Chasse, mêlée, promotion d'Honneur : Que deviens-tu Denis Avril ?

C'était l'époque où les agents ne pesaient pas dans le monde du rugby. En 1996, les recrutements se faisaient autrement : Soit le joueur avait impressionné en direct soit il avait été fortement recommandé. A cette époque, Denis Avril était à Niort, en groupe B. Mais le destin avait placé son club dans la bonne poule : Celle de Tours alors dirigé par Robert Bernos, ancien entraîneur du BO époque 92…

Peu après avoir croisé la route de Bernos, Avril alors employé municipal à la ville de Niort avait reçu un appel : Pascal Ondarts, figure du BO lui faisait une proposition. Challenge accepté. C'était il y a 21 ans et Denis Avril n'est plus jamais parti : Douze saisons au BO – trois Brennus, une sélection en équipe de France – trois saisons et demi à l'Aviron bayonnais avant de raccrocher soudainement en janvier 2012 pour devenir entraîneur des avants du club. Il le restera 18 mois jusqu'à la fin de son engagement en juin 2013…

Et la fin de contrat s'apparentera à une fin de carrière dans le monde du rugby professionnel. C'est que Denis Avril n'a plus entraîné depuis, à l'exception d'une pige d'un mois en janvier 2015 au SUA à l'invitation de Mathieu Blin… Le rôle, il l'aime comme cet art de la mêlée. C'est simplement qu'il a le sentiment de ne plus avoir sa place dans ce jeu. "A quoi, ça sert les mêlées, provoque t-il ? C'est devenu complètement différent. Pour nous ça faisait partie du jeu. On faisait davantage d'efforts dans ce secteur que les joueurs actuellement. Là c'est basé sur le jeu. C'est un combat plus physique que technique..." Si Denis Avril ne s'est pas accroché, c'est aussi qu'il avait d'autres projets. Passionné de chasse, il a ouvert après avoir réussi un examen à Paris, une boutique d'armurerie. Propriétaire de son commerce, l'aventure a duré trois ans et demi jusqu'au mois de juin dernier quand il a choisi de fermer boutique pour rejoindre un autre commerce spécialisé à Urrugne. "J'ai moins de responsabilités sur les épaules", sourit-il. A ce niveau là du moins.

Parce qu'en même temps, il a pris la décision de revenir à la rentrée 2017 près des terrains : Entraîneur de Bidart en Honneur/Promotion d'Honneur. "Mon fils, en dernière année junior jouait troisième ligne là-bas avant qu'il ne rejoigne Peyrehorade. Ils m'ont chambré, j'ai fini par y aller", rembobine Denis qui mine de rien, s'est repris au jeu au rythme de deux entraînements par semaine. "Je me sens bien dans ce monde amateur entouré de petits jeunes. Humainement c'est sympa. Bon, parfois c'est aussi un peu délicat à vivre la gestion des hommes entre ceux qui ne viennent pas à l'entraînement, ceux qui travaillent, ceux qui partent en week-end". Mais ce qui l'agace vraiment, c'est de ne pas pouvoir enseigner l'art de la mêlée. "On travaille les positions mais c'est tout puisque le règlement limite la poussée à 1,5m…. C'est frustrant parce qu'on ne peut pas former des joueurs pour les niveaux supérieurs… C'est comme ça : alors je me concentre surtout sur le jeu..."

Denis Avril est revenu près des terrains amateurs mais il reste rare de le retrouver dans les tribunes de Bayonne ou de Biarritz. "Je travaille le samedi. Il ne me reste donc que le dimanche." Et il a des projets pour ces jours-là quand son équipe ne joue pas : "Je pars à la chasse. Je suis passionné de gros gibier. Je peux aller jusque dans le Gers, les Landes, le Lot-et-Garonne." Et parfois en très bonne compagnie avec Cédric Heymans ou William Servat… Denis Avril a beau avoir tourné la page, les belles histoires de rugby doivent, plus que jamais, l'accompagner dans ces moments là. Que deviens-tu ? "Un homme heureux, il faut bien."