Qu'es-tu devenu Olivier Merle ?
De 1990 à 2003, Olivier Merle a vécu l’époque du rugby amateur puis le professionnalisme. Passé notamment par Grenoble et Clermont, le 2e ligne a été international à 45 reprises, remportant notamment un double succès historique chez les All Blacks en 1994, gagnant le surnom "d’homme et demi" et un Grand Chelem en 1997. Depuis ses terres auvergnates, l’homme a conservé son franc-parler.
Venu sur le tard au rugby, après avoir été lanceur de poids de haut niveau, Olivier Merle a terminé sa carrière de joueur en 2003. Sa reconversion, il y pensait alors qu’il jouait encore. J’ai anticipé la création de ma société "Homme et demi". J’ai gardé un lien avec le rugby avec ce surnom qui m’avait été donné pendant ma carrière (par la presse néo-zélandaise du fait de sa force et de ses mensurations, Ndlr).
J’ai monté les statuts deux ans avant d’arrêter sans savoir que j’allais arrêter deux ans plus tard. La première idée que j’avais pour me lancer dans le monde du travail, c’était les vêtements de grande taille, confie-t-il. Encore joueur, il s'y consacrera pendant deux-trois ans.
"Merluche", un de ses surnoms et une création…
Aujourd’hui, c’est la coutellerie et le vin qui occupent ses journées. Le couteau, c’est une pure création. Baptisé d’un autre de mes surnoms "le Merluche", je l’ai dessiné et créé. Je le fais fabriquer sur le bassin thiernois (Thiers), la capitale du couteau en France. J’ai monté un site internet (hommeetdemi.com) lI y a le vin aussi. On travaille sur un peu plus de 400 ha de vignes qui sont séparés en deux : une moitié pour les travailleurs indépendants et une moitié pour la cave avec laquelle j’ai fait un partenariat et créé des cuvées à mon nom.
Un couteau pour le casse-croûte et le vin : On reste un peu dans l’esprit rugby : amitié, convivialité, partage, prolonge l’ancien deuxième ligne. Des valeurs auxquelles il est attaché. Comme il le dit : Le rugby, on ne s’en détache jamais quand on a été joueur international sauf si on veut se cacher dans un trou de souris. Ce n’est pas mon cas. Il y a de temps en temps des opérations de communication avec des sociétés d’événementiel pour les matches internationaux. Olivier Merle continue à suivre le rugby à la télé et assiste à des rencontres de l’ASM et des Bleus.
Un avis tranché sur la mêlée d’aujourd’hui
Sur le jeu pratiqué aujourd’hui, il a des choses à dire. Ça décoiffe. Je constate que le professionnalisme a amené de la vitesse et de la densité qui sont super mal exploitées. J’ai l’impression qu’aujourd’hui beaucoup de joueurs dans beaucoup d’équipes confondent vitesse et précipitation. On a une débauche d’énergie qui est peut-être plus importante visuellement que ce qu’on avait l’habitude de voir avant sauf que ce n’est pas pour ça que c’est plus efficace.
Il y a ensuite les blessures. Il y a plus de casse parce qu’il y a une somme de travail qui est demandée d’être assimilée par les joueurs. Certains n’ont pas la capacité... C’est comme si on mettait un moteur de R8 Gordini sur une 2CV. Ça peut marcher, mais après avoir fait trois fois le tour du quartier, au bout d’un moment, on commence à perdre des boulons, un capot, une bielle, etc.
Et puis il y a des phases de règlement qui sont pénibles. Je pense notamment à la mêlée, c’est une catastrophe. Pour lui, on l’a dénaturée et elle est devenue chronophage. Les piliers n’ont jamais autant été pénalisés que depuis qu’il y a ces nouvelles règles. Pourquoi ? Le pilier s’entraîne pour être puissant, explosif, pousser. Et là qu’est-ce qu’on fait avant d’entrer en mêlée ? On lui demande d’attendre des plombes ! Forcément, physiquement, le gars tétanise et quand il y va, il suffit qu’il glisse ou quoi, il se fait pénaliser. Ce n’est pas bon du tout. Ça dure trop longtemps.
Olivier Merle poursuit sur la mêlée, se faisant aussi tranchant que la lame de ses couteaux : Qu’on ne me dise pas que c’est pour sécuriser les mecs. Sécuriser les mecs, c’est s’assurer qu’ils soient en bonne position, à la bonne hauteur entre eux et à bonne distance avant l’impact. C’est tout. Pourquoi aller rajouter tous ces ordres-là ? La mêlée est quand même un point fort de ce jeu. C’est une rampe de lancement importante. Et puis la mêlée, c’est le rugby. C’est une épreuve de force collective. Maintenant ça ne veut plus rien dire avec tout ça.
Impliqué par "une présence, un partenariat, un geste solidaire" avec des associations
En dehors de son activité professionnelle et de sa vie de famille, "l’homme et demi", sans dire "oui à tout", s’implique avec des associations par une présence, un partenariat, un geste solidaire. En juin, par exemple, il était le parrain d’une manifestation pour récolter des fonds pour les militaires blessés de l’Armée de Terre.
Quand on est un personnage public, si on peut rendre service dans le seul fait d’être présent, que c’est une association qui se bat pour la bonne cause, c’est bien de le faire. En plus, c’était à Grenoble, à Lesdiguières. C’était plutôt honorifique d’avoir été sollicité pour une cause comme ça. Il y a beaucoup de similitudes dans la vie de groupe, des équipes qu’on peut trouver avec le rugby. Même si ce n’est pas le même combat, le rugby c’est du combat aussi. Il faut être organisé et solidaire de la même manière. Ça a été un réel plaisir d’avoir pu leur apporter quelque chose. Olivier Merle n’a pas changé : il reste un homme entier et de cœur.
Photo de couverture : Mêlée improvisée entre Olivier Merle et le général Hervé Bizeul, commandant de la 27e BIM - Crédit : @27e Bim (brigade d'infanterie de montagne)
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