Bleus : communication coupée ?

Les lacunes des Bleus dans l'animation offensive. Voilà ce dont tout le monde parle depuis samedi et la victoire sans essai à Montpellier contre l'Argentine (15-9). Au CNR aussi on en a beaucoup discuté. Entre joueurs. Entre entraîneurs. Entre joueurs et entraîneurs. Et ce qui ressort de ces entretiens, c'est que le mal vient principalement d'un problème de communication: "L'équipe a été assez efficace sur les premiers temps de jeu alors c'est plutôt la défense argentine et un déficit de complicité entre les joueurs qui les ont empêchés de prendre les bonnes décisions au bon moment, explique l'un des entraîneurs Didier Retière. Il s'agit plus de petites interférences dans la communication que d'une véritable incompréhension."

L'un des dépositaires du jeu tricolore, l'ouvreur Damien Traille, abonde dans le même sens. "Nous n'avons pas bien communiqué entre nous, ni avec les avants d'ailleurs sur certaines annonces, admet-il. Contre l'Australie, il faudra aller au plus simple pour que tout le monde se comprenne facilement. Cette semaine, nous discutons beaucoup, entre trois-quarts notamment, pour essayer de trouver des solutions collectivement."

Plus de séances en opposition

Les Bleus font donc des efforts pour plus se parler, plus s'écouter. A la demande des joueurs, de nouvelles séances d'entraînements en opposition ont été programmées. "La semaine dernière, on en avait fait une seule, avec les Moins de 19 ans, témoigne Morgan Parra. Ils n'avaient pas trop cherché à "batailler", avaient été trop respectueux et n'avaient pas essayé de nous "foutre le bordel" dans les rucks. Là, nous essayons d'être plus proches de la réalité". Les choses semblent plus simples en cette deuxième semaine de travail en commun : "Etre de nouveau alignés ensemble permet de faire des modifications. Nous avons déjà changé des choses, dans le redistribution ou dans le placement du 9, du 10 et des trois-quarts pour éviter un maximum de déchet", précise Traille.

Dimanche, le staff avait convoqué le Biarrot, ainsi que Morgan Parra et Yannick Jauzion pour leur expliquer ce qu'il attendait d'eux, collectivement et individuellement. "Nous espérons une grosse amélioration, a prévenu Marc Lièvremont. Il y a eu beaucoup de discussions cette semaine par rapport à ce manque de repères." Mais c'est toute la ligne d'arrières française qui sera au centre des attentions samedi au Stade de France. L'ailier Yoann Huget, qui fêtera sa deuxième sélection, demande un peu de temps : "Une attaque ne se construit pas du jour au lendemain, il faut être patient, assure-t-il. Mais ça ira mieux, forcément. Nous aurons plus de repères." Marc Lièvremont, lui aussi, se montre confiant : "Même si notre jeu n'est pas suffisamment abouti, il va dans le bon sens. Les joueurs ne sont pas perdus, on le voit tout le temps à la façon dont ils s'approprient le jeu." Reste désormais à le partager...