Oyonnax est-il le nouveau Bourgoin ?

  • Bourgoin - Oyonnax
    Bourgoin - Oyonnax
  • A quatre journées de la fin, Bourgoin est dans une position très dangereuse - 2014-2015
    A quatre journées de la fin, Bourgoin est dans une position très dangereuse - 2014-2015
  • La joie de Jody Jenneker (Oyonnax) - 25 avril 2015
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Alors que se profile un derby au sens noble du terme entre Oyonnax et Lyon ce vendredi, l’USO fait cette saison office de nouveau fer de lance du rugby rhônalpin. En quelques années, elle semble avoir pris la place de Bourgoin dans le paysage régional.

Si le sujet est un poil provocateur, c’est pourtant le président de l’USO Thierry Emin qui tendait la perche sur Rugbyrama.fr en février: On a le sentiment que l’on a pris la place de Bourgoin dans la région. Partons de ce constat pour savoir si, effectivement, Oyonnax est en train d’imposer SON modèle, mais dont le parcours rappelle celui du CSBJ d’antan.

Le village gaulois qui résiste encore et toujours

26 773 habitants à Bourgoin-Jallieu et 22 436 à Oyonnax. Forcément, les raccourcis sont faciles, comparés aux mastodontes que sont les agglomérations lyonnaises et grenobloises. Et pourtant, ces deux bastions du rugby en Rhône-Alpes ont réussi ou réussissent à exister dans une élite qui ne laisse aujourd’hui que des miettes aux "petites villes". N’en déplaise au président du Racing-Metro Jacky Lorenzetti, à qui le fait de se retrouver derrière l’USO au classement du Top 14 "donne des boutons", c’est un fait. Moi je suis vachement fier de voir le Racing derrière (rires). Il a raison, si on est dans les six, cela fait partie des grandes anomalies du Top 14, de la même façon que quand on est monté, pour un bled de 22 000 habitants et une équipe construite en si peu de temps, reconnaît le manager oyonnaxien Christophe Urios.

Partout où tu vas, tu croises un joueur, que ce soit au supermarché ou en ville (Tian)

Mais ce dernier a réussi à faire du stade Charles-Mathon ce qu’était à l’époque le stade Pierre-Rajon de l’ère Michel Couturas, une forteresse quasi imprenable. Ces endroits où les équipes n’aiment pas trop se déplacer parce qu’elles savent qu’elles vont souffrir, ces "pays" où l’on a forgé un rugby basé sur le combat, comme pour défendre un territoire et une philosophie ancestrale de ce sport. La passion de s’y filer. L’USO et le CSBJ développent des jeux basés sur la solidarité et pour l’ailier Silvère Tian, Berjallien et Oyonnaxien, la taille des villes n’est pas anodine, Christophe [Urios] a su adapter ses joueurs à ce qu’il voulait et surtout à la manière de jouer en Top 14. Cela a marché et c’est plus facile pour nous, dans cette ville, d’être solidaire qu’à Lyon ou Grenoble où c’est beaucoup plus grand. Partout où tu vas, tu croises un joueur que ce soit au supermarché ou en ville. Oyo s’est construit dans le travail, confesse t-il.

A quatre journées de la fin, Bourgoin est dans une position très dangereuse - 2014-2015
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Pas le même modèle mais la même passion

Oyonnax et Bourgoin peuvent s’appuyer sur une ferveur que doivent surement jalouser quelque peu leurs voisins. On est ce club extrêmement populaire, assure Christophe Urios. L’ailier Jean-François Coux lui emboite le pas, lui qui a porté les deux maillots. C’est une ferveur énorme, ce sont des villes qui vivent pour leur club et même une région. Oyonnax cela va jusque dans le Jura et Bourgoin jusque dans la Drôme-Ardèche, explique celui qui ira la saison prochaine terminer sa carrière dans son club formateur, le CSBJ. La formation justement, c’est ce vers quoi Oyonnax doit encore s’inspirer de Bourgoin pour être le club fédérateur d’un territoire, comme l’espère Thierry Emin. C’est la base. Le Bourgoin d’il y a huit ans, c’était une base jeune, forte, un rayonnement très fort et beaucoup d’internationaux. On n’en est pas là encore, reconnaît Christophe Urios, qui s’est assis sur les deux bancs et qui voit des similitudes dans le rayonnement.

Le CSBJ a raté un virage, l’USO est prévenue

Le CSBJ vient de batailler pour arracher son maintien en Pro D2 alors que l’USO est en passe de décrocher une qualification en Top 14, cela a tout du passage de témoin. Sportivement déjà, la cité de l’Ain a pris la place de celle de l’Isère car si elle se qualifie, elle sera la première équipe de Rhône-Alpes à disputer des phases finales depuis Bourgoin en 2005, malgré les gros moyens déployés par Lyon et Grenoble. Par ses résultats, Oyonnax fait parler et cela fait surtout vivre le rugby dans la région Sud-Est. Cela le fait connaître, c’est énorme. Il y a cinq ou six ans en arrière, on n’aurait jamais pensé qu’il y aurait quatre clubs de haut niveau dans la région, reconnaît Jean-François Coux.

La joie de Jody Jenneker (Oyonnax) - 25 avril 2015
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Mais le passage vers le haut niveau, pari que tente de réussir Oyonnax tout doucement pour pérenniser le club en Top 14, dixit Silvère Tian, c’est ce qui a fait défaut à Bourgoin. Oyonnax a su évoluer en très peu de temps, ce que Bourgoin n’a peut-être pas su faire les belles années, on n’a pas su prendre le bon wagon, affirme Jean-François Coux. Bourgoin est resté sur cette dynamique d’anciens joueurs, en vieillissant, ce qui fait que le club s’est retrouvé en difficulté. Il n’a pas su s’adapter au haut niveau malgré un bon centre de formation et le budget a fait défaut, rajoute Silvère Tian.

Effectivement, la chute du CSBJ est allée de pair avec les soucis financiers. Pierre Martinet et Gaston Maulin ont permis d’accrocher les étoiles, mais se sont parfois retrouvés bien seuls... Pour l’USO, le secteur économique et l’approche du club ne sont pas les mêmes, insiste Christophe Urios car la santé financière d’ "Oyo" repose sur une quarantaine d’actionnaires et non pas un mécène. Et sur ce point finalement, Bourgoin semble s’inspirer d’Oyonnax depuis la création de "So CSBJ", l’association des supporters détenant 26% du capital.

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