et décisif, formant une paire efficace et complémentaire avec François Steyn. J'apprends à jouer avec lui, ça ne se fait pas en un jour. Mais c'est un mec expérimenté, en plus d'être un joueur de classe mondiale, il est donc assez facile de s'adapter. Avec lui, je ne me fais aucun souci, j'ai donc la possibilité de ne me concentrer que sur mon rôle personnel, explique l'ancien All Black (6 sélections).

Aucun souci sur le terrain, peut-être un petit peu plus en coulisse, ou plutôt dans un coin de la tête. Car malgré un niveau de performance plus qu'honnête à 34 ans, Anthony Tuitavake ne sait pas de quoi l'avenir sera fait. A l'instar de son camarade du centre Robert Ebersohn (27 ans), il n'a en effet pas reçu d'offre de prolongation au MHR. Et tout comme le Sud-Africain, Tuitavake souhaite continuer à porter le maillot frappé de la fleur de ciste. Je ne sais pas, je ne suis pas sûr de ce qui se passera. Le MHR est ma maison, mais le rugby est ce qu'il est, et il va me falloir étudier différentes options, continuer, arrêter. Mais si on me propose de rester... Je croise les doigts ! En tout cas, je resterai en France, lâche-t-il dans un sourire.

D'ici là, le trois-quarts centre souhaite surtout profiter de chaque match, chanceux qu'il s'estime de s'être vu offrir une nouvelle opportunité, qui sera reconduite à Paris où Jake White devrait envoyer une équipe quasi type. Il pourra au mieux convaincre du fait qu'il peut toujours rendre service au plus haut niveau. Au pire, s'offrir une belle aventure pour ce qui pourrait être la fin d'un long, long parcours.