La chronique de Villepreux

Par Rugbyrama
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A la veille de l'ouverture du Top 14, notre expert Pierre Villepreux revient sur la grande nouveauté du championnat : les règles.

Le prochain coup d"envoi d"une longue et espérons passionnante saison en Top 14 m"amène à hasarder quelques réflexions.

D'abord le problème posé par les nouvelles règles. Leurs interprétations et l'incompréhension qu'elles semblent aujourd'hui susciter à tous les niveaux - entraîneurs - joueurs - arbitres - public - médias - sont certes fondées et somme toute logique. Si elles génèrent incertitude et appréhension, c'est justement parce qu'elles ont été en France et pareillement en Europe sinon découvertes tardivement du moins on ne les a pas suffisamment pris en compte afin d'évaluer leurs conséquences sur le jeu et l'arbitrage. Proposées il y a environ trois ans par l'IRB, le haut niveau ne s'est sensibilisé à ces règles que cette année. La mobilisation des fédérations donc des techniciens et arbitres s'est faite en urgence ce qui explique aussi en partie les ambiguïtés actuelles.

Je ne pense pas que ce soient les règles et leur pertinence on non qui sont en cause mais bien le peu d'intérêt manifesté au plus haut niveau pour les tester, et se les approprier efficacement en fonction du jeu que l'on souhaite pratiquer. Ce n'est pas dans l'urgence que l'on acquiert la confiance utile pour exploiter au mieux les changements. A cela s'est greffé le refus d'adopter les règles dans leur intégralité (13 règles acceptées en Europe mais rejet de la règle plaqueur plaqué qui en cas de ruck permettait la contestation du ballon) J'en ai déjà parlé dans des articles précédents. C'est dommage, mais acceptable à condition que du nord au sud le règlement soit identique. Ce n'est pas le cas puisque dans les Tri Nations on a conservé les sanctions prévus par l'IRB (coups francs en lieu et place des pénalités sauf pour les hors jeu). Ce n'est pas, en Europe, l'IRB (et encore moins la commission qui a planché sur ces changements) comme le pense Richard Dourthe, suite à la réunion technicien arbitre du 20 août dernier à Marcoussis, qui a refusé de jouer avec cette règle mais bien les nations européennes qui s'y sont opposées. Les matchs des Tri Nations ont ainsi créés encore plus de confusion avant le début de notre championnat.

On risque donc de voir encore plus de pénalités sifflées par le corps arbitral ce qui va à l'encontre de l'esprit que souhaitait développer la commission des règles (plus d'incertitude, plus de dynamique, moins de responsabilités pour les arbitres dans la situation de ruck).

Les objections manifestées aujourd'hui par les techniciens français concernant certaines règles ou points de règlement voire négations d'exploitations tactiques sont elles justifiées ? Peut être oui mais tout autant non car l'analyse faite sur les seuls matches amicaux de préparation ne peuvent être significatifs comparé au suivi effectué par l'IRB depuis 3 ans auprès des joueurs, entraîneurs et arbitres réalisé au sud comme au nord - dans des compétitions nationales de très bon niveau. Les évaluations auprès de ce public ont été au fil du temps de plus en plus positives. L'angoisse de départ a fait place à un consensus. Justement parce que le temps accordé a permis aux joueurs coaches et arbitres de trouver leurs marques. Ce qui n'est pas le cas quand on a que trois ou quatre matchs voire moins pour se caler avant la première rencontre. Dans notre système de compétition, il est préférable de gagner. En France, l'évaluation de la pertinence ou non des règles se fait plus par rapport à l'angoisse des résultats que par le réel désir de s'emparer des changements à bras le corps à des fins d'exploitation créative. Je ne dis pas qu'au début de la préparation, l'envie d'évoluer n'était pas présente mais le contexte résultat demandé dès le premier match diminue l'appétence entrevue au départ plus le jour J se rapproche .

Les équipes moins troublées seront logiquement celles qui ont l'habitude de jouer un jeu ambitieux. Elles ne manqueront en utilisant mieux les règles que les autres et forcement d'accentuer l'écart existant.

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