Les compères

Ne les appelez pas les trois Mousquetaires. Au mieux, ils trouveront ça gentiment ridicule. Au pire, ils s'en agaceront. " Ce sont des trucs de journalistes, ça, lance Vincent Clerc. Mousquetaires... Nous sommes simplement trois joueurs du XV de France. Mais on est vraiment heureux de jouer ensemble, ça oui." Comme face à la Namibie, les trois... compères du Stade Toulousain, Clément Poitrenaud, Vincent Clerc et Cédric Heymans, seront alignés ensemble contre l'Irlande, vendredi soir. L'attraction arrière toulousaine a repris le pouvoir chez les Bleus, alors que seul Heymans était titulaire face à l'Argentine, à l'arrière, voilà deux semaines.

Pour tout dire, Bernard Laporte, qui n'a pas voulu dissocier le trio, a surpris en ne relançant pas Aurélien Rougerie pour ce match capital. Le Clermontois peut l'avoir mauvaise. Face aux Pumas, il fut le seul joueur des lignes arrières à tenir son rang et à avancer. "Je comprends qu'Aurélien puisse être déçu , concède Poitrenaud. Il n'a rien à se reprocher. Mais le staff fait des choix, c'est comme ça. Franchement, c'était un peu chiant d'être en concurrence avec Cédric pour le premier match, même si ça fait partie du jeu... Pour nous, c'est vraiment sympa de jouer tous les trois ensemble. Ça simplifie certaines choses."

Engueulades ou pas?

Entre ces trois-là, comme pour Michalak et Elissalde, la complicité n'est effectivement pas un vain mot. Et pour se trouver sur le terrain, ils agissent presque à l'instinct. "Nous n'avons pas besoin de codes, explique Heymans , ce que confirme Poitrenaud. Des mots suffisent, poursuit l'ailier. Par exemple, sur les réceptions, celui qui reçoit le ballon doit se concentrer uniquement là-dessus. Les deux autres ensuite lui disent ce qu'il peut faire, comme 'attends', 'garde', 'large', 'au pied', 'renvoi chez eux', 'tu n'as pas le temps'... il faut tout faire pour que celui qui réceptionne se focalise uniquement sur le ballon ."

En revanche, les avis divergent quant aux "engueulades". "On n'arrête pas de se gueuler dessus à Toulouse pendant les matchs , rigole Heymans. Faudrait un jour que l'on nous mette des micros car c'est assez incroyable." "Non, on ne s'engueule pas ! " dément Poitrenaud. Vincent Clerc va donc trancher. "Je n'appelle pas ça des engueulades, juge ce dernier. Mais on n'a pas peur de se dire les choses quand c'est nécessaire. C'est l'avantage de bien se connaitre. Il n'y a pas d'embrouille possible. "

Plutôt convaincant face à la Namibie, le trident stadiste passera évidemment un test autrement plus probant vendredi soir. A quitte ou double. En cas de défaite, le Mondial sera terminé. Pour eux comme pour les autres. Mais un succès lancerait pour de bon la compétition pour les Bleus, et le XV de départ aurait alors de bonnes chances d'être reconduit. Le trio aussi. "Peut-être, mais ces spéculations ne m'intéressent pas, assure Poitrenaud. On ne joue pas à trois, on joue à 15. A 30 pardon ! Mais bien sûr, je crois qu'aucun de nous trois ne se plaindrait si on jouait à nouveau ensemble les prochains matchs..."