Les Crusaders crucifiés

Au terme d'une saison éprouvante, pleine de rebondissements, les Crusaders montaient en puissance en cette fin d'exercice. Inexorablement. Ces Néo-Zélandais qui ont subi le drame du tremblement de terre de Christchurch qui les a obligés à déménager du côté de Nelson pour leurs matchs à domicile. Les coéquipiers de Dan Carter qui, sur le terrain, ont également mis du temps à trouver leur rythme de croisière. "Je suis bien sûr fier de la manière dont les gars se sont mis à la tâche toute l'année, au milieu de toutes ces difficultés", se félicite d'ailleurs le capitaine Richie McCaw.

Car lors des dernières semaines, lui et ses partenaires apparaissaient impériaux. Eux les septuples vainqueurs de la compétition. Eux qui possèdent au moins la moitié de l'équipe type des All Blacks. Eux à l'expérience et l'expertise inégalables dans l'hémisphère Sud. Même si les Reds ont survolé le Super 15 depuis son entame, il était difficile d'imaginer une autre issue qu'un huitième sacre des Crusaders samedi... Hypothèse renforcée par un scénario à leur avantage. Dans un match particulièrement brouillon, ces derniers sont parvenus à prendre les devants au tableau d'affichage après un exploit du meilleur ouvreur de la planète en première période. Après la pause, les Crusaders, qui menaient 10-6, dominaient même franchement la rencontre et il était alors inconcevable de les voir s'effondrer.

"Une finale épique"

Pourtant, l'impensable est survenu : les Néo-Zélandais ont manqué de maîtrise et de souffle. Offrant des munitions à leurs adversaires sur des ballons de récupération dont ils ont profité pour inscrire deux essais. "C'était une finale épique, reconnaît McCaw. Elle s'est résumée à une ou deux occasions. Ils nous ont fait payer nos erreurs. Les Reds ont marqué leurs essais et ont su tirer avantage des turnovers." Surtout, les pensionnaires des Crusaders semblaient occis en fin de match, incapables de renverser la vapeur. "Nous n'avions pas d'excuse pour gagner ou perdre, ajoute McCaw. Nous étions prêts à jouer une finale mais nous n'avons pas été assez forts. Je suis fier de la chance que nous nous sommes donnés, mais quand même déçu d'être second."

La frustration était grande dans les rangs néo-zélandais samedi. Après deux saisons blanches, la formation la plus titrée de l'hémisphère Sud pensait mettre fin à cette carence. Mais ce revers vient rappeler qu'aussi impressionnants soient-ils, les Crusaders ne sont plus la machine de guerre intouchable qu'ils ont été... Même abattu, le flanker et capitaine, Richie McCaw, a néanmoins tenu à avoir un mot pour les siens : "Je voudrais adresser une pensée pour tout le peuple de Christchurch à la maison. Chaque fois que nous avons mis le pied sur le terrain, nous l'avons fait pour les gens restés à Christchurch et nous espérons que nous avons réussi à dessiner un sourire sur leur visage." Il aurait toutefois été plus large si les Néo-Zélandais avaient mieux géré leur avance au score...