La chronique de Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Suite de la chronique d'Henry Broncan, manager du SU Agen, qui évoque l'élimination de son club en demi-finale de Pro D2.

Samedi 23 mai

En route pour Périgueux où se déroulent les finales du "Championnat" Périgord-Agenais des moins de quinze ans. Route superbe par le chemin des écoliers : Escapades sur Eymet et Issigeac, c'est-à-dire une remontée du temps depuis la bastide, ville nouvelle du XIIIème siècle, à la cité médiévale construite peu à peu autour de son monastère à partir du VIème siècle. Quelle est belle, la Dordogne ! La cathédrale St-Front en point d'orgue…

Arrêt café au bar de l'Ovalie, à proximité du Stade Francis-Rongieras et rencontre –ce n'est pas inattendu – de trois férus : passage au crible du C.A.P.D d'hier et d'aujourd'hui avec une longue digression sur l'échec – un tout petit point – du quart de finale aller retour face à Aix en Provence. On remettra le couvert la saison prochaine en Fédérale I et on se console en se disant que la Pro D2 n'était peut-être pas suffisamment accessible dans l'état où se trouve actuellement le club. Contre notre table, un immense tableau d'une équipe des années 80 : Henri Cazaubon et Robert Antonin, coachs élégants et sans cheveux blancs !

Les installations sportives des bords de l'Isle sont dignes de la division supérieure : terrain principal haut niveau, longue tribune d'honneur, belle piste d'athlétisme où s'ébattent d'ailleurs de jeunes adeptes, deux terrains d'entraînement adjacents de qualité, le tout dégageant l'impression d'être entretenu minutieusement.

Trois équipes représentent le Lot-et-Garonne : Le SUA bien sûr, Nérac toujours conduit par mon ami de Moncaut et du dimanche matin, et bien sûr Villefranche du Queyran, le club cher à Garin, club toujours présent dans les rassemblements de jeunes, dans le trio de tête du CD47 alors qu'on cherche en vain des noms plus huppés. Côté Dordogne, ils sont ( : le CAP, normal, Le Bugue et Riberac pensionnaires de Fédérale I Sarlat maintenant en Fédérale 3 et le surprenant Montignac dont l'équipe 1 vient d'être sacrée championne du P.A sur Armandie, le dimanche 10 mai. Dans chaque formation, deux à trois éléments -semble t-il- au potentiel supérieur. C'est le SUA qui dispose de l'ensemble le plus complet. Eric et Didier ont fait du bon travail et le titre régional les récompense mais en finale les minimes du Bugue que j'avais appréciés lors du tournoi de Ste-Livrade leur donnent bien du mal par leur engagement quasi "gersois".

Retour un peu long mais Sud Radio et la retransmission de la demi finale Albi-La Rochelle occupe délicieusement le temps. J'aime bien les retransmissions radiophoniques parce qu'elles sont d'abord l'occasion de renouer avec l'enfance, Georges Briquet, Loys Van Lee et les après-midi du Tournoi des V Nations où nos maîtres nous permettaient d'écouter, en classe, les matches de l'Equipe de France. Ensuite, c'est si agréable, au seul son de la voix des speakers, d'imaginer les évolutions des joueurs sur le terrain : la liberté d'échapper à la dictature de l'image !

Suspense garanti avec prolongations obligatoires et la pénalité qui l'emporte sur le drop alors que Sébastien Boboul que j'aime bien loupe la victoire à la sirène : pas d'essais, et 30 points de coups de pied ; la D2 dans toute son âpreté…que j'aime bien !

Dimanche 24 mai

Pour la première fois –c'est peut-être ça la fin d'un entraîneur – c'est au repas d'avant match que je représente le SUA : blazer, chemise –il ne manque que la cravate : jusqu'à quand ? – Réception par l'U.S.Marmande qui, après avoir organisé notre finale Espoirs, est chargée de la finale Crabos précédée de celle des Balandrade ? l'occasion de se retrouver, autour d'une table succulente, auprès d'un dirigeant de l'ex U.S Baïgorry devenue Nafarroa après l'entente avec Garazi. Les récits de mon voisins sont délicieux : les évocations des piliers Aristoy et Bidondo, du fameux bar du Fronton que les équipes devaient traverser pour gagner les vestiaires, des derbies justement contre les ennemis devenus amis, de l'autre côté de l'Irouleguy ; beaucoup de rires, parfois de la tristesse car le club fut, lui aussi, marqué, quelques anecdotes sur l'attachement de certains membres à l'ETA, les oraisons du curé rugbyphile, l'importance de la religion, l'engagement de l'ami Jojo Duzan…Je n'ai pas vu le temps passer ni le Président arriver ! Car Pierre Camou est bien là, venu supporter les jeunes d'un club dans lequel il fut longtemps joueur puis entraîneur puis Président avant de devenir le responsable du Comité Cote Basque Landes et maintenant le patron de la Fédération Française de Rugby. Un long cheminement qui lui a permis d'appréhender tous les problèmes de notre sport et que la plupart des dirigeants de la Ligue ignorent car –puissance financière comme passeport – trop vite aux leviers de commande. De notre entretien, je ressens son attachement aux petits clubs souvent les plus formateurs et sa volonté de mettre en avant des jeunes français trop souvent confinés sur les bancs de touche par l'excessive immigration.

Le lever de rideau entre l'U.S Nafaroa et le Limoges Rugby Club correspond à ses convictions profondes car nous assistons à une rencontre de qualité, les deux formations se livrant sans retenue, dans un rugby plein d'ambition. Les Basques plus dynamiques au niveau du pack – un pilier gauche et un seconde ligne droit en figures de proue – l'emportent sur des limougeauds bons en attaque mais oublieux en défense. Fierté pour le Président de remettre le bouclier aux siens et petite émotion de mon côté, de retrouver, parmi la liste des champions, le nom du Lombez Samatan Club, en 1993. Bien sûr, je n'avais pas oublié ce titre acquis au détriment de l'U.S Argeles conduite par Thomas et Mathieu Lièvremont sur le terrain de Villefranche de Lauragais. Pour la petite histoire, la sortie de l'arbitre M. Bakus (Pyrénées), pris à partie par les supporters catalans, avait été particulièrement houleuse.

En attendant le début de la finale Crabos, les textos me tiennent au courant de l'évolution du match à Armandie. Comme prévu, l'U.S Oyonnax ne s'en laisse pas compter et mène au score 6-0 puis 12-6. A la mi-temps, mon ami des Landes, supporter du SUA, m'expédie : 'Ce sont bien les descendants des maquisards de l'Ain ! ' Et juste avant notre coup de sifflet d'engagement, la nouvelle de la défaite tombe.

Nos jeunes contre l'Autan souffrent d'abord : l'ouvreur montois Claverie, sanctionne immanquablement nos fautes et le score est landais à la pause 12-6 mais, de notre côté, derrière une mêlée conquérante, on sent que nos internationaux juniors – 5 dans les lignes arrières ! – vont faire la différence. C'est le cas : après les citrons, 3 essais sont inscrits et Alexis Bales peut lever le Bouclier. Mon voisin Henri Cazaubon, l'historien du SUA après en avoir été un excellent joueur puis un non moins excellent entraîneur, me glisse: ' Depuis 1969, nous n'avions pas acquis un titre majeur en juniors ! '

Dans la nuit, le doute me taraude et j'en suis presque à crier ' Euréka ' : En 1991, les Crabos B du LSC ont été battus en finale sur le stade de Moissac, par leurs homologues du SUA conduits par Cordazzo au capitanat, Bouché à l'ouverture, Milani devenu un très bon arbitre au centre. Sur leur banc, Grégory Sudre, encore cadet, et dont la rentrée nous fit très mal. Ce n'était qu'un titre Crabos B, peut-être pas un titre majeur mais quand même !

Lundi 25 mai

Agen se réveille avec un terrible mal au crâne. Longtemps, tard dans la nuit, l'USO, coachs en tête, a fait la fête dans les bars d'Armandie. Pour la première fois de l'histoire de la D2, le deuxième est battu chez lui par le cinquième : excès de confiance ? Peur de l'évènement ? Chaque spécialiste – à Agen, les spécialistes es rugby sont encore plus nombreux qu'ailleurs et encore plus ' spécialistes ' surtout – se fend de son explication. Sur mon petit écran, les images défilent : percée de Dupuy, Vaka et Caucau oubliés ; pénétration de Fonua et Badenhorst galvaudé ; ballon échappé des bras de Monribot dans l'en but…Et si, et si…, et si !!! Faut-il en oublier la solidité de la mêlée oyonnaxienne royale dans la dernière demie heure, la rigueur de leur défense sur notre vedette fidjienne, le rayonnement de Tian parfait dans toutes ses interventions, la rage de cette équipe si tôt vouée au pilori et si bien soutenue par ses 200 supporters trop souvent un ton au-dessus des 13000 agenais : La meilleure attaque du championnat a bel et bien été battue par la meilleure défense !

Au final des deux demi-finales, 63 points marqués, 63 points de coups de pied ! Le SUA ne va pas se décourager ; c'est pas le genre ni de la maison bleue ni d'un club de rugby en général. L'année prochaine, Alain, Christian, Christophe…vont relever le défi de la 1ère place.

Dimanche, question défi, les gars d'Urios contre les gars de Béchu : combien d'essais ?

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