Les nerfs à vif

Par Rugbyrama
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Battu à Pau samedi au terme d'un match particulièrement houleux, Toulon voit son avance fondre dangereusement au classement. Le RCT perd de sa sérénité. Mourad Boudjellal, lui, pense que tout le monde en veut à son club. Le président varois s'est lâché à

Toulon est-il en train de craquer? Le RCT semblait parti pour une promenade de santé dans ce championnat de Pro D2 qu'il survolait après avoir remporté 13 de ses 14 premiers matchs. Mais depuis la nouvelle année, la belle mécanique s'est enrayée. A Pau, samedi, les Varois ont subi leur quatrième défaite sur leurs cinq derniers déplacements. Du coup, le Racing, nouveau dauphin, n'est plus qu'à six points, avec un match en retard à jouer à domicile. Mais au-delà de la défaite en Béarn, ce sont surtout les nerfs toulonnais qui ont été soumis à rude épreuve. Une bagarre générale, un carton jaune, deux rouges, dont un pour Tana Umaga en personne…

L'action de la controverse s'est déroulée juste avant la mi-temps. Une gigantesque baston d'un autre temps de plus de cinq minutes qui a débuté lorsque Costanzo et Fitzgerald en sont venus aux mains. L'affaire a ensuite dégénéré, Lozada, le deuxième ligne du RCT, étant proprement descendu. Dans ce genre de circonstances, personne n'est tout blanc ou tout noir. Pourtant, les Toulonnais estiment être les victimes dans l'affaire. Pour eux, ils ont été agressés, et ce n'est pas la première fois qu'ils déplorent un tel accueil. Leur accusation porte à la fois sur le comportement de leurs adversaires, et celui de l'arbitre. Chacun voudrait se "payer" du Toulonnais en Pro D2.

Si l'arbitre a été effectivement dépassé par les évènements, attribuant un carton jaune à Gregan pour une incompréhension linguistique (l'Australien adressant un "fuck me" à lui-même) et un rouge à tort à Taumoepeau (au lieu de Kefu), Tana Umaga, lui, a bien insulté l'arbitre. "Il m'a insulté. La première fois, j'ai cru que ce n'était pas pour moi. Comme il a remis ça j'ai compris", témoigne Bruno Gaudefrin. Jamais, dans sa longue carrière, l'ancien trois-quarts centre des All Blacks n'avait ainsi été expulsé.

Boudjellal: "Je ne suis pas parano, mais..."

L'expulsion du manager néo-zélandais du RCT est finalement assez révélatrice d'une équipe au bord de la crise de nerfs. Mourad Boudjellal, furieux, n'a pas manqué de s'en prendre à la terre entière à l'issue du match. A commencer par le sifflet du jour. "Je demande à la fédération de nous envoyer des arbitres professionnels, s'emporte le président varois dans les colonnes de Var Matin. Dans les 10 dernières minutes, je suis sur le bord du terrain, les Palois enterrent les ballons. Il y a douze fautes. Même Gilbert Montagné aurait sifflé!", qui s'est déjà plaint à plusieurs reprises de la manière dont son équipe était arbitrée.

Il a eu également quelques mots gentils pour son adversaire du jour. Les Palois, accusés d'avoir tendu un traquenard, en ont pris pour leur grade. Le propos présidentiel est sans concession: "Les Palois ont l'impression qu'ils auront une vie meilleure en nous ayant battu, mais je crois qu'ils se trompent. Quand Toulon ne sera plus en Pro D2, ils n'auront plus de fromage sur leurs pâtes mais juste du beurre, s'ils peuvent se le payer." Mourad Boudjellal n'est pas loin de penser que son club est victime d'une conspiration. "Je me demande ce que Toulon a fait au monde du rugby, s'interroge-t-il. Il y a peut-être des gens qui ne veulent pas qu'on monte. Je ne suis pas parano, mais on peut s'interroger." Pas parano, vraiment?

Attendus de poing ferme

Ce qui est vrai, c'est que Toulon est l'équipe à abattre en Pro D2. Partout où ils passent, parce qu'ils sont les meilleurs, les Rouge et Noir sont attendus de pied, et, parfois, de poing ferme. Leurs adversaires n'ont pas forcément les moyens de rivaliser rugbystiquement. Alors ils utilisent d'autres armes. Toulon, comme le pensent certains, offrirait-il un jeu trop ambitieux qui ne peut s'épanouir dans un contexte trop restrictif? Pour l'heure, le club de la Rade est en Pro D2, pas en Top 14. Il doit donc s'adapter aux circonstances, car le contraire ne se produira pas... Le RCT, vu le talent et le vécu de son effectif, devrait pouvoir être au-dessus de ça. Mais comme il n'est pas totalement dans son assiette en ce moment, il est tombé dans le panneau à Pau. " C'était un match tendu. On avait décidé que s'il y avait ce genre d'incidents, on réagirait à quinze", confie Jean-Bernard Duplantier, l'entraineur de la Section. "Sur les rucks, on prenait toujours des coups de poings", se plaint de son côté un des exclus, Taumoepeau.

L'autre certitude réside dans les limites actuelles du pack toulonnais, loin d'être souverain. Quand leurs avants se font marcher dessus, les Varois deviennent comme tout le monde plus vulnérables. Ils devront absolument serrer la vis dans ce secteur d'ici la fin de la saison s'ils veulent s'éviter une énorme désillusion. A neuf journées du terme, le RCT a encore tout pour réussir, à commencer par un calendrier favorable puisqu'il doit recevoir ses deux dauphins, le Racing et Mont-de-Marsan. Comme le souligne justement Boudjellal, Toulon est pour la première fois de la saison "premier en ayant joué plus de matchs à l'extérieur que chez nous". Dans une semaine, après deux déplacements sur l'Atlantique, Toulon va retrouver son cher Mayol. "Ca va nous faire du bien", souffle le président.

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