Face aux accusations de dopage, Charvet, Mesnel et Champ montent au front

  • Denis Charvet, Franck Mesnel et Eric Champ montent au front
    Denis Charvet, Franck Mesnel et Eric Champ montent au front
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Après les déclarations du Dr Jacques Mombet -ancien médecin du XV de France- sur le dopage dans le rugby, plusieurs anciens internationaux ont réagi.

"Fou de rage", "blessé", "vexé". Voilà certains des qualificatifs utilisés par d'anciens internationaux ces dernières heures en réaction aux plusieurs extraits du livre de Pierre Ballester, "Rugby à charges. L'enquête choc" (Editions de La Martinière), publiés chez nos confrères de L'Express mardi. Le Dr Jacques Mombet, médecin du XV de France, y confiait notamment à propos du dopage dans le rugby : C’était généralisé, je l’ai vu en équipe de France, ils avaient chacun leur pilule devant leur assiette lors du repas d’avant match. La victoire des Bleus sur la Nouvelle-Zélande en 1986 (16-3) était également prise en exemple.

Mesnel: "Je n'ai jamais vu la couleur de ces médicaments"

De quoi faire réagir plusieurs joueurs présents à cette époque-là. Dans le Figaro, Pascal Ondarts (58 ans), pilier biarrot aux 42 sélections s'emporte : Je suis fou de rage. C'est minable. Je n'ai jamais vu ce personnage dans un vestiaire du XV de France et pas plus dans une salle où nous mangions. C'était surtout un compagnon de pêche de l'ancien président de la Fédération française de rugby, Albert Ferrasse ! […] Mais où a-t-il vu des pastilles sur les tables des restaurants ? Je n'ai jamais vu cela. Quand on avait un problème, c'était aspirine tout le temps et pour tous les maux [...] Les gars étaient pères de famille et avaient des situations. Vous pensez vraiment qu'ils allaient prendre le risque d'avaler des amphétamines pour se bousiller la santé ? Pour courir plus vite ou pousser plus fort ? Allons, ce n'est pas sérieux !

Franck Mesnel (53 ans, 56 sélections) abonde dans le même sens sur cette "Bataille de Nantes", lui qui se dit "blessé, et même vexé": La seule chose que j'ai prise ce jour-là furent des baffes dans la figure de Jacques Fouroux. J'ai vu des hommes en larmes dans les vestiaires en arrivant à Nantes et un sélectionneur aux yeux bleus transcender ses joueurs. Mais de là à dire qu'on a pris des super excitants pour leur marcher dessus… Je n'ai jamais vu la couleur de ces médicaments lors des déjeuners. Il nous est arrivé de prendre des vitamines mais nous faisions partie d'une génération qui n'était pas informée sur ces sujets.

Charvet: "Le dopage vient de l’argent et à notre époque il n’y en avait pas"

Et de continuer son propos : Jean-Pierre Garuet, Daniel Dubroca étaient des hommes de la terre, avec une force et une musculation naturelle liées à leur métier. Qu'il y ait eu des gars un peu fragiles qui ont pris des amphétamines ou du Captagon, j'en ai entendu parler, mais relativisons un peu. On ne parle pas de pot belge ou de dopage organisé. À l'époque, j'avais presque 30 ans, j'étais un garçon mature, pas le genre à prendre une pilule sans qu'on lui dise ce que c'était.

Titulaire au centre face aux All Blacks en 1986, le centre Denis Charvet est tout aussi catégorique sur l'existence de ces fameuses pilules dans Le Parisien : Je n’en ai pas vu et je n’en ai même pas entendu parler. A l’époque, le seul truc que l’on prenait, c’était du Guronsan, et encore, on en prenait pour se rassurer mais on n’en avait pas besoin. Sur ce match de 1986, ce qui a fait notre force, c’est notre peur. [...] Le dopage vient de l’argent et à notre époque il n’y en avait pas. Il y avait juste du rêve. Si nous nous étions dopés, nous serions devenus champions du monde. Mais nous ne l’avons jamais été ! [...] Je suis choqué. C’est honteux. Je ne sais pas quel est le but. Si c’est pour vendre le livre et garder l’argent, c’est moche. Je suis écoeuré. Nous sommes dans une société qui rend les gens fous. Trente ans après, on ressort des choses du placard, sans preuve, et on salit tout. Pourquoi ça sort maintenant ?

Champ: "Je certifie qu’il n’y avait aucun système de dopage établi"

Le Varois Eric Champ (52 ans, 42 sélections), lui, se pose la question de la légitimité de ce témoignage dans La Provence : Il était détaché aux sélections de jeunes et pas complètement auprès du XV de France. Dès lors, je ne comprends pas pourquoi il intervient dans ce livre au titre de médecin en chef de l'équipe de France. En tout cas, je certifie qu’il n’y avait aucun système de dopage établi tel que c’est décrit dans ce bouquin. Je trouve donc vraiment dommageable, malhonnête et médiocre d’insinuer de telles choses. En fait, je me demande si le journaliste (Pierre Ballester) et le docteur Mombet n’étaient pas sous influence de la drogue quand ils ont collaboré pour ce livre !

Mercredi, le troisième ligne centre néo-zélandais, Wayne Shelford (57 ans, 22 sélections), gravement blessé lors de ce test-match de 1986, avait également rajoué de l'huile sur le feu en déclarant à Radio New Zealand : Quand je suis sorti du tunnel et que je les ai vus, j'ai regardé les yeux des joueurs et leurs yeux ne disaient pas qu'ils allaient disputer un match contre les All Blacks. Leurs yeux disaient qu'ils avaient pris quelque chose et je ne pouvais pas le prouver. Eric Champ lui répond : Je me souviens que les Blacks avaient mal digéré cette défaite. La rencontre avait également été tendue et nos adversaires s’étaient plaints. Battus, ils pensaient réellement que nous étions drogués.

L'article du Parisien
L'article du Figaro
L'article de La Provence

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