Son maintien, Brive le doit à ses 89% de points pris à la maison

• Des statistiques dignes des meilleurs

Onze victoires pour seulement deux défaites. Brive possède le meilleur bilan à domicile cette saison. Un bilan qu’il partage avec Oyonnax, Clermont, Toulon et Toulouse. Quatre équipes classées dans les six meilleures de la saison régulière et qui vont disputer la course au Brennus à partir du week-end prochain. Onze victoires, dont trois bonifiées, pour un total de 47 points acquis sur sa pelouse et un ratio de 89 % de points glanés cette saison dans son antre d’Amédée-Domenech (47 points sur 53 au total !).

Brive est resté sur la même ligne que la saison passée, où le promu avait réalisé le même bilan, pour un maintien serein. Mais cette année, les Corréziens se sont montrés moins efficaces loin de leur stade et ont senti le vent du boulet jusqu’à l’ultime journée.

• Un début de saison pourtant poussif

Brive savait qu’il devait faire le nécessaire, dès le début de saison à domicile, pour se donner une marge de manœuvre qui lui éviterait de subir la pression de ses adversaires directs. Avec cinq réceptions lors des sept premières journées, Brive avait la possibilité de s’offrir un hiver au chaud. Mais en s’inclinant à deux reprises, face à Clermont (6-21, 2e journée) et Toulon (13-53, 6e journée), le CABCL s’est retrouvé en difficulté tout de suite. Derniers à l’issue de la sixième levée, les hommes de Nicolas Godignon ont su rester calmes pour respecter leur tableau de marche. Le coach briviste n’a cessé de le répéter, la deuxième saison après une montée est la plus difficile, et son club a pu mesurer la justesse de son analyse.

• Un hiver parfois glacial mais toujours au contact

Brive n’a connu la zone des relégables qu’à trois reprises dans toute la saison (6e, 8e et 9e journée). Dernier du classement à l’issue de la sixième journée et la déroute subie à Amédée-Domenech face à Toulon (13-53), Brive a tout de même réussi à rester au contact de ses rivaux en réussissant ses seules performances à l’extérieur. Une victoire à Montpellier (11e journée) et deux bonus défensifs arrachés à Grenoble (9e journée) et au Stade français (12e journée), seront les seuls points d’un parcours plus que difficile loin de la forteresse quasi imprenable que représente Amédée-Domenech. La Challenge Cup a permis aux Coujoux de garder le contact avec leur public pendant cet hiver laborieux. Mais en lâchant rapidement la compétition, Brive a concédé trois revers à domicile et commencé à inquiéter sérieusement ses fidèles supporters.

• Un printemps chaotique

La dernière ligne droite de la saison est alors arrivée. Brive a dû alors composer avec le Tournoi des 6 nations et les phases finales des Coupes d'Europe. Le rythme était alors d’un match tous les 15 jours, et les vieux grognards de l’effectif ont parfois eu du mal à maintenir le rythme. Nicolas Godignon a varié alors ses compositions d’équipe pour maintenir l’ensemble de l’effectif sous pression, et a remis en cause le statut de titulaire d’Arnaud Méla. Loin de vouloir stigmatiser les performances moyennes de son capitaine, Godignon a souhaité créer un sentiment de vexation à l’origine du renouveau de Méla dans le "money time". Brive a alors alterné les solides victoires à domicile avec de nettes défaites à l’extérieur. Le fond de la classe s'est rapproché peu à peu, et ce fut le moment pour le staff corrézien de lancer son opération maintien.

• Un "money time" suffoquant mais parfaitement maîtrisé

Il restait alors trois journées de championnat, avec deux déplacements pour seulement une réception. Brive savait qu’il allait devoir jouer les coups à fond. Mais deux défaites à Toulouse (67-19) et dans une confrontation directe pour le maintien à Castres (32-12), plaçaient le CABCL au pied du mur. Les Limousins allaient alors jouer leur saison sur un match, et la réception du Stade français lors de l’ultime journée. Pour rester maître de son destin, le club devait impérativement l’emporter avec le bonus. L’union sacrée était alors décrétée dans toute la ville. Arnaud Mignardi battait le rappel des supporters sur les différents forums, les commerçants paraient leurs devantures des couleurs noires et blanches, et au siège du club, on mettait en place une page Twitter de soutien aux joueurs. Le jour même du match, Amédée Domenech offrait une haie d’honneur à ses protégés, et imprimait une folle ambiance, digne des plus belles heures européennes du club à la fin des années 90.

On connaît ensuite la fin du film, où Brive a signé un onzième succès dans sa forteresse quasi imprenable (27-0). Il y aura donc bel et bien un épisode 3 à la trilogie des Brivistes en Top 14, mais la saison prochaine devra permettre aux Coujoux de s’exprimer plus aisément loin de leur antre. Dans un Top 14 plus serré que jamais, on a pu voir cette saison que toutes les équipes pouvaient réussir des coups loin de leurs bases. Pour éviter les mauvaises surprises, le CABCL devra aussi réapprendre à glaner des points loin de la Corrèze, afin de s’offrir une fin de saison moins pénible que celle qui vient de s’achever.