La chronique de Rodolphe Rolland

Par Rugbyrama
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Rodolphe Rolland a appris dans Midi Olympique la disparition du RC Cannes Mandelieu. Nouvelle bien triste pour cet ancien joueur.

"Monsieur et Mme Truc,Sa famille et ses amis,Ont l'immense douleur de faire part du décès deMonsieur Machin ChoseSurvenu le…et patati, et patata…"

Que ceux des lecteurs qui n'entament pas leur canard par une revue scrupuleuse de la page des avis de décès lèvent la main !

Tiens donc !

Il n'y a pas foule mine de rien.

Singulière manie que celle d'aller fureter dans la nécrologie, de farfouiller parmi les patronymes éteints, histoire de vérifier si, par hasard, quelques noms familiers ne se seraient pas glissés subrepticement parmi les défunts nouveaux.

Curiosité morbide des vivants pour les morts ?
Survitalité d'une commisération oisive qui ne demande qu'à s'employer ?
Décomptes d'apothicaire des relations d'antan égarées parmi les vestiges du jour ?
Ma foi, quelle importance revêt cette pratique insolite en regard de l'absence ?

La disparition, la douleur de ceux qui restent... Terrible pour l'immédiat des intimes ; moindre enfin pour les périphéries amicales, elle perd de son intensité à mesure que l'on s'éloigne de l'épicentre, jusqu'à disparaître tout à fait, à la manière de ces cercles concentriques que la chute d'une pierre dessine à la surface d'une onde calme.

Le RC Cannes Mandelieu n'est plus !

J'ai appris la triste nouvelle dans le Midol du lundi 3 août, par un article signé G.M – Gilles Massé je suppose. La peine qui m'étreint ?

...

J'ai navigué de 1992 à 1998 - fluctuat nec mergitur - dans le cercle des proches, tout près du centre en vérité : joueur de rugby que j'étais alors.

Les amis franco de bord, ceux de la chanson de Brassens, c'étaient Nous les joueurs, tous ou presque débarqués d'ailleurs, estrangers pour ainsi dire, soudés étroitement sous les mêmes couleurs à damiers jaunes et verts, liés un par un dans ces maillots à lacets dont la toile nous démangeait l'épiderme la saison durant et qu'on échangeait avec soulagement lors de la dernière rencontre.

Quelques années déjà que le club survivait bon an mal an selon l'humeur capricieuse de sa trésorerie. Ce fut d'ailleurs l'argument irréfutable de la mairie de Mandelieu pour justifier la résiliation de la convention d'objectifs liant la ville au club de rugby. Il n'en fallait pas plus pour fermer à clé la caisse enregistreuse, définitivement.

Décision politique disent les uns, manquements aux engagements disent les autres.

Mon sentiment paraphrasant Edmond Rostand :

" ... Et mardi, vingt-huit, une heure avant dîné,
Le RC Cannes Mandelieu est mort assassiné "

Champion de France de Fédérale 3 (2007-2008) – ô ironie du sport – le club est lâché par la mairie mandolocienne, puis par celle de Cannes pour finir, en un mécanisme d'une synchronisation diabolique : la première lame tire le poil pour que la seconde équarrisse proprement, travail net et précis, aucun risque qu'il repousse dorénavant.

On a donc coupé les vivres (pas les poils !), privé l'écureuil* de ses noisettes !

Sabordé le RC Cannes Mandelieu, dissout, éparpillé, anéanti à tout jamais : reste plus que la veillée funèbre, quelques photos et des souvenirs !

Mais, Mandelieu, ça peut tout de même pas s'achever ainsi !

Je lance ici un appel solennel à tous les Chevalier, Delamarre, Debarre, Delmiglio, Castel, Darrieumerlou, Morel, Cornu, Rouel, Philippe, Poumeau, Campbell, Manchia, Chapus, Picard, Julia, Gillemot, Buonomo, Blanc, Barthélemy, Ardilouze, Vezzaro, Lauribe, Kobus, Gérard, Marchand, " Foetus ", Mestre, Moureux, Pagès, et tous les autres de mes compagnons que ma mémoire défaillante a momentanément oublié, ainsi que les anonymes désirant se joindre à nous :

"Messieurs, des retrouvailles s'imposent au stade Eric Estivals avant la mise en bière. Pas question d'enterrer notre Club dans l'anonymat d'une fosse commune, tout de même !

Retrouvons-nous, si vous le voulez bien, pour des funérailles appropriées, de ces enterrements en grande pompe – funèbre évidemment ! – avec Marching Band, "De profundis morpionibus" à foison, match de gala, cotillons et soirée dansante, dont les bénéfices iraient aux derniers laissés-pour-compte du rugby way of life.

Retrouvons-nous pour clore définitivement ce chapitre débuté jadis par le président fondateur François Pérez et Louise Moreau, madame le maire d'alors.

Retrouvons-nous pour honorer une dernière fois le RC Cannes Mandelieu, pour faire de cette journée une extraordinaire fête du rugby, comme il était autrefois de coutume, chaque dimanche après-midi."

* Ecureuil : emblème de la ville de Mandelieu

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