Lamaison: "Bayonne est un club à fort potentiel"

  • Christophe Lamaison. France-Ecosse. Fevrier 2001
    Christophe Lamaison. France-Ecosse. Fevrier 2001
  • Christophe Lamaison sous le maillot bleu en 1998
    Christophe Lamaison sous le maillot bleu en 1998
Publié le Mis à jour
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Christophe Lamaison, recordman de points marqués en équipe de France (380), seul international tricolore à avoir réussi deux "Full-house" et grand artisan de la célèbre victoire française face aux All-Blacks en demi-finale de la Coupe du monde 1999 nous parle de ses anciens clubs mais aussi de ses activités depuis sa retraite et de l'évolution du Top 14. Première partie de son interview.

Quelles sont vos activités aujourd'hui?

Christophe Lamaison: Mes activités tournent autour de l'économie des énergies renouvelables. Plus explicitement, j'essaie d'aider les gens dans tout ce qui est maîtrise de l'énergie en proposant des solutions qui vont dans le cadre des économies d'énergie. Ma clientèle est avant tout professionnelle (résidentielle, tertiaire, médicale) avec toutefois une déclinaison sur le particulier. Cela concerne l'isolation, les process termiques, l'éclairage.. Parallèlement, j'entraine depuis quelques années un petit club basque, Arcangues, où mes enfants sont à l'école de rugby. Le président m'a demandé un coup de main et quand on est passionné, on met un pied puis les deux...et c'est parti! C'est un réel plaisir. Je me suis occupé de l'équipe première pendant quatre ans et j'ai maintenant basculé vers les plus jeunes.

Au regard de votre grande expérience, pourquoi ne vous voit-on pas œuvrer dans le rugby professionnel?

C.L: C'est un choix. Je n'ai pas forcément envie au premier abord. Disons que le rugby qui existe actuellement n'est pas celui que j'ai connu et pas forcément celui dans lequel j'ai envie de m'épanouir. Je sais que bon nombre d'anciens essaient de trouver une petite place là où il y en a peu. Et puis, je suis parti de suite dans ma reconversion où j'ai trouvé un autre intérêt, une autre passion donc je m'y consacre pleinement, ce qui me prends pas mal de temps. N'en demeure pas moins qu'après de nombreuses années à pratiquer le rugby, j'essaie de redonner plutôt à un petit club basque du nom d'Arcangues.

Je n'ai pas choisi ma sortie, je le regrette encore

Vous avez évolué dans trois clubs professionnels au cours de votre carrière professionnel (Bayonne, Brive, Agen). Quel regard portez-vous sur ces derniers?

C.L: J'ai en effet un regard attentif sur ces trois clubs. J'ai une sensibilité plus prononcée pour Bayonne car j'ai mes origines dans la région et j'y vis. Forcément, je vais regarder ce club plus qu'un autre. Je suis content que Bayonne soit toujours présent en Top 14 malgré un bon nombre de péripéties. C'est un club qui a un fort potentiel. Quand on parle de joueurs, on s'aperçoit enfin que l'on fait partie d'une région où le vivier est très important. Il n'y a qu'à voir le nombre d'écoles de rugby et de gamins ici. On voit enfin que la politique du club est en train de changer avec une part belle donnée aux jeunes de la formation avec les victoires que l'on peut voir notamment une première sélection pour le jeune Charles Ollivon et des jeunes issus du club qui jouent enfin avec l'équipe professionnelle. C'est une grosse satisfaction. D'autant plus que c'est une politique que l'on souhaitait depuis bien longtemps. Quand je dis "on", je parle de tous les internationaux qui ont portés le maillot de l'Aviron bayonnais dont je fais partie. Enfin une politique locale avec une forte identité qui a fait les heures de gloire de l'Aviron à une certaine époque.

Brive, bien évidemment, c'est mon club de cœur. Je les regarde d'autant plus qu'il y a la génération Casadei-Carbonneau que j'ai bien connu et qui se retrouvent entraineurs. Forcément un grand soutien pour le club mais aussi pour ces gens là et le travail qu'ils font. J'ai du plaisir à regarder cette équipe évoluer car dans la difficulté, elle arrive toujours à rehausser son niveau de combat, son niveau de jeu et arrive à faire déjouer tous les pronostics. Enfin Agen, je regarde sans regarder. C'est pas très sympa ce que je viens de dire (rires). Je leur souhaite évidemment de remonter le plus vite possible de remonter en Top 14 mais c'est toujours compliqué car on a beau avoir un palmarès, un historique assez riche, on s'aperçoit que c'est loin d'être facile de le faire.

Les jeunes joueurs n'arrivent pas à se reconnaitre dans les joueurs professionnels

En 2004 retentit le clap de fin de votre carrière professionnelle: comment l'avez vous vécu?

C.L: Toute bonne chose a une fin, ça c'est clair. Je m'étais déjà bien préparé à l'après. Tous les joueurs de ma génération connaissaient l'amateurisme ou le semi-professionnalisme. Tous étaient prêts à retrouver le chemin de la vie active. En ce qui me concerne, c'était la même chose. Je savais que le rugby allait s'arrêter. J'aurais pu choisir ma sortie ce qui n'a, hélas, pas été le cas car j'ai eu quelques petites divergences avec les dirigeants bayonnais de l'époque. Je n'ai donc pas forcément choisi l'arrêt de ma carrière et c'est quelque chose que je regrette encore un peu même si depuis, de l'eau est passée sous les ponts.

Il y a un trop fort décalage entre le rugby d'en haut et celui d'en bas

Comment jugez vous l'évolution du rugby professionnel notamment le Top 14?

C.L: Je ne vais pas faire le vieux rabat joie. Il faut vivre avec son temps. On a un champion qui attire avec une notion de spectacle extraordinaire. Le travail qui a été fait a été bien fait et les médias s'y retrouvent d'ailleurs. Maintenant ce que l'on peut reprocher car il y a du plus mais il y a surtout du moins, c'est bien français (rires): on peut toujours ne pas être d'accord avec la politique des clubs et l'arrivée de nombreux étrangers puis surtout sur le fait que l'on ne donne pas sa chance à un joueur français d'évoluer dans le Top 14. C'est d'autant plus vrai que je le vois quotidiennement dans les petits clubs. Les jeunes joueurs n'arrivent pas à se reconnaitre dans les joueurs professionnels. A mon époque, on s'identifiait à des Blanco, Berbizier, Gallion... ce qui n'est plus trop le cas aujourd'hui. Il y a un trop fort décalage entre le rugby d'en haut et le rugby d'en bas. Je trouve cela dommageable.

Si je vous parle du 30 novembre 1996, vous pensez à quoi?

C.L: Ma première sélection avec le maillot bleu. J'étais remplaçant à Bordeaux et on jouait contre les Sud-Africains. Paradoxalement, mes premières grosses émotions avec l'équipe de France dataient de l'année précédente car j'étais déjà convoqué pour les deux test contre les All-Blacks mais je n'avais pas foulé la pelouse durant ces deux rendez vous. C'était plus à ce moment là que je les ai vécu. C'est un transfert vers un autre monde! Je ne vais pas être très novateur dans ma réponse mais c'était une grande fierté. On pense à la famille, aux proches, à tous mes éducateurs notamment à Peyrehorade. C'est la concrétisation de tout le travail accompli. Mais comme disait mon entraineur de l'époque, ce n'est pas forcément le plus difficile d'y arriver mais d'y rester. J'avais bien compris le message et il fallait sans cesse prouver jusqu'en 1996 où j'ai la chance de rentrer quelques minutes contre les Sud-Africains. Je ne me rappelle plus trop du match mais c'était une immense joie que d'avoir cette première cape.

Christophe Lamaison sous le maillot bleu en 1998
Christophe Lamaison sous le maillot bleu en 1998

Retrouvez en fin d'après-midi la deuxième partie de l'interview de Christophe Lamaison, consacrée au XV de France...

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