Les maîtres du monde

Par Rugbyrama
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L'Afrique du Sud a décroché sa deuxième Coupe du monde au Stade de France, en dominant l'Angleterre (15-6), au terme d'une finale féroce mais sans réelle saveur. Les Springboks, portés par la botte de Percy Montgomery, ont toujours effectué la course en t

Coupe du monde de toutes les surprises, cette édition 2007 a finalement débouché sur une issue logique. Favorite de la finale, l'Afrique du Sud a su se faire respecter face une équipe d'Angleterre toujours aussi courageuse, toujours aussi solide, mais qui a donc touché ses limites, in extremis. Battu malgré le soutien d'un public extraordinaire, le XV de la Rose rend le titre acquis voilà quatre ans. Les Springboks, eux, s'offrent une deuxième couronne mondiale, rejoignant ainsi l'Australie dans la hiérarchie. L'équipe de Jake White n'est certes pas la plus flamboyante de l'histoire du jeu, mais son absence de faiblesses en fait un champion exemplaire.

A ce titre, l'acte final de ce Mondial ressemble à son champion: intense mais dépourvu de cette étincelle, de cette émotion, de cette pointe de magie susceptible de la rendre inoubliable. Difficile de dire que cette finale restera dans les annales, si ce n'est par la férocité de son combat. Pour le reste, les épicuriens du jeu repasseront. Les Boks ressemblent plus à des experts comptables qu'à des poètes mais ils s'en moquent et ils ont bien raison. Auteurs du match dont ils avaient besoin, les Sud-Africains ont su pousser les Anglais à la faute quand il le fallait. La botte de Percy Montgomery, toujours aussi précise, suffit à leur bonheur. Le futur arrière de Perpignan, véritable métronome, leur a permis d'effectuer d'un bout à l'autre la course en tête.

Cueto, le fol espoir...

Incontestable, la supériorité sud-africaine a pourtant tardé à se matérialiser de manière définitive au tableau d'affichage. Nous étions loin, très loin du 36-0 du 14 septembre dernier, dans ce même Stade de France. L'Angleterre avait, comme prévu, beaucoup plus de répondant. Paradoxalement, en dépit de sa défaite, elle a d'ailleurs produit davantage de jeu que lors de ses deux victoires face à la France et l'Australie. Mais la muraille sud-africaine avait quelque chose d'inexorable. Elle s'est pourtant fissurée en début de seconde période, sur une action qui fera longtemps jaser de l'autre côté de la Manche. Suite à une percée "robinsonienne" de Tait, les joueurs de Sa Majesté croyaient avoir inscrit le premier essai du match par Mark Cueto, qui avait aplati en coin. Stuart Dickinson, l'arbitre vidéo, en décida autrement, estimant que l'ailier anglais était passé en touche. Sur ce coup-là, les Boks s'en tiraient à très bon compte.

Avec cet essai, l'Angleterre alors menée 9-3, aurait pu prendre le pouvoir avec la transformation. Qui sait si le cours de l'histoire ne s'en serait pas trouvé changé? On ne le saura jamais, mais le tenant du titre n'a plus jamais été en mesure, par la suite, de forcer son destin, en dépit d'une domination territoriale assez nette lors de la seconde période. Mais les Springboks ne s'en offusquèrent pas. Au contraire. Maîtres gestionnaires, ils ont défendu sans vraiment trembler, après que l'inévitable Mongtomery leur ait permis de se mettre à l'abri d'un essai transformé à l'heure de jeu (15-6).

Alors, les Anglais avaient beau se démener et essayer tant qu'ils pouvaient, ils n'avaient plus les moyens de leurs ambitions. Leurs assauts prenaient une allure vaine et désespérée. Leurs leaders, à l'image d'un Jonny Wilkinson éteint, n'ont jamais pesé suffisamment sur les débats. Il en aurait fallu tellement plus pour déstabiliser ces Boks là, avares de jeu mais pas de maîtrise. Les grincheux trouveront peut-être à redire, soulignant qu'en deux finales victorieuses (1995 et 2007), l'Afrique du Sud n'a pas inscrit un seul essai. C'est vrai, mais seule la victoire est belle. Froidement, les Boks sont venus rappeler que gagner n'est pas la chose la plus importante dans le rugby professionnel. C'est la seule chose importante...

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