Boudjellal: "J'ai regardé les Dents de la mer 1, 2 et 3 et les Sharks ne me font pas peur"

  • Le président du RCT, Mourad Boudjellal
    Le président du RCT, Mourad Boudjellal
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Discret depuis le début de la saison, Mourad Boudjellal a tenu une conférence de presse improvisée mardi. L'occasion pour le président du RCT d'évoquer la provocation des Sharks qui veulent défier Toulon, mais également la rivalité avec Clermont ou le repos forcé de certains internationaux.

Vous avez été "défiés" par les Sharks sur les réseaux sociaux (sur leur Facebook les Sud-Africains ont écrit "Nous vous respectons en tant que double vainqueurs de la H Cup mais serez-vous capable de battre le vainqueur du Super Rugby conférence Sud-Africain de 2014? On vous joue quand vous voulez, où vous voulez!"). Comment réagissez-vous à cela?

Mourad Boudjellal: J'ai vu ce qu'ils ont déclaré sur le RCT et je trouve ça plutôt mal venu. J'ai regardé les Dents de la mer 1, 2 et 3 et les Sharks ne me font pas peur... S'ils veulent rencontrer un champion, c'est où ils veulent, quand ils veulent. S'ils pensent que c'est facile de réaliser le doublé, qu'ils envoient leur équipe et on verra. Bernard m'a dit qu'il n'y avait aucun problème s'ils cherchent l'estocade on est prêts à les recevoir...

Avant d'éventuellement disputer ce match, vous affrontez Clermont ce week-end. Comment voyez-vous cette rencontre?

M.B: Avec Clermont, c'est un peu les Rivaux de Painful Gulch avec O'Hara et O'Timmins. On est ennemis depuis des années, on se cherche... mais avec tout le respect que l'on a pour eux. Ce sont toujours des confrontations serrées avec souvent des anecdotes de fin de match. On y va avec beaucoup d'envie même si on est diminués. Je ne sais pas comment Clermont va arriver. En tout cas, je pense que c'est le derby de ces dernières années. Il y a deux ans c'était une finale de Coupe d'Europe, une demi finale, c'est devenu une sorte de Clasico entre les Rouge et Noir et les Jaune et Bleu. D'ailleurs, cette année il y aura peut-être un Jaune et Bleu qui ressortira du terrain en Rouge et Noir et inversement... Sait-on jamais?

Vous avez des vus sur un joueur en particulier?

M.B: Je n'en dirai pas plus. On est juste sur un marché concurrentiel.

On a des joueurs en vacances pour des matchs qu'ils n'ont pas disputé avec nous

En parlant de recrue, vous avez signé Matias Cortese comme joker médical de Craig Burden. Comment cela s'est fait?

M.B: On avait un autre choix au départ (Mahonri Schwalger, ndlr) mais il y avait un problème médical qu'on ne se sentait pas d'assumer vis à vis du joueur. Ferrnandez Lobbe nous en a parlé en bien de Cortese, j'ai dit à Juan: "Attention, s'il n'est pas bon tu joueras au talon". Il m'a dit qu'il prenait le risque. Les Argentins ont la côté en ce moment et ça risque de durer. C'est le troisième à rejoindre Toulon cette saison après Hernandez et Sanchez.

Pour revenir au match face à Clermont, il sera disputé à Nice. Et le stade semble avoir du mal à se remplir...

M.B: On est à 30 000 personnes pour l'instant, ce n'est pas trop mal. C'est compliqué car on surfe entre les compétitions. Pendant un mois, on a oublié qu'il y avait un Top 14 en ne pensant qu'aux tests internationaux. On a eu même une journée de championnat en soldes (la 11e, ndlr). Là, on revient à la compétition avec un doublon qui ne porte pas son nom. Car après cette fenêtre internationale, on doit des vacances à des joueurs (Botha, Habana et Chiocci).

Je suis plus choqué quand il y a des tennismen qui vivent en Suisse et qui jouent pour l'équipe de France

Ces joueurs absents car ils ont joué en sélection, on imagine votre frustration...

M.B: On a des joueurs en vacances pour des matchs qu'ils n'ont pas disputé avec nous. C'est le monde merveilleux du rugby. On se rend compte aujourd'hui que pour certains joueurs qui signent deux ans, ils ne sont chez nous que 8 mois. Sans compter les blessures... Avec l'article 9 de l'IRB (désormais World Rugby, ndlr), les joueurs sont gratuits pour les sélections et mis à leur disposition. Les Fédérations ont les tenants et les aboutissants. C'est juste impossible. Les clubs, en Angleterre et en France, représentent une part importante dans l'économie du rugby mondial. Les Fédérations ne peuvent plus l'ignorer. Les clubs doivent être consultés pour les calendriers, ce temps de la féodalité est révolu. On est dans un abus de situation dominante, ils imposent leurs propres règlements aux autres. Il va falloir respecter les clubs. La Fédération française nous dédommage, certes, mais les sommes servent à peine à payer un joueur. On nous dit que c'est pour le développement du rugby. Mais quand on voit les bénéfices de feu l'IRB et ses frais de bouche, il y a largement de quoi faire ailleurs.

Si l'on reste dans la thématique des joueurs étrangers, un autre débat a agité le rugby français ces dernières semaines. Quel regard portez vous sur cela?

M.B: Le problème des étrangers est un faux débat. Je suis stupéfait. L'équipe de France est le reflet de la société. On devient français par le droit du sol ou le droit du sang. Qui est-on dans le rugby pour avoir un droit différent de celui de la Nation? Quelqu'un vivant en France et pouvant acquérir la nationalité ne pourrait pas jouer en équipe de France? On n'a pas une super race de Français qui peut jouer pour l'équipe de France. Je suis plus choqué quand il y a des tennismen qui vivent en Suisse et qui jouent pour l'équipe de France...

En favorisant le salary cap, on tue le Top 14

Où en êtes-vous de vos procédures contre le système des JIFF?

M.B: On a une procédure à Bruxelles. Pour moi, c'est une stupidité absolue. Ce règlement a été mal pensé. C'est même le problème de l'équipe de France aujourd'hui. Les clubs ne forment plus de joueurs français mais des JIFF. On a amené une concurrence aux jeunes joueurs français dans tous les centres de formation. On a également affaibli les clubs financièrement, car les JIFF ont pris 20% de valeur supplémentaire.

Votre autre cheval de bataille est le salary cap...

M.B: C'est une aberration. Tellement de clubs ont la possibilité de détourner cette règle que personne n'est à égalité. Dites à un chef d'entreprise qu'il ne peut pas augmenter sa masse salariale pour se développer, il va vous rire au nez. En favorisant ce modèle là, on tue le Top 14. Aujourd'hui, tous les projets qui ont été construits sur l'engouement sont en Pro D2 ou en bas de tableau. En contrepartie, on a des clubs qui jouent le haut de l'affiche grâce au mécénat mais avec mille abonnés. L'engouement ne fait pas partie de leur économie, ils n'ont pas d'audience et de spectateurs.

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