Gare aux Saracens

La vitalité du rugby anglais des clubs laisse pantois. Au printemps dernier, la finale de la Coupe d'Europe opposait les Wasps à Leicester. Les premiers joueront leur tête au Munster (on a fait plus simple) et le second est d'ores et déjà éliminé. Pourtant, la Premiership sera probablement le championnat le plus représenté en quarts de finale. pas moins de trois clubs anglais pourraient même avoir la chance de jouer à domicile pour une place dans le dernier carré. Il s'agit de Gloucester, des London Irish, et des Saracens. Des noms pas forcément glamour, qui ne ronflent pas, mais qui témoignent de l'homogénéité de l'élite anglaise.

De cet étonnant trio, les Saracens forment peut-être l'élément le plus séduisant. Même pas cité parmi les outsiders de la compétition fin octobre, le club de Watford impressionne, au point de devenir un candidat crédible à la couronne continentale. La manière dont les Sarries, en pleine confiance actuellement, ont atomisé Biarritz samedi, en faisant voler en éclats une des défenses les plus hermétiques d'Europe, laisse pantois. Jacques Delmas n'en est toujours pas revenu. "Je suis vraiment impressionné par leur capacité à gagner les duels, à lier vitesse et explosivité. Je ne sais pas comment ils travaillent mais ça porte ses fruits... ", a lâché le technicien biarrot, entre admiration et écoeurement.

"Il se passe quelque chose"

C'est vrai, les Saracens ont de l'allure. Et sur ce qu'on a vu lors de ces cinq premières journées, pas énormément de failles. C'est à la fois solide et rapide, à l'image de la monstrueuse deuxième ligne, composée de Chris Jack et Hugh Vyvyan, qui a tout simplement martyrisé le BO samedi. A eux deux, ils forment peut-être la meilleure deuxième ligne de la H Cup. Le All Black, fidèle à lui-même, apporte dans tous les secteurs du jeu. Mais c'est surtout Vyvyan (auteur de deux essais) qui a sidéré par son omniprésence dans le combat. A 23 ans, l'ancien joueur de Newcastle est promis à nu bel avenir.

La victoire face à Biarritz, par son ampleur, a aussi permis de faire taire quelques sceptiques. Même les bons résultats du début de saison n'avaient pas convaincu tout le monde. Outre-Manche, les Saracens ont d'ailleurs été critiqués dernièrement pour le manque d'amplitude de leur jeu. Difficile à croire au vu du match de samedi... Alan Gaffney, l'entraineur des Sarries, s'en est donc donné à coeur joie après la raclée basque: "C'est vrai que nous n'avions pas bien joué ces deux dernières semaines. Mais les critiques n'étaient pas justifiées car notre potentiel est intact. Biarritz, ce n'est pas n'importe qui. Regardez leur effectif. On loue toujours leur défense, alors leur mettre cinq essais, c'est très satisfaisant."

Pour la troupe de Gaffney, ce match face au BO constituait ni plus ni moins que la rencontre la plus importante de l'histoire en Coupe d'Europe. A moins d'une catastrophe à Glasgow que rien n'annonce par ailleurs, les Saracens termineront en tête de la poule 4. Pour la première fois, ils devraient donc être au rendez-vous des quarts de finale. Un quart qu'ils ont même de bonnes chances de jouer à domicile. "Il se passe quelque chose dans cette équipe ", conclut le centre Andy Farrell. Les Biarrots peuvent confirmer...