Goze : "Si on continue comme ça, il n’y aura plus personne dans les écoles de rugby"
Provale, l’union des joueurs de rugby professionnels, tenait son Assemblée Générale lundi, à Orly (Val-de-Marne). Comme chaque année, la problématique des commotions cérébrales a été au cœur du débat. Mais, après les paroles, tous les acteurs attendent désormais des actes forts.
Les Assemblées Générales de Provale se suivent mais le constat est toujours aussi alarmant. Où s’arrêtera le massacre ? Organisée ce lundi à l’hôtel Hilton de Paris Orly, l’AG de l’union des joueurs de rugby professionnels a une nouvelle fois mis l’accent sur l’intégrité physique des acteurs de ce sport d’affrontement où les collisions n’en finissent plus de détruire. Une problématique largement relayée par les médias ces dernières années. "Ce n’est plus la peine de se lamenter, il faut maintenant faire des propositions pour qu’elles entraînent des décisions, a insisté le président de la Ligue Nationale de Rugby Paul Goze. L’heure est de passer aux actes et non plus aux discussions stériles. Stop ! Si on continue comme ça, il n’y aura plus personnes dans les écoles de rugby. Tout ce que nous pourrons faire, nous le ferons".
Tout, vraiment ? Pour l’heure, comme le rappelle Midi Olympique dans son édition de lundi, la FFR et la LNR ont les pires difficultés à trouver un accord pour mettre en place le protocole commotion validé par World Rugby. Chaque camp se renvoyant la faute pour la formation requise des médecins du Top 14 et de Pro D2. "Bien qu’il y ait des intérêts divergents, il faut pacifier les cœurs, confie Robins Tchale-Watchou, président de Provale. On a besoin de parler de fond. Si on parle autant des commotions ou des blessures qui augmentent dans le rugby, c’est parce que les instances ont mis du temps à vouloir en parler, à se saisir du sujet. Mais on peut en parler de façon dépassionnée, en dédramatisant la chose. On a fait notre série de faits divers, notre série Dallas. Maintenant, il faut des choses concrètes".
Est-ce que je jouerais encore au rugby dans dix ans ?
Dans l’assistance, une centaine des joueurs et joueuses – dont Guilhem Guirado, Safi N’Diaye ou bien encore Romane Ménager - suivent ce débat dans le plus grand silence. La question est grave et les inquiétudes se multiplient à l’image de Julien Candelon, ancien joueur de l’Usap (2007-2012), ou du deuxième-ligne clermontois Arthur Iturria (23 ans) qui participait à sa première assemblée générale. "Sur certaines questions, les choses avancent, sur d’autres, ça stagne un peu. Ça reste que du papier pour le moment, regrette l’international français (1 sél.). Mais il faut aussi que le joueur ne joue pas avec sa santé. Je suis bien placé pour en parler (il s’est fait opérer de l’épaule en juin dernier avec une indisponibilité de 4 à 6 mois, ndlr). Il faut être honnête. Est-ce que je jouerais encore au rugby dans dix ans ? Je pense que les carrières vont être de plus en plus courtes".
"Pour l’être humain, il faut se dire que ce sport, on peut le pratiquer différemment. On est trop allé dans le défi physique"
Alors que le grenelle de la santé organisé le 5 septembre, sans la présence de la FFR, rendra ses propositions prochainement, les solutions à très courts termes semblent malgré tout vaines. "C’est un constat pertinent, reconnaît Robins Tchale-Watchou qui a mis un terme à sa carrière en juin. Mais ce n’est pas une fatalité. On s’est peut-être trompé en allant dans la mauvaise voie. Il faut faire différemment. On ne va pas subir la chose".
En attendant, les chocs pourraient s’avérer encore plus intenses et traumatisants dans un futur proche. "Oui, c’est vrai même si je ne vous aurais pas donné cette réponse il y a trois ans, poursuit Tchale-Watchou. Mais quand je vois dans quel état physique je suis... Je vais me faire mettre une prothèse à l’épaule, j’ai fait onze commotions cérébrales. Quand je vois les jeunes beaucoup plus véloces et rapides que moi, on se demande ce que ça va donner. Pour l’être humain, il faut se dire que ce sport, on peut le pratiquer différemment. On est trop allé dans le défi physique, dans l’affrontement. Il faut une autre approche de ce jeu avec un peu plus d’intelligence et de cœur. Si un accident grave intervient, ça va noircir l’image de notre sport. Il faut faire quelque chose, là, ici, maintenant. On a déjà mis trop de temps à en parler".
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