La chronique de Henry Broncan

Par Rugbyrama
Publié le Mis à jour
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Henry Broncan, le manager du SUALG, revient sur les deux premières journées de championnat du Pro D2 déjà riches en enseignements.

Dimanche 7 septembre

Le voilà le match si craint et si espéré à la fois. Depuis le matin, les auscitains ont envahi les annexes d'Armandie : les aficionados du toucher avec Elie, Gilles, Jacky sur l'A2 et face à 3 équipes concoctées par les amis fidèles du dimanche matin ; je n'ai pu m'empêcher de porter la tunique gersoise et de gagner... le tournoi : j'ai eu le mauvais (?) goût de compléter les 32 par quelques 47 jeunes et rapides. Tout le monde l'a remarqué mais aucun ne m'a empêché d'accomplir ce mercato illégal : c'était bien la fête du Roi ce jour de Ste Reine. Sur lez 1, les Lions d'Auch avec pourtant leur plus beaux poulets : Gaussens, Soler, Lagaillarde... n'ont pu résister à la fougue des Partenaires du SUA conduits par Gilles Laffitte étincelant. A midi, c'est avec un plaisir non dissimulé mais avec beaucoup d'émotion que j'ai partagé le pain et le vin avec l'association des supporters "Un pour Tous,Tous pour XV". J'en suis toujours le parrain : un soir de défaite à Mont de Marsan, j'avais fustigé vivement les supporters de la Préfecture que je jugeais trop amorphes, trop tendres, pas assez "chauvins". Le samedi suivant, ils avaient étalé une grande banderole dans les tribunes populaires, me prenant - tendrement - à partie.

Aujourd'hui, c'est Monique en personne qui a conduit leur car. Elle a toujours été ma meilleure supportrice sautant de joie quand je riais, se noyant dans les larmes quand j'étais triste. Après mon départ - elle était la seule femme de la soirée de St Christophe - elle n'a jamais manqué un coup de fil d'encouragement avant chaque rencontre. Discours solennel du Président de l'Association, nouvelle intronisation avec le nouveau fanion et chanson de la troupe sur l'air de "Pirouette, cacahouète" :

"Il était un petit homme/Casquette sur la tête/Il était un petit homme/Qui avait une grande passion/Qui avait une grande passion..."

Ça vous arrange parfois de porter des lunettes...

A 15h15, heure TV obligatoire, il n'y aura plus de larmoyettes : Le FCAG sans complexe aborde le SUA. Première mi-temps difficile pour nos protégés : Menkarska et Cabarry jouent de la tête, N'Nomo se joue de Wessels, Bortolussi et Narjissi ne s'épargnent pas. A l'ouverture, l'étonnant Paillaugue, poids plume égaré dans ce monde de gros, surprend par son engagement physique et la longueur de son pied. Une combinaison bien ajustée expédie Ricaud dans l'en-but et les c&oeligurs agenais dans les interrogations.

Mi-temps très calme : Christian et Christophe posent les problèmes et surtout apportent les solutions. Dans le vestiaire d'à côté, se voit-on trop beaux ? Le banc agenais éclate de santé et renverse le cours du jeu ; les visiteurs explosent en fin de match : un peu plus d'audace des copains de Badenhorst et le bonus offensif aurait pu être obtenu. De la joie dans le vestiaire des vainqueurs : le sentiment d'être récompensé des efforts accomplis sous la houlette d'Alex, le berger du Vietnam.

J'ai mis longtemps à me décider à rendre visite aux battus dans leur vestiaire : une équipe déçue prend souvent pour de la provocation le salut du gagnant. Au fait, avais-je gagné ?

Ils sont quelques-uns en tenue d'Adam, incapables de se rhabiller, têtes basses, c&oeligurs perdus, yeux vides. Autour de la table de massage, Jacques, Pierre, Jean-Paul, Christian recousent, pommadent, badigeonnent. Je comprends que la colère du nouvel entraîneur a fait trembler les murs. Un peu plus tard dans la soirée, un ami me lâchera : "Ta visite a été appréciée : après ton passage, ils ont rallumé leurs regards."

Comme ma voisine servait dans une bodega du SUA, on s'est cru obligé de boire quelques bières. On a fini la soirée à quatre. Il faisait bon refaire le monde. 

Mercredi 10 septembre

Grande rentrée de l'Ecole de Rugby du SUA : Educateurs motivés, bambins encore plus, parents aussi inquiets que le premier jour de la Grande Classe :

"- Tiens, il y a untel, il est très gentil.
- Le mien, il est avec Machin : sévère mais compétent.
- Moi je suis contente parce qu'il retrouve son coach de la saison dernière..."
Etc...etc...

Eric, le directeur mis en place, grand ailier des années glorieuses - Au fait, le SUA n'a bien connu que deux mauvaises années, les deux dernières ? - nous a fait une présentation haut niveau de son projet, Powerpoint - quels mots doux - à l'appui :

"Vous faites partie de la Maison Agenaise ; les moins de 7 ans appartiennent à la Maison de l'Affectif ; les moins de 9 à la Maison de la Cohabitation ; les moins de 11 à la Maison des Règles du Jeu ; les moins de 13 à la Maison de la Lecture du Jeu ; les moins de 15 à la Maison du Projet d'Equipe..."

Le SUA est encore plus habité que je ne le pensais... ; la suite est d'une veine sensiblement égale : "Moins de 7 : Protection ; moins de 9 : Libération ; moins de 11 : Conservation ; moins de 13 : Exploitation ; moins de 15 : Projection..." Vite, il va falloir que je repasse mon Premier cycle Educateur si je veux rester le Directeur Rugby du SUA... Mais, dans tous ces moins, que sont devenus les mini poussins, les poussins, les benjamins et les minimes de mes premiers pas d'entraîneur au Lombez-Samatan Club ?

Cet après-midi, le soleil brille sur Le Pistre, les annexes 1, 2, 3, et sur une cent cinquantaine de têtes plus ou moins blondes. Seul désagrément, les moustiques se sont invités à l'entraînement : Dans ce pays, la nuit, ce sont les mannes ; le jour, ce sont les moustiques et comme ces derniers m'adorent, je ne suis pas tout seul. Christophe Deylaud me rejoint, bohème aux pieds nus, entraîneur à la Rimbaud, passionné, fou de rebonds, fou de "paramètres bondissants". Aujourd'hui, nous sommes dans les tests... Comme les Pros !

Test de plaquaques, d'aptitudes aux rucks et à la percussion, de ramassage, de roulades au sol, d'explosivité... Je me sens dépassé, décalé, ringard tout simplement... C'est une belle maman, toute bronzée par ses vacances à Capbreton qui me rend le moral. D'abord, parce qu'elle a tout ce qu'il faut dans sa tenue légère, ensuite, parce qu'elle nous lâche avec un sourire à faire oublier tous les moustiques d'Armandie, à notre passage : "Je croyais que votre sport, c'était un jeu..." Nous la rassurons et nous nous rassurons : "Les ballons vont voler bientôt."

Samedi 13 septembre

La Section paloise chante sous la pluie ; l'équipe en devenir la saison passée, avec les renforts de Tomuli, Hough et Guicherd, a pris du corps. Sa mêlée, surtout en seconde mi-temps, triture la notre. Aucun ballon d'attaque pour Dupuy puis Carabignac, du caviar pour Rouet puis Descons et comme la pluie multiplie ce genre d'affrontement, la victoire file des mains et surtout des pieds agenais. Une pensée pour Jacques Fouroux et son "no scrum, no win".

A 20 heures, je suis heureux de retrouver face à face, trois de mes piliers dans le match Biarritz-Brive : Benoit Bourrust, Fabien Barcella côté basque, Pascal Idieder côté Corrèze. La veille, Franck Montanella, le plus doué de mes anciens élèves n'a fait qu'une courte apparition, en pilier droit il est vrai, dans Mayol en désordre... Les Trois Mousquetaires !

Dimanche 14 septembre

La Rochelle fait souffrir Pierre Berbizier et le Racing dans un Colombes encore trop vide. Il s'agit là d'une confrontation entre les deux grands favoris de la PRO D2. Chez les Parisiens, Jérôme Fillol fait oublier le pâle Pichot de l'an dernier et Andrew Mehrtens frappe toujours aussi loin. Beaucoup plus de collectif chez les Maritimes qui ont pourtant changé presque tout leur pack du week-end précédent. L'ex-auscitain Benjamin Dambielle retrouve des couleurs égarées au CAB, l'ex-lislois Florian Ninard n'a jamais perdu les siennes et Serge Milhas a toujours du sang, heureusement car son vis-à-vis Simon Mannix nous a fait craindre que le match se déroulait en Nouvelle-Zélande : il faut vraiment que je me mette à l'anglais si je veux comprendre le rugby moderne !

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