La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Notre expert Pierre Villepreux revient cette semaine sur la victoire des All Blacks face à l'Australie. Un succès qui vient couronner la persévérance des Néo-Zélandais dans un système de jeu qui leur est propre.

Ce dernier week end nous nous gratifié dans le sud d'un bon match de rugby. La victoire des all blacks est intéressante car elle est significative de leur volonté, à la fois de dépasser les imperfections de leur prestations précédentes, mais aussi, de ne pas céder à la tentation, suite à leur deux défaites contre les Sud-Africains de changer leur style. Celui-ci est culturellement offensif et entreprenant et aurait du mal à s'ajuster au jeu négatif mais gagnant proposé par l'Afrique du Sud leur dernier adversaire. Pas facile de rester fidèle à des principes de jeu qui dans l'instant sont mis à mal par de mauvais résultats.

Wayne Smith, un des entraîneurs néo zélandais, fervent adepte d'un jeu total me faisait part dans son dernier mail des difficultés du moment de convaincre les joueurs de persévérer dans un jeu ambitieux et de ne pas épouser le jeu à moindre risque des champions du monde. Objectif d'autant plus difficile que la maîtrise du jeu collectif des Blacks n'était pas à la hauteur mais dit il "cela viendra avec le temps". Il fait part dans un deuxième temps des problèmes de conquête et de récupération du ballon sur le jeu au pied de leur adversaire. La chronologie de l'analyse me parait appropriée car il s'agit bien de traiter des problèmes généraux du jeu d'abord afin de faciliter ensuite le traitement des problèmes particuliers. Surtout, dans un premier temps, il est fait bien référence au choix d'un style qu'il ne s'agit pas de défendre car il n'est pas négociable, mais qu'il convient bien de discuter et de partager avec les joueurs. Ce qui veut dire aussi qu'il est vain d'entrer dans des "réformettes" et de faire passer le secondaire devant le principal. C'est souvent le cas quand l'urgence des résultats occulte l'essentiel alors que l'essentiel est devenu urgent.

Si c'est bien les intentions de jeu dans le cadre du jeu collectif qu'il s'agit d'abord de protéger avant de régler les problèmes particuliers, faut-il encore que l'émulation favorable à la mise en œuvre d'un jeu ambitieux et créatif le consente. Certains milieux et certaines cultures permettent davantage ce type d'échanges entre staff et joueurs et elles génèrent forcement une grande effervescence d'idées et des interactions plus grandes y compris avec l'environnement.

Les Néo-Zélandais défendent uns certaine conception du jeu et leur force c'est de savoir s'y tenir même quand cela va mal et que les résultats ne sont pas à la hauteur pour leur donner raison. C'est persévérer dans la réalisation d'une vision du rugby et de son évolution, malgré le doute et quelquefois le découragement. Ce jeu tout terrain, comme ils ont su le réaliser dans des périodes fortes contre les Australiens, demande d'avoir aux postes clé des joueurs talentueux.

Le retour de Daniel Carter n'est pas étranger au bon fonctionnement du système collectif. Sa gestion et conduite du jeu et de ses formes sont déterminantes dans le rendement du collectif et manifestement sa présence et son influence sur le jeu du collectif distillent une confiance qui se répercute sur tous et ce n'est pas par hasard si le demi de mêlée (peu importe celui qui occupe le poste) a paru beaucoup plus libéré et donc plus performant.

Quand les all blacks jouent ce jeu, ils éveillent l'intérêt des techniciens. On cherche où est la différence, on est invité à aller plus loin, à ne pas rester sur des acquis et des habitudes routinières qui limitent l'acquisition d'autres possibilités tactiques.

Je regrette encore plus à ce niveau ,quand deux équipes sont capables de produire du jeu, c'est aussi le cas des Australiens, de voir que ce sont les pénalités qui nourrissent le score et le résultat. Certaines sont méritées d'autres sont vénielles et coûtent pareillement 3 points. Ces dernières mériteraient un coup franc, ce qui entretiendrait une dynamique de jeu bien supérieure. Cette règle avait été proposé par l'IRB. Dommage pour le spectacle et ceux qui veulent le faire.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?