Présentation: Clermont

Par Rugbyrama
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Avant-dernier volet de notre tour d'horizon des clubs du Top 14. Place vendredi à Clermont, finaliste malheureux en 2007, 2008 et 2009. Triple vice-championne de France en titre, l'ASM cherche toujours son premier Brennus. Les Jaunards repartent donc en quête de leur rêve. Avec de sérieux arguments.

ASM CLERMONT AUVERGNE

Fondé en 1883
Stade: Marcel-Michelin
Président: René Fontès
Entraîneur: Vern Cotter
Classement 2009: 3e (Finaliste)
Titres: 0

TOUR D'HORIZON

Souvent chaotique, frappée du sceau de l'irrégularité et du talent gâché au début du siècle présent, l'ASMCA a pris le bon wagon depuis quelques années, s'imposant comme une force majeure du rugby français, et ce durablement. Le club s'est remarquablement structuré, opérant saison après saison un recrutement souvent judicieux tant au niveau du staff que des joueurs, qui lui a permis de se hisser au niveau de Toulouse ou Paris. Mieux, en termes de jeu, Clermont est devenu une référence. Ce n'est pas la plus mince de ses victoires. Sur l'ensemble des trois dernières saisons, personne n'a marqué plus de points lors de la phase régulière que les Clermontois. Et aucune autre équipe n'a réussi à disputer les trois dernières finales. L'ASM, elle, était présente au Stade de France en 2007 (contre le Stade français), en 2008 (face à Toulouse) et encore en 2009 (contre Perpignan). Une permanence au plus haut niveau absolument remarquable. Mais, car il y a un mais que l'Ovalie hexagonale nomme malédiction, Clermont a perdu ses trois finales.

Il manque donc toujours à ce groupe qui a tout pour lui la consécration ultime, celle qui change pour de bon la dimension d'un club. A l'évidence, Montferrand mérite un Brennus pour l'ensemble de son oeuvre récente. Mais un titre ne se mérite pas. Il se gagne. C'est un cliché, mais il n'y a rien de plus vrai que les clichés. Ces trois derniers étés, la bande à Aurélien Rougerie aurait pu entamer sa reprise avec le statut prisé de championne de France en titre. Au lieu de quoi il lui faut tout recommencer pour gagner le droit de retourner au Stade de France, une fois de plus. Difficile de tourner la page à chaque fois, mais les Clermontois n'ont pas le choix. L'an dernier, ils avaient vécu un début de saison très difficile, avouant que la finale perdu face à Toulouse n'avait pas été digérée. Lionel Faure, une des recrues de l'été 2009, jure ne pas avoir remarqué la moindre trace du dernier échec en date, face à l'Usap. "Ou alors ils le cachent bien", sourit le pilier international. De la faculté de l'ASM à évacuer, réellement, les stigmates du printemps dernier, dépend son début de saison. De sa capacité à devenir aussi forte mentalement qu'elle l'est collectivement dépend l'issue de cette même saison. Car pour le reste, cette équipe a trop de talent pour ne pas être au rendez-vous des phases finales dans neuf mois.

L'OBJECTIF

Est-il vraiment nécessaire de faire un dessin? Quand une équipe vient d'échouer trois fois de suite en finale, son seul objectif est de franchir enfin cette maudite dernière marche. Après son triste triptyque, l'ASM en est désormais à 10 finales perdues dans son histoire. Autant dire que l'objectif est tout trouvé pour la nouvelle saison. Incontestablement, Clermont a les moyens de cette ambition. L'effectif a été peu chamboulé. Parmi les départs importants, on notera ceux de Pierre Mignoni et Laurent Emmanuelli, les deux seuls titulaires à quitter le paquebot auvergnat. Ils sont remplacés par deux internationaux, Morgan Parra et Lionel Faure. Pas mal du tout. Le reste du recrutement va permettre de densifier l'effectif, à l'image du troisième ligne écossais Jason White ou de l'ouvreur samoan Tasese Lavea, issu du Super 14. Cotter a souhaité recruter non seulement des bons joueurs, mais aussi des leaders, à l'image de Parra. En dépit de son jeune âge, l'ancien Berjallien a déjà eu l'occasion de prouver que la pression ne lui faisait pas peur. Au contraire. Fort de ce squad hyper complet devant comme derrière, où les joueurs d'expérience se mêlent aux jeunes prometteurs, l'ASM s'annonce une fois de plus hyper compétitive.

LA STAR: Napolioni Nalaga

Un véritable phénomène. Le supersonique ailier fidjien s'est imposé en l'espace de deux saisons comme la grande attraction du Top 14, dont il a terminé meilleure marqueur d'essais en 2008 et 2009. Grâce à ses exceptionnelles qualités de finisseur, sa capacité à résister au premier plaquage, "Naps" donne le tournis à toutes les défenses de France et de Navarre. Il possède un exceptionnel compromis vitesse-puissance jamais vu peut-être à son poste depuis Jonah Lomu. Ses statistiques donnent le tournis. La saison passée, il a claqué 21 essais. Deux bémols, toutefois. Nalaga marque énormément face aux "petites" équipes et aux défenses faiblardes. Mais quand il est bien pris, dans des matches plus tendus, plus serrés, il a souvent du mal à s'exprimer. Ce fut flagrant lors des deux dernières finales. Même s'il a marqué face à Perpignan, il s'est rarement montré menaçant et a touché un minimum de ballons. Par ailleurs, le Fidjien est nettement moins efficace quand il n'a pas le ballon. Défensivement, il doit progresser. Mais Nalaga n'a encore que 23 ans et une marge de progression conséquente devant lui. De quoi effrayer la concurrence, car personne n'aime se retrouver face à ce phénomène.

LE JOUEUR A SUIVRE: Alexandre Lapandry

Malgré son statut de ténor du Top 14, Clermont n'hésite pas à donner sa chance à ses jeunes. L'ASM a bien raison. Elle aurait même tort de s'en priver, car elle possède quelques perles. La plus belle a pour nom Alexandre Lapandry. Annoncé il y a déjà trois ans comme un futur grand du rugby français, le troisième ligne aile n'a pas tardé à se faire une place au soleil en Auvergne. La saison dernière, Vern Cotter a déjà largement fait appel à lui, le titularisant tout de même à 10 reprises. Le Bourguignon, capitaine de l'équipe de France des moins de 20 ans, sait qu'il doit encore s'étoffer physiquement, même s'il aura toujours plus le profil coureur au large que déménageur. Au sein d'une troisième ligne où les tauliers ont tous franchi la trentaine (Bonnaire, Vermeulen, Audebert, White), Lapandry devrait avoir l'occasion de s'exprimer. S'il continue de progresser au même rythme que ces derniers mois, il ne serait même pas étonnant de le retrouver dans la peau d'un titulaire en fin de saison.

LE DEPART QUI FAIT MAL: Pierre Mignoni

Même si le club auvergnat a sans doute trouvé en Morgan Parra son remplaçant idéal (un placement à long terme immédiatement rentable, c'est rare), le départ de Pierre Mignoni laisse un vide du côté de Marcel-Michelin, tant le demi de mêlée était devenu un leader incontournable. Il sera resté six ans à Clermont. Il suffit de comparer ce qu'était l'ASM à son arrivée et à son départ pour mesurer le chemin parcouru. Or, Mignoni fut un des éléments moteurs de la mutation du jeu jaune et bleu. Grand cornaqueur de pack, dynamiseur de jeu, à la fois intelligent et guerrier, Pierrot le filou avait gagné le respect de chacun. Il ne lui aura finalement que ce Brennus pour parachever par un grand succès collectif ses performances individuelles. A 32 ans, il a choisi de retourner dans sa ville, à Toulon. Mais quelque chose nous dit que, désormais, à Clermont aussi il sera toujours chez lui...

MOUVEMENTS

Arrivées: Parra (Bourgoin), White (Sale), Faure (Sale), K.Senio (Castres), Lavea (Chiefs), Wepener (Lions)

Départs: Mignoni (Toulon), Emmanuelli (Toulon), J.Senio (Bourgoin-Jallieu), Alexandre (Biarritz), Combezou (La Rochelle), Etien (Montauban), Garcia (Castres), Mignardi (Biarritz), Lozupone (?)

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