Quand le rugby participe au processus de paix en Colombie

  • RUGBY - 12 jeunes Colombiens en visite au LOU
    RUGBY - 12 jeunes Colombiens en visite au LOU
  • RUGBY - 12 jeunes Colombiens en visite au LOU - 2017
    RUGBY - 12 jeunes Colombiens en visite au LOU - 2017
  • Andrés Zafra (LOU)
    Andrés Zafra (LOU)
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On parle souvent des fameuses valeurs que l’on dit vite oubliées quand il s’agit d’évoquer les affaires qui entachent parfois le rugby français. Pourtant, celles-ci sont encore bien actuelles au regard d’un dispositif lancé en 2011 par le gouvernement colombien. Par le biais du sport et de l’ovalie, il s’agit de construire et de pérenniser la paix dans ce pays.

Une douzaine de Colombiens dans les rues de Paris et Lyon vêtus d’un survêtement aux couleurs nationales, cela ne passe pas inaperçu. Alors que 2017 est une année d’échange entre la France et la Colombie, ce groupe représente Cúcuta. Cette ville du Nord-Est, à la frontière du Venezuela, n’est pas épargnée par les problèmes d’enrôlement de mineurs par des groupes armés et le gouvernement a choisi le sport et la culture comme outils de construction de la paix par l’initiative "Diplomatie Sportive et Culturelle".

"Nous voulons les motiver à faire du sport et veillons à ce qu’ils utilisent bien leur temps libre", explique Clara Pedroza du ministère des Affaires Étrangères colombien. Il s’agit de sortir les enfants de la rue ou d’éviter qu’ils ne soient sollicités en leur proposant des activités telles que le rugby. Depuis 2011, 1 700 jeunes, entraineurs et professeurs ont ainsi pu bénéficier du dispositif avec 114 échanges dans 42 pays.

RUGBY - 12 jeunes Colombiens en visite au LOU - 2017
RUGBY - 12 jeunes Colombiens en visite au LOU - 2017

Grâce aux ententes internationales, le groupe a été accueilli fin septembre à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Lyon, qui est partenaire pour la deuxième année consécutive. Âgés de 14 à 15 ans, ces garçons "vivent les valeurs du rugby et ce sont des modèles à suivre", poursuit Clara Pedroza. Sélectionnés grâce à leurs bons résultats scolaires et sportifs, ils ont participé à la 8e édition du Tournoi des Capitales à Paris, qui est le premier tournoi mondial de rugby à VII pour les moins de 16 ans. Le rugby est au centre de la démarche sociale qui vise aussi à éduquer des jeunes aux étoiles pleins les yeux.

J'applique dans ma vie les valeurs que le rugby m’enseigne

Parmi eux, Marlon se propose pour témoigner de sa première expérience en Europe. "Je veux être ingénieur et je rêve de jouer au LOU", dit-il, alors qu’il est venu assister à une séance d’entrainement avec ses camarades. Il a découvert le rugby au collège et y a pris gout, à l’image de son pays. L’équipe à VII féminine a d’ailleurs participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016. "J’applique dans ma vie les valeurs que le rugby m’enseigne, c’est à dire le respect, l’investissement et le travail d’équipe." Elles sont donc universelles. Venir en France est une belle opportunité et cela profite ensuite à toute la communauté.

L’exemple Andrés Zafra, 2ème ligne au LOU

Pour tous ces jeunes, l’exemple à suivre est Andrés Zafra avec qui ils ont pu échanger. Ce 2e ligne a été repéré par Cédric Desbrosse et l’association Rugby French Flair lors d’un séjour en Colombie en octobre 2015. L’ancien trois-quarts international est aujourd’hui l’entraineur du SO Givors (Fédérale 3) et a offert sa chance à ce jeune né en 1996. "Ils m’ont dit que j’avais un truc différent et un potentiel pour jouer en France alors j’ai tout de suite dit oui", explique cet étudiant en génie mécanique.

Andrés Zafra (LOU)
Andrés Zafra (LOU)

Andrés s’est retrouvé dans le Sud de Lyon dès janvier 2016 pour participer à ses premiers entrainements et ses premiers matches avant que plusieurs clubs ne s’intéressent à lui (Paris, Toulouse, Bordeaux, Lyon et Oyonnax). C’est au LOU qu’il décide de signer un contrat, et où il fait sa première apparition en Top 14 en fin de saison dernière, devenant le premier Colombien à évoluer dans l’Hexagone.

Andrés Zafra est aussi de Cúcuta. Il jouait au Carboneros Rugby Club. Malgré des qualités physiques évidentes (1,98m, 111kg), il n’était pas forcément prédestiné à jouer au rugby dans un pays où le football est roi. "À 16 ans, on m’a invité trois fois à venir m’entrainer et j’ai toujours dit non, jusqu’au jour où j’ai fini par accepter car il manquait des joueurs", confie-t-il. "En Colombie, beaucoup ne connaissent pas le rugby mais les gens sont curieux et surpris car si je suis ici, c’est que c’est possible de réussir", conclut ce gaillard au sourire contagieux, que tout un pays suit, et qui devrait bientôt faire son retour sur les terrains.

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