Le retour du grand blond

"Rémy Martin, c'est l'homme de la situation." En une phrase, Bernard Laporte a résumé les longues heures de conservation qui ont été nécessaires pour constituer la troisième ligne tricolore. Le principal intéressé ne devait pas s'y attendre. Absent lors du Tournoi des 6 Nations à cause d'une inflammation du péricarde. Une maladie qui a éloigné le flanker parisien pendant deux longs mois. Une absence qui a miné le moral de celui qui a fait de la Coupe du monde son projet de vie depuis plus de deux ans.

"Je n'avais plus été titulaire en équipe de France depuis le mois de novembre lors du dernier test match contre l'Argentine, souffle Rémy Martin. Je n'étais même pas certain de figurer dans la liste des trente." Le voilà titulaire pour le match d'ouverture du mondial : "Je suis vraiment heureux. Pour moi, débuter la compétition était très important. C'est magique mais je ne regarde pas le passé même si je me dis que j'en ai fait des kilomètres et des sacrifices. Maintenant, je veux tout faire pour montrer au sélectionneur qu'il ne s'est pas trompé."

Attitude zen

Encore vendredi dernier, sa présence sur la pelouse du Stade de France était incertaine. Lors de l'entraînement en opposition, Rémy Martin était en chasuble bleue alors que Serge Betsen, Imanol Harinordoquy et Thierry Dusautoir évoluait en jaune. "Je n'avais pas le bon maillot mais tant que l'équipe n'est pas donnée, tout peut arriver. J'attendais donc la composition avec impatience." Pour tuer le temps, il a passé son week-end à pêcher dans l'étang de Marcoussis. Lundi matin, malgré son bonheur, il affichait la même attitude zen. Il s'est contenté d'un coup de téléphone rapide à sa femme pour lui annoncer la nouvelle. Quelques secondes de satisfaction personnelle avant de se replonger dans l'aventure collective.

A quelques heures d'affronter les Pumas, ces hommes venus de la Pampa à la vaillance inépuisable, Bernard Laporte a vu en Rémy Martin le combattant qu'il fallait pour lutter et contrer notamment les Argentins sur leurs points forts : les rucks, les mauls et les pick and go. "Tout le monde parle des prestations défensives de Serge Betsen lors des matchs de préparation. Il a réalisé 46 plaquages en deux matchs et Rémy en a fait 42. Ils sont très proches" , notait le sélectionneur à l'heure des explications. Ses qualités défensives, son sens du sacrifice ont donc fait pencher la balance en sa faveur. Il espère confirmer vendredi : "Ce sera dur. Les Argentins n'ont pas dû changer leur jeu du tout au tout depuis la saison dernière. A nous de casser et de stopper leur jeu de devant." Rémy Martin en ferait presque une affaire personnelle. Il n'a pas oublié que ses Pumas l'avaient contraint à quitter la pelouse après trente minutes de jeu la saison dernière. Le grand blond avait dû abandonner à cause d'une fracture au pouce gauche. Il tient sa revanche et ne veut pas la laisser passer.