La chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Notre expert Pierre Villepreux revient sur la victoire des Blacks samedi dernier face à l'Australie grâce à un changement de stratégie.

La victoire des All Blacks contre l"Australie était attendue. On sentait bien avant le match que la pression médiatique, qui pesait sur les entraîneurs, allait générer chez les joueurs une grande motivation à même de transcender le collectif noir. Entre parenthèse, les noirs, lors du match précèdent, n"ont pas été aussi humiliés, rugbystiquement parlant, autant que l"on a bien voulu le dire. Le choix d"un jeu à la main soit disant "excessif" pouvait fort bien à Sydney être le jeu gagnant. En y regardant d"un peu plus près, il aurait été nécessaire de travailler sur les prises de décision en particulier dans le jeu de soutien pour transformer les nombreuses percées (surtout celles tranchantes de Carter) pour gagner le match et conforter le staff et les joueurs dans leurs options de jeu.

Mais voila, le jeu gagnant d'Auckland a été celui d'une réaction classique après défaite et elle a été impulsée, on ne peut en douter, par les entraîneurs qui ont, en une semaine, changé le "mode de penser" la stratégie en sortant du "tout à la main" pour le "tout au pied". Ce choix a-t-il été déterminant pour redonner au collectif noir le goût du combat que le jeu à la main, parait-il, leur avait fait perdre.

L'enjeu d'une victoire exigée nécessitait-il de renier des convictions pour un jeu qui avait quand même fait ses preuves ? Demander à Carter et aux autres, de mieux apprécier les moments où le jeu au pied devient indispensable, n'aurait-il pas pu provoquer les alternances pertinentes et ainsi obtenir le résultat escompté.

Mais, quand tout d'un coup, on se met à travailler pendant toute la semaine précèdent le test le jeu au pied, on ne peut être surpris de voir le même joueur refuser d'entreprendre,donc ne pas utiliser les habiletés tactiques - techniques - physiques qui les font reconnaître et ont fait leur réputation pour ne pas dire leur gloire. Muliana le relanceur est l'exemple caractéristique. En le contraignant à taper tout les ballons on en fait un joueur ordinaire et on se passe de ses compétences.

Les motifs de ce changement stratégique dépassent très largement les conceptions de jeu des entraîneurs, mais il faut bien accepter que l'essai final des All blacks inscrit par Nonu reste le plus significatif du jeu Néo Zelandais, ce qui ne veut pas pour autant dire que les trois autres n'ont pas de valeur.

Ceci pour dire qu'il s'agit bien de trouver la juste mesure, celle qui permet à une équipe de conforter son style, y compris dans un contexte contraignant et c'était le cas. Face à l'obligation de victoire, il n'est pas exigé de prendre le contre-pied complet des options précédentes.

Wayne Smith l'entraîneur adjoint, avait pourtant parfaitement analysé dans une interview les contraintes de jeu actuel relativement aux nouvelles règles testées dans les Tri Nations.

En vrac il considère que le jeu a changé.

On est passé d'un jeu "qui utilisait comme base de départ les balles gagnées à partir des phases statiques, celles venant des récupération des coups de pieds de l'adversaire et celles des turn over" à un jeu "qui fait appel pour les joueurs à d'autres compétences puisque les bases de ce nouveau rugby s'appuient beaucoup plus sur l'utilisation du ballon à partir des coups francs et du jeu au pied maintenant plus souvent employé du fait de la contrainte liée à la régle des ballons rentrés dans ses 22 mètres."

La diminution du nombre de balles utilisables surtout à partir des touches et mêlées au profit des balles utilisables à partir des nombreux coups francs accordés a crée une nouvelle dynamique de jeu plus contraignante physiquement. Ce fut dit-il "le problème rencontré par les Blacks à Sydney qui par ce jeu sans cesse en mouvement les a placé en situation de fatigue et de moindre engagement dans le combat mais aussi leur a fait perdre leur lucidité tactique."

Wayne Smith dit "ne pas avoir d'inquiétudes sur la capacité des joueurs de rentrer dans ce type de jeu mais quand on doit jouer un match qui respire le stress et pression il est difficile d'être au top dans ce rugby où l'incertitude est plus grande, c'est pour cela que nous avons recadrer pour ce match le "plan de jeu". Utiliser les nouvelles règles et l'esprit qu'elles sont sensées apporter, obligent à aller vers une formation du joueur différente puisque tout poste confondus, il s'agira d'avoir des profils physiques explosifs capable comme Ali Williams de courir, passer et jouer au pied."

Ce qui est rassurant, vu le choix stratégique fait par les Blacks pour ce match, c'est que les nouvelles règles permettent de jouer le style de jeu que l'on souhaite.

Plus intéressant est maintenant de savoir quel jeu va proposer le staff néo-zélandais pour, à court terme, gagner les Tri Nations et à long terme, la prochaine Coupe du monde. Changer radicalement de style entraîne toujours des conséquences dans la tête des joueurs.

A suivre !!

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?