Suta : "Je n'avais jamais imaginé vivre cela"

  • Jocelino Suta (Toulon)
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Publié le Mis à jour
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CHAMPIONS CUP - C'est le taulier du RCT. Au club depuis 2008, Jocelino Suta est le plus ancien de l'effectif toulonnais. Écouté et respecté par ses coéquipiers, il ne manque cependant pas une occasion de chambrer ses partenaires. Après une réunion organisée par Mike Ford avec ses cadres, le deuxième ligne de 34 ans s'est posé pour évoquer son aventure toulonnaise. Entretien.

Vous sortez d'une réunion avec Mike Ford. Comment s'est-elle déroulée ?

Jocelino SUTA : Depuis que Mike est là, on a ces réunions. C'était important de voir les leaders, de faire passer les messages au reste du groupe par leur intermédiaire. On parle un peu de tout : de la vie de groupe mais aussi du plan de jeu afin de voir ce qui fonctionne bien et ce que l'on doit améliorer. Ça nous permet de faire partie du projet et d'être mobilisés. On est responsables aussi. C'est un changement par rapport à ce que l'on a pu connaître, on est aussi peut-être plus à l'écoute.

Les autres joueurs insistent souvent sur votre rôle au sein du groupe. Comment vivez-vous ce statut de leader ?

J.S : Il y a du respect de la part des nouveaux joueurs car quand ils arrivent, ils savent que je suis là depuis un moment. Après, j'aime bien blaguer. Je suis le plus ancien mais je suis comme un gamin de douze ans. J'essaie de mettre une bonne ambiance dans le vestiaire et de chambrer tout le monde ! J'ai toujours un bon contact avec tout le monde, les étrangers ou les Français. Même quand les joueurs partent, je reste en contact avec eux.

Quand le collectif fonctionne, les cas personnels passent après

Depuis la prise de fonction du duo Ford - Dal Maso, vous retrouvez de temps de jeu...

J.S : Ça fait toujours du bien de retrouver le terrain. Je n'avais pas joué depuis un moment, mais depuis que Mike et Marc sont en place, ils me font confiance. Après, sur le terrain ça se passe bien, tout comme dans la tête... on va essayer de continuer comme ça !

Quelle était la raison de votre mise à l'écart par Diego Dominguez ?

J.S : C'était un peu compliqué, Diego ne parlait pas trop non plus. Mais je me suis blessé au premier match, au deuxième je n'ai pas joué. Après il y avait de la pression. Je comprends son choix. Avec cette pression, il ne faisait pas trop tourner. A côté, je travaillais aussi pour l'équipe et le fait de ne pas jouer m'a permis de me reposer. Je relativise beaucoup, c'est important d'avoir le bon état d'esprit pour l'équipe. Quand le collectif fonctionne, les cas personnels passent après.

En tant qu'ancien, avez-vous tenu un rôle particulier au sein du vestiaire durant ce début de saison agité ?

J.S : Je m'entends très bien avec tout le monde, le courant passe bien. J'essaie d'apporter à mes jeunes coéquipiers qui m'appellent "l'ancêtre" ou "le vieux" (rires). Durant cette période, je n'étais pas le seul, beaucoup de joueurs ont su calmer les choses. Après, c'est comme ça. Quand on est à Toulon, comme on dit : tout est différent. J'ai connu pas mal de turbulences depuis que je suis ici, là c'était pas mal. On essaie de concentrer sur notre objectif, c'est le plus important.

Jocelino Suta (Toulon)
Jocelino Suta (Toulon)

L'équipe semble de plus en plus à l'aise dans ce que demande Mike Ford. Le percevez-vous de la même façon ?

J.S : On arrive petit à petit à mettre en place ce que l'on souhaite. Il y a toujours de petites choses à corriger. On a encore une marge de progression et c'est très bien pour les prochains matches. Quand on regarde les vidéos, on voit qu'on aurait pu marquer plus d'essais, ça se joue sur la dernière passe, il y a un problème de placement... C'est du travail sur le timing des courses et notamment des avants. On nous demande beaucoup de mobilité, mais c'est aussi ça le haut niveau. On est là pour ça. On n'est pas seulement des mecs qui obéissent à un schéma dirigé. On a aussi notre mot à dire. Si on n'est pas content, on le fait savoir et Mike est aussi à l'écoute. On a beaucoup de joueurs d'expérience, c'est bien que ça fonctionne comme cela.

Cette année, vous avez retrouvé Marc Dal Maso qui était en poste lorsque vous étiez à Mont-de-Marsan. Quelle relation entretenez-vous ?

J.S : Marc m'a fait confiance lorsque nous étions à Mont-de-Marsan. Il a pris de l'expérience, moi aussi. On bosse bien. Aujourd'hui, il a pris de l'âge et du recul mais il était raide à Mont-de-Marsan (rires). On a vécu deux belles saisons ensemble là-bas. Ensuite, j'ai signé à Toulon et lui a continué là-bas. On s'est un peu perdu, j'ai suivi de loin ce qu'il faisait, mais je suis content de le retrouver ici. Marc est très minutieux, il veut que tout soit précis. A nous d'être à l'écoute mais il y a aussi un échange. On aimerait être encore plus performants sur les ballons portés, il n'y a rien de compliqué dans ce qu'il dit, juste de mettre l'accent sur les détails, notamment de placement. On est plutôt bien devant, ça prouve que le travail à l’entraînement paie. Tout fonctionne bien, la touche a été bonne contre Bordeaux et les Scarlets. Mais tout ça c'est un travail d'équipe.

Mourad Boudjellal, c'est l'icône de Toulon

A l'issue de la saison, il vous restera une année de contrat. Vous êtes arrivé en 2008, faire dix ans à Toulon est-il un objectif ?

J.S : Je me suis mis ça dans la tête, ce serait formidable. Il me reste un an, après je ne sais pas ce qu'il peut se passer. Si tout va bien, que je garde la forme, on pourra peut-être continuer mais pour l'instant je suis sur ces dix ans. Si j'arrête, je ferai une fête avec les copains.

Retrospectivement, quel regard portez-vous sur votre carrière ?

J.S : C'est énorme tout ce que j'ai vécu. Je n'avais jamais imaginé vivre cela, côtoyer de tels joueurs et gagner des titres. C'est une belle histoire. Parfois, je me pose avec ma femme et elle me dit "t'imagines ce que tu as fait ? Ce n'était pas ce que tu voulais faire au début". Je suis venu pour essayer de faire quelque chose sans jamais imaginer un jour porter le maillot de l'équipe de France ou jouer à Toulon. C'est exceptionnel. J'ai connu les bonnes personnes qui m'ont donné ma chance.

Jocelino Suta (Toulon)
Jocelino Suta (Toulon)

En tant qu'ancien de la maison, avez-vous une relation particulière avec Mourad Boudjellal ?

J.S : On a une relation joueur-président. Quand on se voit, on est plus à l'aise pour discuter, je suis le plus ancien maintenant. Au final, je suis là depuis qu'il est en place. Ça m'a fait bizarre d'ailleurs quand j'ai entendu qu'il allait partir... Après je ne sais pas, il n'est pas parti encore ! Mais c'est lui qui m'a fait venir. A l'époque, j'avais signé dans les vieux bureaux aux Editions Soleil. C'est l’icône de Toulon, c'est lui qui a remonté le club, même si nous on y est aussi pour quelque chose ! Mais je ne pense pas qu'il partira, c'est juste pour faire parler de Toulon (rires) !

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