Bayonne respire encore, mais jusqu'à quand ?

Par Rugbyrama
  • Groupe Bayonne - 2014
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Passé tout près de la correctionnelle, Bayonne n'a d'autre choix que de se repenser, avec des finances fortement amputées qui ne prêtent pas à l'optimisme quant à sa pérennité en Top 14.

C'est surement la saison la plus éreintante que l'Aviron a eue à traverser, que ce soit sur le terrain ou aussi en coulisses: licenciement du demi de mêlée international gallois Mike Phillips, projet de fusion avec Biarritz avorté, départ et réduction du partenariat du président Alain Afflelou. Une saison qui fait grandir, mais aussi souffrir, où, pour s'en sortir, la passion, parfois, ne suffit pas. Celle des Basques pour l'élite n'a tenu qu'à un fil, à un sursaut printanier salvateur contre le Stade français (24-19) et Castres (23-13) à domicile, à Grenoble pour un nul (21-21) aux allures de reprise de destin en mains. Dans ce nouveau rugby où les métropoles ont définitivement pris le pouvoir, Bayonne (46.000 habitants) a gagné sa bataille de voisinage aux dépens de Biarritz, relégué, mais son avenir ne peut que s'inscrire en pointillés...

L'argent, nerf de la guerre dans le sport de haut niveau, ne fait pas toujours le bonheur; parfois il y contribue grandement, surtout quand il est bien utilisé. Avec le huitième budget de l'élite (18,1 millions d'euros) - Castres, champion de France, avait le neuvième cette saison, Biarritz et l'Usap les 10e et 11e - l'Aviron s'en est sorti in-extremis mais les perspectives n'incitent guère à l'optimisme. Avec le retrait d'Afflelou dont l'engagement va passer de quatre millions d'euros par an à un seul, la voilure va être considérablement réduite la saison prochaine alors que partout ailleurs, on arrive encore à décrocher des soutiens financiers ou de partenariat.

Noriega pressenti comme entraîneur

On peut donc aisément imaginer que le scénario de cette fin de saison a de fortes chances de se reproduire l'an prochain avec un épilogue qui pourrait être beaucoup moins souriant. Bayonne doit donc se repenser, faire son auto-critique indispensable au niveau de ses structures, de son équipe, de son encadrement - l'entraîneur des avants du Stade français, l'Argentin Patricio Noriega, est pressenti pour remplacer Christian Lanta - pour ne pas que le virage qu'ambitionne l'Aviron ne se transforme en mirage et fasse écho à un an d'intervalle avec les gamelles biarrotes et catalanes.

A sa tête depuis deux mois, le président Manu Mérin a vécu un apprentissage accéléré, passant par tous les états jusqu'à la délivrance: "J'ai eu l'impression d'être sur un ring de boxe, admet-il. J'espère que le club va retrouver de la sérénité. Je vais tout faire pour la retrouver. Il faut qu'on analyse, c'est notre rôle, pourquoi avec un effectif riche et un budget tout à fait convenable, on en arrive à se sauver à la dernière journée. Il faut tenter de tout mettre en oeuvre pour que ça ne se reproduise pas".

Un réservoir prometteur

Avec un budget moindre, d'autres clubs ont réussi des recrutements de bon aloi en s'appuyant sur des joueurs pour certains inconnus, venus de Pro D2, de Fédérales, en faisant confiance à leur jeunesse. Paradoxe ciel et blanc, quand le club des bords de Nive prospectait dans l'autre hémisphère pour imiter les ténors du Top 14 et dénicher la perle rare, il possédait en son sein un réservoir prometteur (Charles Ollivon, Anthony Etrillard, Matthieu Ugalde, Guillaume Rouet) qui a tenu un rôle majeur ces dernières semaines dans la quête du maintien.

"Il faudra peut-être que l'on revienne à des valeurs qui étaient les nôtres il y a quelques années", estime Manu Mérin, conscient des nouvelles réalités bayonnaises. Cette jeunesse triomphante, bien encadrée par une colonne vertébrale expérimentée, ne suffira peut-être pas pour maintenir le dernier représentant basque dans l'élite. Mais, dans les conditions économiques locales, c'est bien le seul socle sur lequel l'Aviron peut s'appuyer dans les prochains mois.

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