La chronique de Villepreux

Par Rugbyrama
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Dans sa chronique, notre expert Pierre Villepreux revient sur la tournée de l'équipe de France et des Lions britanniques dans l'hémisphère sud et offre un tour d'horizon des derniers tests. De la belle tenue des Bleus face à des All Blacks qui se cherchent en passant par la courte défaite des Lions.

Il ne faudrait pas que la victoire française du premier test contre les Blacks et le bon résultat dans le second avec des conditions de jeu difficiles soient en partie expliqués par la soi disant faiblesse du collectif néo-zélandais. On pourra plus pertinemment se prononcer sur leur présumé déclin à l"issue de la prochaine compétition des "Tri-Nations", celle-ci permettra en tout cas de bien mieux évaluer la performance française. La Nouvelle-Zélande est une petite île qui ne peut se passer d"un grand rugby. Il est un vecteur de communication essentielle pour ce pays. Je n"ai pas le moindre doute que tout sera mis en place pour que cette équipe soit compétitive lors de la prochaine Coupe du monde. Tous les facteurs limitants qui apparaissent aujourd"hui y compris en dehors du jeu seront analysés et des solutions proposées pour que les meilleurs joueurs de cette nation puissent honorer cet événement et glorifier leur pays.

Cette nation saura préserver et en même temps retrouver sur et hors du terrain les vertus et les valeurs essentielles, utiles, pour accéder à une performance optimale. C'est indispensable pour que le jeu des Blacks dégage à nouveau une impression de vitesse, d'audace, de créativité, donc bien sûr, de beauté. Pour que le jeu néo-zélandais se remette à respirer et retrouve une âme collective, que la nation se réconcilie avec ses champions il faut que le spectacle soit à la hauteur, alors peut-être que le Haka reprendra tout son sens. Si j'étais entraîneur des Néo-Zélandais je jouerai beaucoup sur cette symbolique.

Les jeunes Blacks, les moins de 20 ans viennent de gagner le titre mondial, il ne l'avait pas réussi depuis plusieurs saisons. En deux ans le staff technique peut espérer la confirmation de quelques talents. Si l'on accepte que cette compétition, chaque année, ne manque pas de révéler pour les nations qui la gagne des joueurs hors normes, on peut penser que leur arrivée pourra permettre de collaborer à la mise en place d'un nouvel esprit et que les joueurs actuels du moins les incontournables appréhenderont que leur devoir c'est bien de ne pas être livré en spectacle mais bien de le faire.

Quand aux Français, leur performance, en espérant que le dernier test contre les Australiens confirme les satisfactions décelées, doit, je l'ai déjà écrit, servir pour évoluer. Le regret des entraîneurs après le deuxième test de voir le jeu encore une fois manquer d'ambition me paraît légitime.

Quand "quelque chose se passe" comme savent le dire les joueurs quand ils gagnent avec une certaine manière comme lors du premier test, il faut savoir s'en servir et avoir dès le match suivant l'ambition d'aller vers d'autres exigences tactiques et techniques. Il s'agira de les percevoir comme une nécessité et pas comme une contrainte qui éventuellement pourrait sembler être préjudiciable à l'image et la notoriété de chacun.

En ce sens ce troisième test devient celui de tous les dangers. Une mauvaise performance ferait désordre. On connaît la cylindrée du moteur des français, mais on a encore du mal à mesurer le régime de fonctionnement du collectif. Pour cela il devient encore difficile de prédire la performance des tricolores.

Si j'étais l'entraîneur des Lions, je me dirais que j'ai perdu une occasion unique de rentrer dans l'histoire. Quand le choix d'un jeu plus en mouvement a été recherché, les lignes arrières ont traversé presque avec facilité la défense sud-africaine. Mais encore une fois c'est le score qui a guidé le changement de stratégie. Dans ce jeu, la puissance et le refus du jeu en renvoyant systématiquement le ballon au pied dans le camp adverse proposé par les Springboks, il fallait leur accepter de prendre des risques en contre attaques. Vouloir les battre dans le défi physique est une aberration. Les Lions ont des joueurs leaders de jeu capables de poser des problèmes quelque soit l'adversaire, il faut leur donner le ballon.

Quant à la suprématie sud-africaine dans les mauls qui n'ont rien de pénétrants mais qui sont conduit à petits pas, avec le ballon dans la remorque et les pousseurs devant, cela ne manquera pas de faire réfléchir le staff des Lions qui s'était montré particulièrement défavorable lors de la réunion de l'IRB à l'homologation de l'écroulement du maul. Il n'y a plus de nouveau, avec ce retour à la case départ, aucuns moyens, sauf illicitement, pour défendre sur ce genre d'action collective. Le principe d'équité du jeu qui doit viser à donner autant de chances aux antagonistes pour l'appropriation du ballon est une fois encore mis à mal.

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