Boudjellal: "Toulon est le club le plus pauvre des six qualifiés"

Par Rugbyrama
  • Mourad Boudjellal - Mai 2011
    Mourad Boudjellal - Mai 2011
Publié le Mis à jour
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Dans la seconde partie de l'entretien qu'il nous a accordé, Mourad Boudjellal se plonge sur sa sanction et le pouvoir économique du RCT.

On a la sensation que votre discours a finalement réussi à s’imposer à l’échelle de Toulon, mais grince à l’échelle nationale…

Mourad BOUDJELLAL: Aujourd’hui, on me reproche d’être un électron libre, qui fait peur parce qu’il est assez incontrôlable. Mais j’ai simplement bien perçu mon poids médiatique. Je ne suis pas dupe. C’est le fruit de ma façon de parler, certes, mais c’est aussi le fait de ma représentation sociétale, de par mes origines. C’est évident. Quand j’ai pris la présidence du RCT, c’est d’abord la presse sociétale qui est venue vers moi, pas la presse sportive. Par exemple, quand je suis avec René Bouscatel, pour qui j’ai un profond respect, ou même avec d’autres présidents de club, c’est souvent moi que les journalistes viennent voir. C’est peut-être vexatoire pour eux. Ma sanction, elle veut aussi dire: "arrête d’occuper l’espace". Quand on m’interdit d’aller sur le banc, c’est en fait une manière qu’on ne me voit plus sur le banc. Pas le simple fait que j’y sois. On en revient à la notion de bien ou de mal. Chaque président devrait avoir le droit de voir le match où il veut: sur le banc, en tribune, dans les vestiaires ou sur son canapé. Du moment qu’il se sent bien ! Le match, pour un président, est un moment de stress.

Est-ce véritablement frustrant, pour vous, de ne pas pouvoir aller le voir sur le banc ?

M.B.: Je me suis organisé. Je suis un gémeau, donc je m’adapte.

Quand tous vos démêlés seront finis, vous y retournerez ?

M.B.: Déjà, ce sera fini quand je le déciderai. Peut-être que je resterai en tribune pendant cinq ans. Mais si j’ai une grâce, je ne serai pas agressif. J’ai par principe, quand on m’envoie du positif, de rendre du positif. C’est le béa-ba de l’éducation. Il y a quelque chose dont je suis sûr à propos de Pierre-Yves Revol et qui pourrait expliquer sa position s’il venait à me gracier: c’est quelqu’un qui respecte véritablement l’investissement des présidents. Il y est très sensible. Il sait ce que représente pour un président un match de phase finale et le stresse qu’il engendre. Il n’y aurait rien de calculé dans sa démarche de me gracier.

Ne pas avoir le Brennus cette saison, serait-ce un échec ?

M.B.: Non, parce que ce n’est pas programmé. L’échec, ce serait de ne pas l’avoir quand je partirai. Mais je sais aussi que je ne suis pas président dans la période la plus facile. C’est comme, en cyclisme, quand vous faites votre carrière en même temps qu’Armstrong. En ce moment, en pleine gloire du professionnalisme et avec l’arrivée de grands mécènes ou industriels, c’est délicat. Quoiqu’on en dise, le RCT est le club le plus pauvre des six qualifiés! Je n’ai pas l’économie de Toulouse, construite autour du projet du président René Bouscatel et qui a amené le budget du club à plus de 30 millions d’euros. Je n’ai pas l’économie de Michelin à Clermont, ni les moyens de Jacky Lorenzetti, Mohed Altrad ou Pierre Fabre. Je ne m’en plains d’ailleurs pas. Il s’agit juste d’un constat. Notre budget de 20 millions est construit avec l’économie toulonnaise. Personnellement, je ne mets plus d’argent. Mais tous les gens que je viens de citer, ils peuvent acheter demain l’équipe des All Blacks pour jouer en Top 14, sans que cela les empêche de partir en vacances. Moi, cela peut m’en empêcher. La différence est là. Ce n’est pas une insulte de dire qu’ils ont des moyens financiers dont je ne dispose pas. Simplement, il ne faut pas faire passer le RCT pour le grand riche !

Vous êtes par contre le club qui investit le plus…

M.B.: Mais je mets tout dans le rugby. La qualité des petits fours en loge, de mes hôtels ou de mes transports, je m’en fous. D’ailleurs je ne facture rien de personnel au club.

Quid des aménagements du stade ?

M.B.: On y va par étape. Mayol est une cathédrale ! On ne peut pas tout casser. Mais les choses vont avancer. Je reconnais qu’on est très aidé par la municipalité. Quand je suis arrivé, la ville donnait deux millions d’euros, soit 35 % du budget. Aujourd’hui, l’investissement de la ville est de 2,8 millions, soit un peu plus de 10 % de notre budget. On est dans nos objectifs: augmenter les subventions en valeur, mais faire baisser leur part dans le budget global. Je tiens d’ailleurs à l’affirmer: oui, nous sommes très soutenus par les collectivités. Mais regardez Montpellier: la ville leur a construit un stade à 100 millions d’euros ! Tout le monde est aidé. Mais chacun préfère se pencher sur le cas de Toulon. On paye aussi notre l’engouement médiatique et populaire que le club provoque, certainement supérieur à beaucoup d’autres. Et ça, cela ne s’achète pas.

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