La Pro Rugby USA, la future NBA du rugby ?

Avec la NBA (basket), la NFL (football US), la MLB (baseball) ou la NHL (hockey) la voie est toute tracée outre-Atlantique. Comme le soccer il y a quelques années (MLS), Pro Rugby (pour Professional Rugby Organisation) a créé la première compétition de rugby professionnelle aux USA. Et elle débute ce dimanche ! Si le PDG de cet équivalent de la LNR est Douglas Schoninger, Steve Lewis en est le directeur général.

Ce dernier est réaliste: Notre but est de s’inscrire sur la durée, avec authenticité. Derrière les grands sports américains et le soccer, devenir le 5e ou 6e sport du pays dans les 10-15 ans parait réaliste. La NBA est de loin le sport le plus markété au monde. Si nous convainquons une petite partie de leur marché de nous suivre, nous aurons réussi.

Dès ce 17 avril et jusqu’à fin juillet, 5 équipes (Denver, Ohio, Sacramento, San Diego et San Francisco) vont donc disputer 12 matches chacune (6 à domicile et 6 à l’extérieur) avant une finale entre les deux premiers du classement pour le titre. Ce concept de ligue fermée peut paraître modeste mais il est soutenu par la fédération américaine et World Rugby.

Comme l’induit le slogan de Pro Rugby, les valeurs rugby collent à la sauce américaine: intégrité, passion, respect et travail collectif. Nous souhaitons disposer de bons joueurs sur et en dehors du terrain, ajoute Steve Lewis. De bons rugbymen et de bons citoyens. Dans l’Amérique de l’image, il faut coller au modèle. Il n’est pas non plus question de faire de l’ombre aux plus de 700 équipes amateurs et universitaires existantes mais les pistes pour l’avenir de ce néo monde pro existent déjà. Alors que des franchises canadiennes doivent être accueillies en 2017, selon Steve Lewis, 8 à 10 équipes au total, ce serait la limite. New York y sera à coup sûr mais il y a de nombreux marchés potentiels aux Etats-Unis et au Canada.

Bientôt des internationaux français

Mais pour faire une grande compétition, il faut de grands joueurs. Avec des squads de 30 éléments par équipe sous contrats fédéraux de quatre mois, c’est Pro Rugby qui prend à sa charge des salaires communiqués entre 22 000 et 35 000 euros sur l’ensemble de l’épreuve. 5 joueurs étrangers maximum seront acceptés par franchise. Et en attendant que des internationaux français répondent bientôt à ce pari, des stars mondiales (Mils Muliaina ou Kurt Morath) ou du Top 14 (Mirco Bergamasco, Takudzwa Ngwenya, Pedrie Wannenburg ou Orene Ai’i) vont participer.

Déjà actif en France et au Royaume-Uni, l’agent sportif Damien Dussault a déjà ouvert un bureau aux USA avec son associé Pierre-Olivier Carles sur place. Pour chaque joueur de premier plan avec qui nous discutons, la motivation numéro un n’est pas le salaire. Vivre une expérience de quelques temps aux Etats-Unis est un vrai moteur, avec de l’enthousiasme. Le calendrier du Top 14 ne permettait pas d'envisager leur arrivée dès cette saison mais certains pourraient signer pour 2017. La ligue nous a indiqué les profils recherchés (joueurs expérimentés capables d'apporter une plus-value en terme d'image et d'expérience) et nous travaillons dessus, qu’ils soient européens ou de l’hémisphère Sud.

Aux US, la concurrence des autres sports est telle qu’il n’y a que près de 110 000 licenciés au rugby. Pro Rugby annonce vouloir promouvoir la jeunesse dans cette Ligue quand le potentiel humain est incroyable parmi la troisième nation la plus peuplée au monde qui pourrait aussi recycler certains recalés du football américain.

Changer la donne mondiale ?

Avec une sélection à XV qui a participé à 7 des 8 Coupes du monde et une équipe de Seven dans le top 5 mondial, c’est au rugby des clubs de développer dorénavant son nouveau modèle économique pour ensuite mieux servir le sommet de la pyramide. Possible Damien Dussault ? Il existe une communauté rugby aux USA très petite mais extrêmement passionnée. C’est un sport pratiqué depuis des années dans les grandes universités. Avec l’apport du spectaculaire rugby à VII, le XV progresse en notoriété et son image est excellente. Il y a donc un vrai potentiel dans ce pays même si on part de loin niveau infrastructures. Les 3 prochaines années seront décisives et surtout les résultats des Eagles au Mondial 2019. Les Etats-Unis ont tout pour devenir une grande nation de rugby.

Alors que la Chine pourrait aussi prochainement émerger, les "States" sont-ils en mesure de devenir une nouvelle force mondiale susceptible de rééquilibrer la planète ovale, voire concurrencer l’Europe ou l’Hémisphère Sud ? Ce pays est le premier marché mondial de sport professionnel explique Damien Dussault. Si le rugby s’y révèle et que son exposition augmente, les niveaux de rémunération seront très vite similaires à ceux qui existent en Europe ou au Japon, même en restant un sport mineur. L’arrivée de joueurs et d’entraineurs expérimentés peut aussi très vite tirer ce jeune championnat vers le haut. Les premières saisons vont être décisives.

Dimanche à 14 heures, heure locale, entre deux burgers et trois cocas, la fusée américaine va décoller sur les bords du Colorado. A moins que ce ne soit qu’un pétard mouillé. Réponse dans un peu plus de 3 mois.