Boudjellal: "Le jour où je ne suis plus surpris, je me barre"

  • Mourad Boudjellal président du RCT depuis 2006
    Mourad Boudjellal président du RCT depuis 2006
  • Le président du RCT, Mourad Boudjellal, présente la nouvelle Coupe d'Europe aux supporters
    Le président du RCT, Mourad Boudjellal, présente la nouvelle Coupe d'Europe aux supporters
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A quelques jours d'une nouvelle demi-finale pour son club, Mourad Boudjellal s'est confié pour notre site. Son entretien sera un fil rouge tout au long de cette semaine. Dans cette première partie, le président du RCT évoque ce dont il est le plus fier depuis qu'il est à la tête du club ainsi que l'avenir à court terme de Toulon.

Arrivez-vous à être encore surpris par votre équipe ?

Mourad BOUDJELLAL: Il y a toujours la magie des qualifications et des victoires, quand il y en a. Ce serait être prétentieux voire présomptueux de ne plus être surpris. D'ailleurs, le jour où je ne le suis plus, je me barre. Je suis là pour vivre ces moments-là, forts en émotions. Faut que ça pétille, scintille, on a besoin de larmes et de la joie. Le jour où l'on n'est plus surpris ça veut dire qu'on s'en fout.

En 2016, ça fera dix ans que vous êtes à la tête du club, avec au bilan 3 coupes d'Europe et un Top 14. Êtes-vous un président comblé ?

M.B: Cette année, ça pourrait faire neuf finales en neuf ans. Le plus agréable, c'est qu'il s'agit d'années que tout le rugby français se félicite de vivre. J'ai amené beaucoup de joie à beaucoup de monde. C'est bien de faire l'unanimité, peu de monde y parvient dans le rugby... Enfin une unanimité, surtout contre nous ! Dès que mon nom est cité dans un article, cela entraine des commentaires qui sont souvent supprimés. Il y a des réactions haineuses par moment. C'est surprenant car on est que dans du sport. Est-ce que si j'étais blond avec les yeux bleus et si j'avais joué au rugby les choses seraient différentes ? Oui, je le crois.

Je ne vois pas Bernard partir sur une année de transition

Hormis cette "affection" de certains, de quoi êtes-vous le plus fier quand vous vous penchez sur votre bilan à la tête du Rugby Club Toulonnais ?

M. B: La prouesse n'est pas d'avoir gagné quatre titres. C'est d'avoir le plus gros budget du Top 14. Si demain je disparais, le club restera dans les plus gros budgets de France, les dégâts seraient moins forts qu'au Racing ou au Stade français. Nous sommes dans une ville de 165 000 habitants, qui n'a pas d'entreprises démesurées. Je suis fier d'avoir le premier budget de France avec 12 millions d'euros de partenariat, 10 de billetterie, 6/7 de produits dérivés... Je suis fier quand on voit Toulon comme un monstre économique et d'avoir embauché plus de 50 personnes autour du club. C'est pour cela que ça m'agace que je lis des énormités, comme Laurent Marti qui dit que l'on a 5 millions d'euros de subvention. Comment peut-on dire ça ? On a 2,2 millions. Toulon est dans la République et je crois que le maximum autorisé est de 2,8 millions. Quand il dit ça, il ne reconnaît pas qu'il est plus mauvais. Car Bordeaux dispose d'une richesse, d'un stade et d'un bassin économique que l'on a pas.

Le président du RCT, Mourad Boudjellal, présente la nouvelle Coupe d'Europe aux supporters
Le président du RCT, Mourad Boudjellal, présente la nouvelle Coupe d'Europe aux supporters

L'année prochaine s'annonce comme une saison particulière. Il y a la Coupe du monde, le départ de cadres, la dernière année de Bernard Laporte, l'arrivée de Diego Dominguez. Avez-vous de l'appréhension ?

M.B: Il va falloir faire du Marc Raquil: le démarrage va être difficile et c'est sur la fin qu'il faudra accélérer. Ce sera une année compliquée à gérer, mais c'est la dernière de Bernard et je ne le vois pas partir sur une année de transition. L'an prochain le Top 14 va encore monter d'un cran, avec l'arrivée de grands joueurs grâce aux droits TV. On voudra encore gagner ou au moins être dans les finalistes.

La défaite fait partie du modèle économique

Craignez-vous de vivre une ou des saisons sans victoire ?

M.B: Notre système économique repose sur le succès, forcément. Mais on peut et doit avoir une année de transition. Cela fait partie du modèle économique, c'est prévu. Si on veut garder ou redonner l'envie de la victoire, il faudra connaître la défaite. C'est très important. Regardez Toulouse, ça fait deux ans qu'ils ne gagnent pas, je suis certain qu'il y a un faim de victoire qu'ils n'avaient pas quand ils étaient tout en haut. Cela génère également de l'attente autour du club. Pour nous, c'est même nécessaire d'avoir une année ou deux de pâtes à l'eau.

La saison prochaine se fera sans Nalaga qui avait pourtant signé à Toulon. Confirmez-vous que sa non-venue est liée à l'explosion de Tuisova ?

M.B: Je ne voyais pas Tuisova exploser aussi tôt. On savait qu'on avait une pépite mais pas à ce point. Je pensais presque que Nalaga l'accompagnerait et l'aiderait à exploser. C'est dur par rapport à Nalaga, mais la réglementation ne nous aide pas. Regardez le nombre de non Jiff qui sont sur la liste Provale. Tous ces joueurs ont, peut-être, épousé des femmes françaises et leur seule façon de gagner leur vie c'est le rugby. Alors que vont-ils faire ? Ils ne vont pas rentrer chez eux car leur famille est ici désormais. Vont-ils devoir trouver des petits boulots ? Les gens qui prennent ces mesures n'ont pas le respect de l'humain...

Retrouvez la suite de cet entretien exclusif mercredi sur notre site...

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