"On est très fier"

Neuf points. Le Stade Français compte aujourd'hui neuf points d'avance sur ses premiers poursuivants, Toulouse et Biarritz. Un gouffre, après seulement six journées. Il y a donc autant d'écart entre Paris et ses dauphins qu'entre ces derniers et... Narbonne, 12e du classement. C'est dire l'ampleur de la domination parisienne en ce début de saison. L'argument de la faiblesse de l'opposition ne peut d'ailleurs plus tenir depuis samedi. Vainqueurs à Toulouse, les hommes du président Guazzini ont tordu le coup à cet argument.

Compte tenu du calendrier du prochain mois (réceptions de Bourgoin et Albi, déplacements à Brive et Montauban), le Stade Français peut même envisager d'obtenir un parfait 10/10. Mais l'essentiel est ailleurs. A Toulouse, Paris a ainsi engrangé bien plus que quatre points. L'ascendant psychologique pris face à un tel rival ne peut pas faire de mal. "On est sur une bonne spirale, on a beaucoup de confiance, cela compte, dans les moments difficiles ça pèse", juge Fabien Galthié. Solide sur ses bases, le Stade l'est effectivement, aussi, dans sa tête. La solidarité affichée en fin de rencontre face à un pack toulousain déchainé en témoigne.

Savoir s'adapter

C'est surtout la faculté d'adaptation des Parisiens qui a impressionné, tant face aux conditions de jeu que devant le défi physique proposé par l'adversaire. Galthié rappelle d'ailleurs qu'au printemps dernier, sur un terrain également gorgé d'eau, son équipe avait pris l'eau à Toulouse. "Il faut savoir s'adapter aux conditions météo, l'an dernier on n'avait pas su d'adapter, on avait pris 15 à 0, on avait souffert tout le match. On a retenu les leçons du passé, on a mieux géré, mieux joué. " Le résultat est là.

L'autre clé du succès, c'est incontestablement ce réalisme froid affiché aux deux bouts du terrain. Que ce soit au pied (4/4 pour Lionel Beauxis dont une transformation en coin qui a pesé lourd en obligeant Toulouse à marquer un essai pour gagner), ou en défense, les Parisiens ont su maximiser leurs rares temps forts, tout en contenant ceux des Haut-Garonnais. "Je crois qu'on marque l'essai quand il faut, note également Christophe Dominici. Après on s'est arc-boutés. Cela se joue à pas grand-chose, et si on l'avait perdu on aurait dit qu'on n'a pas su jouer nos ballons, les mettre en difficulté."

Galthié: "C'est long, huit mois"

Oui mais voilà, Paris n'a pas perdu. Au lieu de s'excuser d'avoir peu joué et beaucoup défendu, les hommes de Galthié peuvent donc s'en targuer. "Gagner ici aujourd'hui c'est un grand résultat", lance l'ancien demi de mêlée du XV de France. "On est venus concentrés mais sans objectif particulier autre que faire un grand match et s'étalonner. On s'est étalonné, et on est très fier de ce qu'on a fait", renchérit Dominici. Même si Galthié répète à l'envie qu'il ne faut pas donner à cette victoire plus d'importance qu'elle n'en a. "Gagner à Toulouse, c'est une référence, oui, mais on est en septembre, la finale se joue dans huit mois. C'est long, huit mois".

Et l'entraineur parisien de rappeler que l'an dernier, Toulouse avait remporté ses huit premiers matches avant de connaitre de plus en plus de difficultés, pour finalement terminer troisième de la phase régulière. Les vérités de l'été ne sont pas toujours celles du printemps. "On a gagné ici, c'est bien, c'est très bien même, mais nous ne sommes pas champions de France pour autant ", tempère lui aussi le capitaine David Auradou. Paris n'est donc pas arrivé. Il suit simplement son chemin, à son rythme. Pour l'instant, personne n'est capable de suivre.