Questions de reconversion

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Provale s'inquiète de la reconversion des joueurs professionnels en France. Le syndicat des joueurs a donc commandé une étude sur le thème "Fin de carrière et reconversion des rugbymen professionnels en France". Les résultats portent à la réflexion, chiff

69% des joueurs qui ont répondu à l'étude ont (plutôt ou très) bien vécu le fait de ne plus être professionnel et 95,6% d'entre eux ont retrouvé un emploi depuis. Des chiffres plutôt encourageants, récoltés auprès de 305 joueurs sortis du circuit pro entre 2000 et 2004. Pourtant, ils posent question dans un rugby qui évolue à vitesse grand V.

Pluriactifs et diplômés... jusqu'à quand ?

En effet, si 87% des sondés étaient titulaires du Bac (et 60% d'un Bac +2), les joueurs sont de moins en moins diplômés désormais. Plus éloquent : 88% d'entre eux étaient pluriactifs pendant une partie ou la totalité de leur carrière. Ce chiffre tombe à "15 à 20% grand maximum" aujourd'hui, selon le président de Provale Sylvain Deroeux. "C'est ce qui est inquiétant. La pluriactivité et les diplômes, qui étaient les principaux facteurs d'une bonne reconversion, n'existent presque plus."

Et si les salaires sont de plus en plus élevés, ils ne permettent pas aux joueurs, pour le moment, d'assurer leurs retraites sans travailler après avoir quitté le monde du rugby. Que faire alors ? "Il faut mettre différents systèmes en place, reprend Sylvain Deroeux. Pour ceux de 20 ans, il faut faire de l'information, pour ceux de 25 ans, de la formation, et pour ceux de 30 ans, s'occuper de la reconversion." Le travail a déjà été commencé par l'Agence 15, un organisme créé par Provale pour prendre en charge la reconversion des joueurs. "Mais il est difficile de convaincre un jeune de 20 ans qui gagne 5000 euros par mois qu'il doit continuer ses études et passer un jour par semaine dans une entreprise pour 500 euros de plus&hellip"

"Ce qu'il faut noter", précise Franck Eisenberg, le sociologue qui a mené cette étude, "c'est que le fait que la sortie du professionnalisme soit un moment fragilisant pour le joueur et sa reconversion sont liés. Si 69% disent avoir bien vécu le fait de ne plus être professionnel, c'est parce qu'en continuant ou reprenant leur métier, ils ont pu s'investir dans un autre projet. Qu'en sera-t-il des autres ?"

La Fédérale, sas de décompression

46,3% d'entre eux affirment avoir éprouvé "un sentiment de vide" à l'arrêt de leur carrière, 25% ont connu des difficultés psychologiques. "C'est une estimation basse, explique Eisenberg. Il n'est pas facile, dans la population générale, de reconnaître ou d'identifier qu'on a des problèmes. Mais pour les rugbymen, pas habitués traditionnellement à évoquer ces problèmes, c'est encore plus dur." Alors pour passer le cap, beaucoup se tournent vers les Fédérales, "sas de décompression" selon l'étude. Ils sont ainsi 72,5% à y jouer après leur sortie du professionnalisme. Mais là aussi les choses évoluent. La prochaine génération étant de moins en moins diplômée, les joueurs seront de plus en plus nombreux à se tourner vers la Fédérale qui ne pourra pas accueillir tout le monde.

Bref, cette étude ne prête pas à l'optimisme mais Franck Eisenberg le souligne,"il faut rester prudent. Cette étude est une photographie et les projections faites ne tiennent pas compte des choses qui peuvent être mises en place entre temps." Comme les mesures que compte prendre Provale par exemple.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?